Auto-écoles : un défi à relever pour satisfaire les conducteurs de moto-taxi
(11/01/2009)
Pour respecter le décret du premier ministre, environs 222 permis de conduire doivent être délivrés chaque jour à Yaoundé pendant 6 mois
Par Rédaction Bonaberi.com (Anne Mireille Nzouankeu)
A l’auto-école L… située au quartier Mvog-mbi, les clients ne se bousculent pas. Les deux personnes présentes à notre arrivée sont venues s’informer des modalités de formation en conduite automobile. L’employé de service déclare que depuis le début du mois de janvier, aucun moto-taximan n’est encore venu solliciter une formation.
Malgré l’absence de statistiques précises, on sait que la ville de Douala compte environ 40.000 motos-taxis, celle de Yaoundé presqu’autant et qu’il y a des villes comme Ngaoundéré dans lesquelles la moto-taxi est le seul mode de transport en commun. Le décret du Premier Ministre datant de janvier 2009 et fixant les conditions de fonctionnement et d’exploitation des motos à titre onéreux tombe à point nommé puisqu’il tentera de mettre de l’ordre dans ce secteur d’activité. Parmi les multiples aspects à régulariser dans un délai de 6 mois, on dénombre la détention d’un permis de conduire de la catégorie A et d’un certificat de capacité.
A la question de savoir combien coûte une formation en conduite moto, et quelle est la durée de la formation. L’employé de l’auto-école L….se fait hésitant et cherche ses mots. Mais lorsque les mêmes questions lui sont posées pour ce qui est des automobiles, il s’empresse de nous répondre. Cette incapacité à fournir des réponses concises nous amène à penser que des dispositions n’ont pas encore été prises pour accueillir des motos-taxi. Nous poursuivons nos investigations en demandant où sont formés les motos-taximen ? avec quel matériel ? Où sont les motos ? Alors l’employé nous déclare : « il vaut mieux voir le patron ». Le chef d’agence lui, est bien présent mais se dit trop occupé pour s’entretenir avec des journalistes.
Nous nous rendons alors à l’auto-école E…… située à la cité-verte pour nous enquérir des modalités d’obtention d’un permis « A ». Avec un large sourire , la réceptionniste nous indique que nous devons payer 5.000 cfa de frais d’inscription, 70.000cfa comme frais de formation et 15.000cfa pour la constitution du dossier d’examen soit un total de 90.000cfa pour une durée de formation de 4 semaines. A la question de savoir où sont les motos servant à la formation, on nous répond que « …le gars n’a qu’à venir avec sa propre moto ». Drôle d’image que celle d’un élève qui enfourche sa moto et se rend à l’auto-école pour être formé.
Dans une autre auto–école située cette fois à Mokolo, nous nous renseignons sur la ligne de conduite à adopter pour une personne qui conduit déjà une moto sans toutefois être en possession d’un permis. Le patron nous déclare que si nous voulons juste un permis de conduire nous devons donner 55.000cfa, la photocopie de la carte nationale d’identité et 3 photos 4X4. Après 2 semaines nous rentrerons en possession du permis de conduire.
Pour une moyenne de 40.000 motos-taximen à régulariser en 6 mois à Yaoundé, il faudrait qu’environ 222 permis de conduire soient délivrés tous les jours. Manifestement, la plupart des auto-écoles de Yaoundé ne sont pas encore prêtes à former un si grand nombre de personnes en si peu de temps. La grande crainte reste donc que l’argent qui devait aller dans les caisses de l’état se retrouve plutôt dans des réseaux mafieux au détriment du conducteur de moto-taxi.
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