Rémy Zé Méka, ministre de la Défense, s'explique sur Bakassi
Le ministre délégué à la présidence en charge de la Défense (Mindef) s’est bien marré face à la réaction des députés qu’il invitait à se rendre dans la presqu’île pour vivre les difficultés de la réalité du terrain. Face aux murmures qui se sont élevés de la salle et à certains parlementaires qui n’adhéraient pas à cette idée, Rémy Ze Meka a tenu à leur faire savoir qu’il allait être lui-même de l’expédition.
Interpellé par l’honorable Muyali Boya épouse Meboka, élue du département du Ndian sur les mesures qu’entendaient prendre le gouvernement pour établir sa souveraineté sur la presqu’île après le 14 août prochain en application des dispositions de l’accord de Greentree, le Mindef a d’abord tenu à dire que " la menace dans la péninsule de Bakassi n’est plus celle que nous avons connu pendant une dizaine d’années ". Ainsi, à la place de l’ennemi conventionnel qu’était l’armée nigériane, le Cameroun fait désormais face selon lui " à l’émergence de nouveaux phénomènes " qui se caractérisent notamment par " la pêche illicite, le trafic de drogue, la piraterie maritime, l’immigration clandestine, les prises d’otages dans le Golfe de Guinée, les attaques à mains armées… ".
Il ajoute à cela, le fait que les populations civiles, qui pour la plupart ne sont pas camerounaises, " sont impliquées dans les actes d’agression qui y ont eu lieu la dernière fois ". Des événements face auxquels le Cameroun, à en croire le Mindef, ne peut pas faire grand-chose. "L’action de nos forces dans la presqu’île est pour l’instant limitée par les contraintes juridiques liées à l’Accord de Greentree ", les forces armées camerounaises dans la région ayant pour consignes " d’éviter tout comportement ou action qui pourrait mettre en cause le processus en cours…".
Nettoyage
S’il a réaffirmé que des menaces réelles, qui sont le fait de " bandes lourdement armées fuyant la pression de l’armée nigériane ", pèsent sur la presqu’île, Rémy Ze Meka s’est néanmoins voulu rassurant. " En plus de l’Opération delta qui a la responsabilité de la sécurité de Bakassi, des unités de gendarmerie récemment créées dans la zone sont déjà opérationnelles ". S’il n’est pas rentré dans les détails des différentes opérations à entreprendre par le Cameroun pour affirmer sa souveraineté sur ce territoire, le ministre de la Défense à indiqué en ce qui concerne cette zone : "Nous pouvons la nettoyer, la purger conformément aux règles du droit international ".
Des actions pour lesquelles a affirmé Rémy Ze Meka, des moyens financiers énormes sont dégagés par le chef de l’Etat, Paul Biya. S’il a reconnu que la paix à Bakassi ne se fera pas sur un coup de baguette magique et que celle-ci n’est peut être pas pour demain, le Mindef a tout de même tenu à faire savoir que " Ni les pertes en vies humaines déjà enregistrées…, ni le développement de nouvelles menaces n’empêcheront notre armée et la gendarmerie nationale de continuer à accomplir leurs missions consistant essentiellement à matérialiser la souveraineté de notre pays et à protéger les personnes et les biens… ". C’est le 14 août prochain, conformément à certaines dispositions de l’Accord de Greentree entre le Cameroun et le Nigeria sous les auspices de l’Onu, que notre pays exercera l’entière souveraineté sur la presqu’île de Bakassi.
Source: Quotidien Mutations
|