L’anxiété transparaît sur les visages de près de 100 personnes, ayant élu domicile dans un petit jardin, en face du bâtiment abritant la Légion de gendarmerie de l’Ouest à Bafoussam. Des hommes et des femmes qui attendent, mardi dernier, de donner à manger aux membres de leur famille, interpellés la semaine dernière, après la crise sociale qui a secoué la ville de Bafoussam, et même la province de l’Ouest. Les chefs d’accusation portent sur le vandalisme, les manifestations illégales, la destruction des biens etc.
Les uns sont couchés à même le sol. Les autres, quant à eux, se battent comme de petits diables pour faire passer le message : " Je veux seulement lui donner un peu de nourriture ", réagit une dame dont l’époux a été arrêté jeudi dernier au quartier Tougang-ville à Bafoussam. " Il allait s’approvisionner au marché, quand des hommes en tenue l’ont pris ", révèle la même dame. Les uns et les autres sont plus ou moins compris. " Il n’est pas question de nous dire quoi que ce soit. Présentez-vous et goûtez le mets que vous avez apporté ", tranche un gendarme en faction. Il s’agit des forces mixtes, constituées de militaires et de gendarmes qui s’assurent de la régularité des actions. Le temps a passé. Puis, une vague de parents sort de là. Une autre y entre, en montrant patte blanche. Trois dames y sont admises. Elles transportent quelques assiettes, lesquelles contiennent des menus divers.
Escrocs
" Je veux voir mon mari. Il est ici", ajoute une dame, convaincue que son époux n’a rien fait pour être dans ce milieu. Les différentes entrées à la Légion sont filtrées. On n’y accède pas n’importe comment. Dans cette ambiance, des éclats de voix sont plus ou moins perceptibles. On fait comme on peut.
Selon des sources dignes de foi, les présumés casseurs ont été transférés à la Légion de gendarmerie de Bafoussam, le lundi 3 mars 2008 : " Nous avons envoyé 213 personnes à la gendarmerie, dont 203 arrêtées à Bafoussam. Les autres viennent des départements de la Menoua, du Haut-Nkam et des Hauts-Plateaux", précise une source policière. En fait, la Légion de gendarmerie de l’Ouest a aménagé deux salles pour accueillir les présumés. Les appréhensions, liées aux conditions de garde-à-vue, sont diversement appréciées : " Mon gars m’a dit qu’on l’a torturé le premier jour de son arrestation.
Il se plaint d’avoir été sauvagement tabassé par des éléments du Bataillon des troupes aéroportées (Btap) de Koutaba ". Le contraire de F.C., qui pense que les conditions de garde-à-vue sont bonnes : " Je viens de rencontrer mon frère aîné. Il m’a dit que tout se passe bien depuis son transfert à la gendarmerie ", déclare un homme, la quarantaine dépassée. De l’extérieur de ladite légion, on aperçoit une mobilisation de gendarmes. Ces derniers sont constitués essentiellement d’officiers de police judiciaires, devant auditionner les prévenus : " Après les auditions de ces gens, nous enverrons nos procès-verbaux au procureur de la République près les tribunaux de Bafoussam ", précise un gendarme.
En attendant que le parquet de Bafoussam soit formellement saisi et tranche par rapport aux différents cas, des escrocs se sont constitués pour arnaquer des familles affectées. C’est ainsi que certains d’entre eux collectent de l’argent, 50 ou 100.000 Fcfa, à l’insu des autorités de gendarmerie, en promettant de faire libérer un éventuel présumé.
Source: Quotidien Mutations
|