Fonkam Azu'u serait impliqué dans un réseau d'immigration clandestine
Selon des informations recoupées auprès des autorités américaines, sous réserve de vérifications approfondies, Gana Franline Ndaga, Cyril Kpuye, Jc Akina et Dominic Nkongho Ewang ayant obtenu des visas pour les Etats-Unis courant mois de décembre 2008, sont bien entrés dans ce pays. D'après des indiscrétions recueillies dans les milieux américains à Yaoundé, les premières vérifications faites au pays de l'Oncle Sam le confirment. Si les investigations en cours se confirment, la piste d'un vaste réseau d'immigration clandestine entretenu par le président du Conseil électoral de Elecam, Fonkam Samuel Azu'u, par ailleurs Sga de l'Assemblée nationale, est à creuser. Car, il pourrait s'agir, croient savoir nos sources, d'une filière huilée où on servirait des documents standard (passeports et ordres de mission) à des individus dans l'optique de faciliter leur départ pour l'exil, documents qui reviennent par divers services postaux pour servir à d'autres bien intégrés dans la filière.
Dès lors pourrait se poser la question de l'identité réelle des quatre jeunes gens actuellement en garde à vue dans les locaux de la police judiciaire à Yaoundé. Combien et qui sont réellement ceux des compatriotes ayant bénéficié de cette filière d'immigration clandestine? Il n'est pas pour l'instant possible de répondre à cette dernière question, il est clair que ce rebondissement dans " l'affaire Fonkam Azu'u " intervient au moment où le pouvoir se met en branle bas de combat pour voler au secours d'un de ses éléments absolument en difficulté. En témoignent des indiscrétions du personnel de l'Assemblée nationale et de certains élus du peuple qui se souviennent de certains autres faits d'armes de Fonkam Samuel Azu'u, qui est par exemple accusé d'avoir imité la signature du président de l'Assemblée nationale.
Selon des sources policières, en dépit des dénégations de différents cadres du parti au pouvoir et du Palais de Verre de Ngoa Ekelle, Fokam samuel Azu'u aurait affirmé reconnaître l'un des quatre jeunes gens interpellés dans cette affaire de trafic des ordres de mission de l'Assemblée nationale du Cameroun. Par ailleurs, les recherches effectuées à l'Assemblée nationale auraient révélé, selon des sources dignes de foi, des signatures scannées de certains responsables de la Chambre dans les ordinateurs utilisés dans le cabinet du secrétaire général adjoint : Fonkam Samuel Azu'u. Un détail ignoré hier, au cours du journal de 13h à la Crtv radio, par le secrétaire général de l'Assemblée nationale, Louis Claude Nyassa, qui s'est plutôt évertué à décrire le circuit et la procédure de signature des ordres de mission à l'Assemblée nationale.
Ordre de mission
Pour autant, on a pu noter que les lignes de défense des tenants du pouvoir se sont fissurées. Contrairement à ce qu'affirmaient dimanche soir sur le plateau de " Scènes de presse " de la Crtv télé, Christophe Mien Zok et Aimé Robert Bihina (le présentateur de ce programme), et que corroborait hier le Sg de l'Assemblée nationale, certains autres officiels du camp du pouvoir, Grégoire Owona (secrétaire général adjoint du Comité central du Rdpc au pouvoir et ministre en charge des Relations avec les Assemblées) en l'occurrence, reconnaissent que les documents querellés existent bel et bien. Même si pour se donner bonne conscience, M. Owona reproche aux journalistes le fait de n'être pas allés interroger Gana Franline Ndaga, Cyril Kpuye, Jc Akina et Dominic Nkongho Ewang à la police. D'autant que sans ambages, Grégoire Owona accuse "la presse" de précipitation et de manipulation.
Personne ne conteste pourtant que la police a interpellé quatre jeunes gens le 26 décembre 2008 à l'aéroport de Nsimalen à Yaoundé. Sur le point de quitter le Cameroun à bord d'un vol de la compagnie Royal Air Maroc, pour se rendre aux Etats-Unis pour des raisons académiques, soutiennent-ils depuis le début de leur garde à vue. Ils n'ont pu justifier de leur qualité de personnel de l'Assemblée nationale puisque surpris en possession des ordres de mission et des papiers à en-têtes de cette institution. Plus tard, ils soutiendront que pour l'opération, M. Fonkam Azu'u leur a demandé trois millions de Fcfa à chacun. A ce moment, faut-il le préciser, Fonkam Samuel Azu'u n'est pas encore président de Elecam et personne ne peut imaginer qu'il le sera quatre jours plus tard. Lors de la descente de la police au Palais de Verre de Ngoa Ekelle, la signature et d'autres paraphes de M. Fonkam ont été jugés exacts en attendant l'expertise de la calligraphie.
Joint au téléphone le 07 janvier dernier, M. Fonkam Azu'u a indiqué qu'il n'était au courant de rien, avant de préciser qu'un commissaire l'a appelé pour une affaire "comme ça" et qu'il a demandé " d'aller vérifier à la source, parce que moi je n'ai rien à cacher ". Et de demander, avec un air visiblement étonné: " Comment peut-on signer des documents comme ça pour des gens qui ne travaillent pas chez nous? On a certainement imité ma signature et si c'est moi qui ai signé, on verra ", a assuré Fonkam Samuel Azu'u qui a indiqué cependant qu'il a demandé à la police de vérifier l'information auprès de ses services.
Depuis lors, les jeunes gens incriminés séjournent dans les locaux de la police où il se dit qu'il s'agirait d'une filière savamment entretenue. Si cela semble être le cas, les différents maillons de la chaîne se précisent. Une chose semble constante, les quatre jeunes auraient des attaches avec M. Fonkam Azu'u qu'ils incriminent depuis le début de l'affaire. Le tout nouveau président de Elecam veut cependant garder sa sérénité: " Ce genre de document ne peut pas sortir sans qu'il y ait une souche qui reste au secrétariat; j'espère que les vérifications seront vites faites ". Or, soutiennent ses collègues du Rdpc, il n'avait officiellement rien à voir avec la délivrance des ordres de mission. Etonnant. Comme si on pouvait faire un parallèle entre procédures administratives et réseaux de faux.
Source: Quotidien Mutations
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