Jean Marie Atangana Mebara une nouvelle fois interpelé
Pendant combien de
temps Jean-Marie Atangana Mebara interpelé le 1er août 2008 et écroué à la
prison centrale de Yaoundé Kodengui restera-t-il encore en détention provisoire
? « Il peut rester dans cet état de détention provisoire jusqu’en 2011. Car,
cela veut dire que le juge d’instruction peut sortir de son tiroir un nouveau
chef d’inculpation à tout moment et la détention provisoire est prolongée pour
six mois encore», se plaignait encore mardi dernier l’un des avocats de l’ancien
secrétaire général de la présidence de la République (Sgpr) poursuivi pour
détournements des deniers publics dans l’affaire Albatros. Il est mis en cause
dans l'achat controversé d'un avion présidentiel défaillant et coûteux.
Les avocats de Jean-Marie Atangana Mebara venaient de créer un incident au
bureau du juge d’instruction Pascal Magnanguemabé. Ils ont claqué sa porte,
estimant qu’il s’agit là d’une «atteinte aux droits de la défense. Notre client
a été piégé. Cette inculpation aurait pu être initiée à l’origine. C’est la
goutte d’eau qui déborde le vase. C’est la preuve que ce procès n’est pas
équitable», laissait entendre l’un de ses avocats, Me Claude Assira que nous
reconnaissons parmi ses confrères. En effet, en fin septembre dernier, le juge
d’instruction signifie à l’ancien Sgpr un sixième chef d’inculpation. Il s’agit
de l’utilisation des fonds destinés à d’autres fins. Sommes estimées à 5
millions de dollars américains, 2,5 milliards Fcfa à l’époque des faits. Argent
destiné à l’achat de l’Albatros. Il est accusé d’avoir distrait cet argent avec
la complicité de l’ancien ambassadeur du Cameroun à Washington, Jérôme Mendouga.
Après l’incident de mardi, les avocats de la défense reviennent jeudi au bureau
du juge d’instruction. Cette fois, pour déposer une requête en annulation.
Objectif, requérir que ce dernier régularise un acte «que nous jugeons illégal,
malencontreux et contraire aux droits de la défense», confie Me Claude Assira,
qui avait déjà reçu mardi dernier, avec ses confrères, le renvoi de l’audience
pour cette semaine, sans que le jour ne soit précisé. Raison pour laquelle leur
client ne fait pas le déplacement du palais de justice de Yaoundé centre
administratif.
Les cinq chefs d'accusation avaient déjà été retenus contre Jean-Marie Atangana
Mebara. Parmi lesquels un qui concernait la somme de 29 millions de dollars
américains, environ 15 milliards Fcfa, versée en août 2001 à Gia International
pour l'acquisition en faveur de l'Etat du Cameroun d'un aéronef neuf de marque
Boeing Business Jet de deuxième génération (Bbj-2). L'ancien ministre d'Etat est
accusé, d'une part, d'avoir fait rompre le "contrat" liant la Camair, qui menait
l'opération pour le compte de l'Etat, et la société Gia International, le
partenaire de la Camair ; et, d'autre part, d'avoir essayé de recouvrer la somme
mise en jeu, "à des fins inavouées", par le truchement d’Assett Portfolio
Management (Apm).
Le second chef d'accusation porte sur une somme de 4 milliards Fcfa appartenant
à l'Etat. Il est ici reproché à l'ancien secrétaire général de la Présidence et
à "d'autres individus non encore identifiés" d'avoir essayé d'accaparer
frauduleusement ladite somme en enjoignant la Société nationale des
Hydrocarbures (Snh) de la transférer à la «Standard Chartered Bank Cameroun de
New-York en remboursement des créances de Ansett sur la Camair». La troisième
affaire met en cause, une nouvelle fois, Jean Marie Atangana Mebara, Patrick
Marie Otele Essomba et "d'autres individus" et porte sur 1,5 milliard Fcfa.
Cette fois, les prévenus sont accusés d'avoir "obtenu frauduleusement" cette
somme virée par la Snh dans le compte de la société Apm. Il est indiqué
qu'aucune trace de ce montant n'apparaît dans les livres comptables de la
Camair, alors que son déblocage devait servir à payer des loyers de la Camair à
Ansett.
Source : Mutations
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