Les prisionniers se seraient soulevés à Bamenda, non pour s'évader, mais pour réclamer d'être jugés dans les plus brefs délais.
Leur prudence était justifiée par le fait que la veille, certains détenus ont engagé une forte mutinerie pour se faire entendre.
A écouter John Asong Fouzon, le régisseur, " il s'agit d'une action orchestrée par un groupe de 9 détenus bien surveillés, qui se trouvent ici après avoir commis des braquages à main armées. Ils sont là depuis un peu plus de 2 ans pour certains ". D'autres sources proches des détenus laissent entendre que cet acte de revendication a été engagé par tous les détenus qui sont incarcérés depuis des années dans l'attente d'un jugement. Nos sources s'accordent sur le fait que les prisonniers se sont soulevés en pleine journée. " C'est ainsi qu'ils ont d'abord brisé et incendié les portes en bois. En se servant des principales portes en fer et de tout ce qu'ils trouvaient comme tam-tams, les détenus ont entonné des chansons dans lesquelles il était question de revendiquer le respect, et leur jugement ".
Les négociations pour un retour à la normale ont été entamées lorsque les prisonniers vont séquestrer dans les toilettes du quartier D, deux femmes. Une gardienne de prison, et une religieuse qui se trouvait en ces lieux pour prêcher la bonne nouvelle. Dès l'arrivée du commissaire du gouvernement que les détenus ont sollicité comme intermédiaire, le représentant des détenus en colère a clairement fait comprendre qu'ils sollicitent d'être jugés et fixés sur leur sort dans un bref délai. Certaines sources ont fait comprendre au reporter du Jour que la mutinerie a commencé lorsque, suite à une instruction venue de Yaoundé, une annonce mentionnait le fait que deux des membres d'un présumé gang de braqueurs avaient été choisis isolément pour comparaître devant le tribunal militaire ce mois. Les autres n'auraient pas cautionné cette habituelle manie, qui consiste à choisir un nombre de personnes parmi plusieurs accusés pour le même fait, et à les juger en toute hâte, tandis que les autres demeurent en prison, sans savoir quand ils pourront enfin être appelés à comparaître devant le juge. Leur colère a été très vite comprise par ceux qui subissent le même sort. Comme pour confirmer cette difficulté, c'est Grey Tazon, un ancien détenu qui s'est reconverti en moto taximan, qui s'écrie : " Je vous assure qu'il ne s'agit pas comme le clament certains, d'une tentative d'évasion. Si les détenus n'étaient pas conscients, je peux vous jurer qu'ils allaient réussir à s'évader tous les jours comme dernièrement (le dimanche 26 octobre 2008-ndlr). Ce n'est pas difficile. Tous les murs de la prison à l'intérieur sont rudimentaires, et ce sont les bambous de Chine qui servent de barrière externe à cette prison. Il faut que les décideurs évacuent les cas incertains, pour que chacun, en restant en prison, sache son sort avec certitude ". Le commissaire du gouvernement, intervenu en sapeur-pompier, a promis aux détenus qu'en mi-février, tous ceux qui ont déjà effectué plus d'un an seront appelés à comparaître devant le juge.
Source: Le Jour Quotidien
|
