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Affaire YMF : Shanda Tonme répond à Achille Mballa
(03/10/2008)
Shanda Tonme a tenu à répondre à Achille Mballa qui avait émis un point de vue sur l'affaire YMF intitulé : "non contre la pensée unique"
Par Shanda Tonme
Le Dr Shanda Tonme, président du COMICODI
Le Dr Shanda Tonme, président du COMICODI

Note de la rédaction : Le Dr Shanda Tonme répond ici à Achille Mballa, qui avait rédigé une lettre ouverte concernant Yves Michel Fotso intitulée : non contre la pensée unique.

Mon très cher compatriote,

c’est avec beaucoup d’intérêt et d’admiration que j’ai lu, dans l’édition du 26 septembre 2008 du quotidien Le messager, ta réflexion que tu voudrais sublime, concernant la sortie médiatique de monsieur Yves Michel Fotso, Vice-président du Groupe Fotso, dont l’implication, à un titre ou à un autre, dans quelques affaires, fait l’objet des enquêtes dans le cadre de l’opération Epervier.

Je tiens franchement à te féliciter, pour cette capacité à dompter l’histoire de l’Europe, particulièrement tous ces versets philosophiques et littéraires, qui donnent de la consistance et prouvent la constance voire le sérieux de la formation. La tienne, à en juger par la densité des références, des symboles étalés, et des dogmes, mérite d’être saluée à ses justes mérites. Bien que je sois libre de juger de l’utilité de faire appel à tant de leçons lointaines et de démonstrations puisées des autres civilisations, pour expliquer à l’Africain au Sud du Sahara pourquoi il a la peau noire, je conviens honnêtement qu’il faut être d’une réelle brillance intellectuelle pour se situer à ton niveau.

Félicitations donc, et surtout merci.

Je dois d’abord fixer le contexte de ma réaction, et le cadre de ce que je veux présenter comme une contribution et non une polémique, encore moins un combat de bonnes têtes en quête de fanatiques auprès du peuple.
Lorsque j’ai terminé la lecture de ton texte, je me suis senti un peu mal, mais j’ai vite repris courage. En fait, je continue de craindre les épithètes qui nous ont joué un si mauvais tour pendant les années de braise, et divisé profondément la gente instruite de notre triangle. Je viens d’ailleurs de commettre à l’Harmattan, un livre dont le titre, autopsie de la décrépitude de l’intelligentsia camerounaise, retrace l’histoire de cette épopée qui malheureusement continue de causer un tort immense à la génération.

Je te prie vraiment, de me considérer comme le plus commun des citoyens et de ne point tenir compte de tous les noms de vedette, de provocateur, d’agitateur, de défenseur de l’ethnie, d’opposant, ou d’éternel révolté que quelques-uns se sont empressés d’imprimer sur mon identité publique. Je suis ton frère, citoyen concerné et consterné par la marche de notre pays depuis ma tendre enfance. Nous vivons donc tous un drame d’orientation qui finit par installer l’obscurité dans la projection de notre destin, en ruinant au passage toutes nos valeurs les plus immédiates et les plus collectives. C’est donc normal que l’opération Epervier soit vécue, comme une perche que l’on pourrait ou devrait saisir pour toutes sortes de réparations, d’agitations aussi.

Simplement, c’est dans les moments d’unanimisme de nature à fonder des croyances absolutistes, ce que tu désignes pensée unique, qu’il faut réinventer, réveiller le citoyen fondamental, sans qu’il soit besoin que celui-ci fut un de ces Docteurs en civilisations étrangères. Je me suis depuis vendu à la vindicte des puissants, disposé à accepter des coups, à renoncer à l’affection de ma grand-mère, aux éloges et aux amitiés des proches, pour la cause de la vérité et de mon indépendance d’esprit. Notre pays en a besoin, car des sacrifices, il y en a pas encore assez, et sans ces sacrifices, point de véritable peuple libre et digne.

