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A la rencontre de Gino Sitson, jazzman camerounais
(21/09/2009)
Gino Sitson est un jazzman vivant à New-York. Né et ayant grandi au Cameroun, il a quitté Paris après un séjour infructueux pour rejoindre New York où il vit encore aujourd'hui. Bonaberi.com est allé à sa rencontre.
Par Nkwayep Mbouguen
Gino Sitson
Gino Sitson

Bonjour, pouvez-vous vous présenter en quelques mots ?

Je suis Gino Sitson, vocaliste & compositeur basé à New York depuis quelques années...

Parlez-nous de votre entrée dans le monde musical. Intuition de naissance ? Evénement particulier ?


J'ai envie de dire que j'y suis tombé comme Obélix, ma mère étant chanteuse d'église. On peut même remonter plus loin parce que mes ancêtres étaient des "Ntontah". C'est-a-dire des joueurs d'instruments à vent. D'ailleurs, la voix n'est-elle pas un instrument à vent, elle aussi ? Le plus pur, le plus léger, puisque l'instrument est notre corps. Sans doute que ces voix ancestrales m'ont ouvert le chemin de la musique. Cet environnement musical a joué sur moi inconsciemment. Mais de ses influences, on ne se rend compte que plus tard. Lorsqu'enfant j'ai commencé à jouer de la batterie et à chanter, c'était juste un besoin profond et urgent, dont je ne cherchais pas à identifier les sources. Mes parents ne m'ont pas véritablement encouragé dans cette voie. Au début, je l'ai même cultivée en cachette car ça n'était pas très bien vu d'être musicien, ni dans ma famille, ni dans les autres d'ailleurs !

Qu’est-ce qui vous a donné l’envie de faire carrière ?


Ma passion pour la musique & l'envie de partager.

Pourquoi le jazz ?


A vrai dire, j'ai commence à écrire ma musique sans me rendre compte qu'elle avait une connotation "jazz"... C'est plus tard que je m'en suis rendu compte, lorsque les gens autour de moi ont commence à apposer ce qualificatif à ma musique. Mais le jazz n'est-il pas d'essence africaine ?

Des sources d’inspiration ?


Je suis un musicien à l'écoute du monde. Quand je dis à l'écoute du monde, j'entends par là à l'écoute des autres musiques mais aussi de tous les sons du monde. Un oiseau qui chante, un chat qui miaule, une bombe qui explose, quelqu'un qui pleure, quelqu'un qui crie, quelqu'un qui rit. Un bébé, un jeune, un vieux. Tous ces sons nourrissent ma musique. Je ne les hiérarchise pas, je ne les compartimente pas, j'en fais ma substance.

Malgré de nombreux artistes de talent, vous êtes plus connu à l’étranger qu’au Cameroun. A quoi cela est-il dû ?


Peut-être parce-que ma musique est un peu trop "banale" pour les décideurs camerounais...? (rires)





Votre sentiment face à ce manque de reconnaissance en terre camerounaise ?

Honnêtement aucun sentiment là-dessus... Je constate tout simplement. Et je vais là où j'ai de la considération... Comme on dit, "la chèvre broute là ou on l'a attachée" (rires).

Comment peut changer cette méconnaissance qu’a le Cameroun du jazz, et des musiques instrumentales en général ?
Je ne sais pas... Mais au risque de me faire taper dessus, je dirais quand même qu'il faudrait éviter d'être sectaire dans les medias et dans l'industrie de la musique camerounaise. Et laisser au public l'occasion d'écouter et apprécier toutes sortes de musiques.

Suivez-vous la musique camerounaise ?


Pas véritablement. Honnêtement, j'écoute très peu de musique tout simplement parce-que j'ai très peu de temps et je la pratique tous les jours.

Des préférences particulières ?


Mes préférences: musiques "authentiques" du Cameroun; bikutsi, mangambeu, bolobo, assiko...

Parlons maintenant de vous. Après avoir vécu en France, vous êtes allés aux USA, le berceau du jazz. Parlez nous des différences entre les deux pays.


Comme vous le dites, je vis dans le pays ou le jazz est né. J'ajouterais : ou l'excellence est valorisée, ou le novateur est respecté. A mon avis, la France a une vision assez caricaturale de l'artiste noir/d'origine africaine. Il y a beaucoup de stéréotypes. Je ne dis pas qu'il y en a pas ici mais c'est moindre comparativement... J'ai quitté la France parce que j'y tournais en rond et j'en étais arrivé à éprouver comme un sentiment d'oppression. New York m'a donné un souffle nouveau. C'est une ville extrêmement stimulante ! Les gens sont curieux de tout, le novateur est valorisé et trouve une place. Les gens sont moins arrogants et plus accessibles.