Maintenant, je m’interroge profondément sur le sens des observations et des affirmations véhiculées par ta réflexion. D’entrer, tu proposes “ d’examiner de façon rationnelle, c'est-à-dire de façon critique les impensées ou les non-dits de cette gigantesque opération de communication ”. Tu affirmes ensuite, en t’aidant de moult citations, rappels d’histoires européennes, et survols de quelque temps forts de la vie politique trouble du pays, que le postulat de tentative d’aliénation de l’opinion publique, est incontestable, vérifié. La vérité ne tirant son origine que de la confrontation, la sortie de Yves Michel Fotso, ne serait qu’une cabale de mauvais goût, tissée, avalisée ou rendue potable, par une pléiade de journalistes dont le professionnalisme n’aurait été d’aucune contribution.
Enfin, Yves Michel Fotso devra rendre compte à la justice des actes qui lui sont reprochés. Cette conclusion est atteinte après une autre course dans l’histoire, mêlant le sage athénien.

Mais Yves Michel a-t-il jamais demandé un traitement spécial ou particulier ? A-t-il refusé de répondre à une convocation ? A-t-il refusé de produire une preuve, un document, un témoignage ? N’a-t-il pas au contraire produit plus de 25.000 pages de papiers ? N’a-t-il pas rendu public quelques papiers révélateurs, à l’exemple de ce premier rapport après six mois au four et au moulin ? Ne souhaite-t-il pas au contraire que toute l’affaire aille vite ? N’a-t-il pas rendu public le document qui prouve que son prétendu contradicteur ou dénonciateur, n’est qu’un vrai faussaire, un aventurier, un de ces fugitifs qui surfent avec des nationalités étrangères pour tromper tout le monde de tous les côtés et impressionner les naïfs ? Comment un individu sans aucune référence a-t-il pu prendre pieds dans les comptes de la société ? N’est-ce pas le même individu de sale vertu qui se retrouve dans le lancement des intrigues en Suisse, en France et ailleurs ? Tout cela ne te bouges pas. Bien au contraire, les éléments probants livrés à l’intelligence publique te dérangent. Tu aurais voulu qu’il soit coincé, que ces documents n’existent pas, oui ou non ?




Mon frère,

Ce qui m’inquiète infiniment, c’est le risque que je perçois, que tu aies en lieu et place d’une explication rationnelle, plongé dans une logique d’inquisition et de soupçon. Je crains fort que tu ais manifestement refusé de juger les propos de Yves Michel Fotso à leur juste dimension, contenance, signification, cohérence et portée. Je crains même que tu aies dès le début, raté l’enjeu, parce que tu as tout de suite crée un subjectivisme dans la considération que tu réserves à l’accusé.
D’abord de cette présentation fort injuste, inappropriée, et malicieuse : “Jeune loup de la finance et accessoirement fils de son père”. Il y a manifestement soit une déformation de la fréquentation des lectures sur les aventures de quelques feymens, ou alors, volonté expresse de banaliser le sujet, de le ramener à ces spéculateurs effectivement jeunes, (25-40 ans), qui écument les allées de quelques banques et se cherchent par des voies et selon des méthodes trop pressées, hors de toute considération éthique. Abandonne honnêtement cette présentation, et il sera possible de mieux valoriser ton message, pour une entreprise de bonne foi. La vérité c’est, ici, que nous ne sommes pas en présence “d’un jeune loup”, ni “du fils de son père” au sens impropre du terme.

J’ai confessé lors d’un entretien télévisé, que de ce monsieur, je ne connais presque rien de plus que ce que connaissent les autres Camerounais, ce qui est vrai. Je veux te dire que je ne manquerai point de respect pour ces gens qui parviennent à offrir ce qu’Alain Foka appelle justement, une autre image de l’Afrique, celle qui travaille, qui peut bâtir, construire, conquérir le monde, créer des richesses, et ouvrir des alternatives autres que la résignation, le désespoir, le complexe et la subordination. Je vois déjà ici un de nos points de divergence. Je veux pouvoir citer Paul Soppo Priso, Victor Fotso, Aladji Abo, pour les affaires, et les autres Mongo Béti, Wolé Sonyka, Amadou Kourouma, Léopold Sédar Senghor, Ferdinand Oyono, Bondjawo, Cheick Anta Diop, Tchundjan Puémi, pour les sciences et les lettres. Voilà pourquoi Yves Michel Fotso n’est point à mes yeux le genre dit “jeune loup”.

Parce que je ne connais aucune autre expérience de réussite de même ordre qui fasse notre fierté, j’ai du respect pour le Groupe Fotso. Ne prends point ombrage pour ma loyauté patriotique, au point d’en déduire une faiblesse qui frise l’obstruction de la justice. Ni les journalistes que tu mets en cause, ni moi-même, ne sommes partisans de l’obstruction de la justice. Nous nous sommes battus pour cela en 1990, et je suis de ceux qui ont subit pour cela, les foudres des protecteurs de l’ordre établi. Tous ceux que tu as cité ont fait et continuent de faire l’histoire. Ils n’ont pas changé, à preuve, les récents malheurs du patron de Equinoxe TV. Des chagrins, des investissements perdus, compromis. Et la radio du Groupe Messager, bâillonnée, incendiée, tuée dans l’œuf. C’est grave.

Je veux qu’il soit su, que je me suis répandu à l’intérieur de ce pays comme à l’extérieur, en dénonciations, en déclarations de vengeance, et en appels à l’unisson, contre Yves Michel, n’acceptant pas que l’on soit né avec une cuillère en or entre les lèvres, et que l’on fasse preuve d’indélicatesses à l’égard de la chose publique. Je veux en retour, qu’il soit aussi su, et c’est ce qui caractérise mon suicide auprès des idéologues de l’ordre établi, que j’ai promptement écrit à l’intéressé, pour lui dire mes félicitations, mon soutien, et ma satisfaction citoyenne, après sa sortie médiatique. L’une de mes faiblesses c’est la rapidité avec laquelle, je fais mon autocritique, au risque de nouer la corde pour me pendre. Je me sens néanmoins plus à l’aise ainsi : m’excuser après avoir, même dans le secret, insulté quelqu’un, manqué de respect, ou comploter involontairement contre la vérité.

Je n’en suis pas à le traiter, Yves Michel Fotso, de sain des sains, et encore moins de personnalité au-dessus de tout soupçon. Je parle d’un homme d’affaires multidimensionnel qui ne manque pas de tares, ni de travers comme l’on en trouve chez ces espèces. Mais je parle aussi, et j’en ai conscience, d’un être humain qui a à cœur, de défendre son honneur, de démontrer son innocence, et de préserver sa réputation. Je ne veux point entendre ce qui ressemble à une interrogation sur le bien fondé ou l’opportunité de sa sortie médiatique. Je lui laisse la responsabilité de son choix d’adulte, de créateur d’entreprises, et de gestion des milliers de salariés dont le sort pourrait bien dépendre, tu t’en balance, du moindre geste négatif ou positif, explicite ou implicite.

Cher compatriote,

Voici planté encore un autre point fort de notre divergence. Tu sembles t’accommoder avec une étonnante liberté de ton, du retrait du passeport d’un opérateur économique dont les mouvements transfrontières, constituent l’essentiel du socle du pouvoir de management, et conditionnent la continuité de la prospérité. Jamais l’on ne perçoit le moindre soupçon de positivité même relative, dans la présentation psychologique que tu fais de l’affaire. Les ennuis, en fait les privations subis par Yves Michel, semblent te réjouir, et je ne suis pas loin de penser que tu voterais tout de suite, les yeux fermés, pour son embastillement dans l’une de nos prisons. Il ne faut pas aller chercher auprès des philosophes grecques, ni dans les multiples thèses qui illuminent les rayons des bibliothèques des Ecoles des hautes Etudes en sciences sociales, pour comprendre le dessein final, de ceux qui attendent avec impatience, de voir conduire Yves Michel Fotso en prison, menottes aux poings.
En fait, les enjeux sont énormes, et je m’en veux toujours d’être celui qui crève les abcès, sans même plus craindre que l’on finisse un jour par me crever les yeux. Mais, pourquoi craindre tant, si c’est pour aller rejoindre Sankara au ciel, et avoir des nouvelles de Patrice Lumumba !

La réalité dans ce qui est dit, c’est cette volonté d’unité nationale abjecte dans le malheur ou les malheurs, selon la tradition satanique de l’équilibre, de la constitution inéluctable et inévitable, d’une équipe des “ lions indomptables ” derrière les barreaux sales et infects de la République. Et puis, cette petite ruse qui voudrait que l’on ne rate aucune occasion pour désacraliser les richesses de quelques-uns, le mythe du travailleur de quelques citoyens, le sens de l’épargne et de la patience de quelques villages électoraux.

Cher compatriote,

Tu mets l’exigence de contradiction au centre de ton postulat de “tentative de manipulation de l’opinion”. Voilà ! Mais que dit le mis en cause, ton jeune loup ? Allons chercher, fouiller, piocher, partout, même sur des prête-noms, ce que j’ai pu, même par inadvertance, faire atterrir dans mes comptes. Comment prends-tu ce défi que personne ne semble vouloir relever ? Que pourrait dire de plus contraignant, un accusé dans cette situation ?

Je m’excuse, mais je veux me faire à mon tour inquisiteur. Nous parlons donc des sciences sociales, dans ce qu’elles ont de lecture sociologique, de manipulations statistiques, de faits historiques, et de vérités anthropologiques. Comment n’arrivons nous pas, nous aidant de ses outils connus, à décrypter le contexte camerounais avec ses mille rivalités, confrontations ouvertes, ségrégations ethniques, et règlements des comptes, par ces temps de fin de règne ? Il me semble, que le genre de l’intellectuel prolifique que je perçois dans ton identité académique, est capable de ne pas se tromper de combat, à moins de choisir de verser, dans l’espèce de facilité qui voulait, dans les années de braise, que la vérité, dès lors qu’elle n’était plus dans la ligne de compréhension du pouvoir et du clan tribal régnant, fut tout de suite considérée comme une manipulation, une tromperie, le désordre d’un trio de publications que l’on baptisa la sainte trinité.

Enfin, je te renvoie à ces histoires européennes, puisque c’est seulement là-bas que tu trouves des sources pour crédibiliser tes arguments et empoter la conviction des Africains. Je veux tantôt évoquer l’affaire Dreyfus, le capitaine Dreyfus, injustement accusé et sacrifié surtout parce qu’il était juif. Je t’invite à penser à Zola, Emile Zola, et son rôle dans cette affaire, sa lumière, son engagement solitaire qui paya. Souviens-toi donc de ce mémorable et inoubliable j’accuse qui ébranla la France et montra la consistance d’un intellectuel accompli, vertueux, courageux. Moi, je préfère ce rôle-là, et tant pis si pour certains, à cours d’arguments, trouveront en Shanda Tonme, l’artificier de l’ethnie.

Ton propre rôle devrait donc être repensé, de façon ardue et contextuelle, pour échapper aux étiquettes, que ne manquent pas de trahir, la phonétique des noms. Il faut ainsi craindre de tomber dans la légèreté cruelle, impardonnable.

Non, il ne peut pas s’agir de légèreté, c’est plutôt de calcul, de réflexion de stratège. Mais il est constant, que nul auteur français, nul savant américain, et nul conquérant chinois de l’espace, ne trouvera dans sa culture propre, des éléments pour expliquer ce qui se passe chez nous, ce qui nous est propre. Laisse donc ces gens tranquilles et parle-nous de notre affaire avec les réalités camerounaises. Les équations mathématiques qui sont en œuvres dans l’affaire, sont camerounaises, et sans doute qu’à trop recourir aux équations mathématiques parisiennes, tu n’y comprends rien, pas assez, ou trop peu. Je te concède donc des circonstances atténuantes, en réitérant toute mon admiration pour ton immense savoir. C’est aussi notre force, que de mieux connaître les autres civilisations plus qu’elles ne connaissent la nôtre. L’embêtant c’est tout de même que nous n’en avons rien fait, et que nous nous sommes aliénés un peu plus, confondant des capitaines d’industrie avec des feymens, et mélangeant tout avec tout.

Je veux croire que tu m’as compris et je te remercie pour ton attention, mais pas avant d’avoir réaffirmé, le droit de chacun de nous, d’avoir une opinion divergente, de convoquer les auteurs et la culture de son choix, de se faire le procureur public, d’un instant.
L’essentiel, c’est que nous gardions présent à l’esprit, le centre et l’importance de l’enjeu : le destin du Cameroun.












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