Où en est votre carrière ?


Ma carrière se porte à merveille... J'ai en moyenne 160 dates par an, en plus de mes "vocal workshops" et autres occupations... Depuis 2006, je suis "Cultural Arts Ambassador" /Ambassadeur des Arts et de la Culture pour la ville de Miami en Floride. J'y ai d'ailleurs enseigné (Florida Memorial University).

En 2002, mon 2e album – Song Zin’…Vocadelic Tales – a été sélectionné parmi les 10 meilleurs CD jazz de l’année par le Los Angeles Times.




Envisagez-vous de vous produire au Cameroun ?

Si on m'invite, pourquoi pas ?

Qu’est-ce qui vous en empêcherait ?


Des conditions non respectueuses et l'amateurisme des promoteurs... Je dois avouer que mon agent en a horreur et a malheureusement déjà vécu des situations pas très "académiques" venant de ce beau pays...

Un album en vue ?

Oui, un nouvel album qui sort: "Way to go", enregistre avec mon band ici, a New York : Lonnie Plaxico a la contrebasse, Helio Alves au piano & Willard Dyson a la batterie.

D’autres projets en cours ?


Beaucoup de projets... Entre autres, l'album des Sitson Brothers, avec mon brillant jeune frère, Njamy Sitson, qui vit en Allemagne (www.myspace.com/njamysitson). Comme moi, il a un emploi du temps assez charge, mais nous allons finir par arriver à accoucher de ce projet. Sinon, dans les choses en cours, je continue de composer pour des télévisions (PBS, CBS, Nickelodeon...), des films, des pubs...

Parlez nous de votre musique. Comment définiriez-vous particulièrement votre musique ?

C'est juste un condense de mes vies: camerounaise, française & new yorkaise. En fait ma musique ne correspond pas véritablement à un style préexistant. C'est une alchimie qui puise dans les vibrations du monde, qui se nourrit de mes "pérégrinations humaines"...

Quel genre de musicien êtes-vous ? Un poète ? Un militant ? Votre musique reflète-t-elle votre personnalité ?

Poète et militant, oui, je crois que je le suis à ma manière. Je suis un musicien ouvert au monde. Je pense que ce que je fais reflète très sincèrement ma personnalité. Mais ceux qui ont eu l'occasion de me côtoyer peuvent en parler beaucoup mieux que moi...(sourires)

Qu’a le jazz de si particulier ? Si vous deviez en faire l’éloge en quelques phrases à quelqu’un, que lui diriez-vous ?

LIBERTE ! Le jazz est pour moi la musique la plus généreuse et la plus riche harmoniquement. Même si certains compositeurs classiques comme Stravinsky avaient déjà cette approche harmonique très développée. Le jazz a aussi l'avantage de ne pas être rigide, je dirais même de ne pas être sectaire. Il peut épouser toutes les formes musicales.

Parlez nous brièvement de Gino Sitson. Ses qualités ? Ses défauts ? Comment envisage-t-il le futur ?

Musicalement, je dirais que j'ai le sens et le goût du détail. J'aime la découverte & les différences. Je ne sais pas si c'est une qualité. Défauts: très exigeant avec moi même, parfois impatient... Dur dur de se juger... (rires)Quant au futur, je l'envisage avec une santé de fer et avec une même égalité d'humeur. Et pouvoir donner et servir, encore et encore.

Votre expérience dans la musique vous a-t-elle changé ? Avez-vous le même regard qu’à vos débuts ?


Oh oui ! Je n'ai plus la même naïveté que j'avais au début de ma carrière. Mais j'ai quand même conserve la fraicheur humaine de mes débuts...

Vos bons et vos mauvais souvenirs ?

Bons souvenirs ?

23 février 2008, CARNEGIE HALL, ici a New York, avec mon band.

La salle la plus prestigieuse au monde.

Grand moment d'émotion !!!

J'y ai rejoue au mois de mai de l'année dernière, invite par Bobby McFerrin, avec qui je viens de faire un documentaire ("The music instinct: science & song") pour la télévision nationale américaine PBS.

Un autre bon souvenir : concert avec Manu Dibango au Vatican en 1998 ou 1999. Pour un catholique comme moi, c'était fabuleux!!

Mauvais souvenirs ? Je préfère ne plus y penser. J'aime rester sur des "notes" positives...

Pour vos fans, comment vous contacter ?

Par mon management, qui transmettra:

Sarah Cohen
POLYVOCAL MANAGEMENT
P.O.BOX 286291
New York, NY 10128-0003
USA
Phone:1-212-255-1017
Fax:1-646-330-5941
booking@polyvocal.com

Un petit mot pour les internautes de Bonaberi.com ?


Je suis très heureux de communiquer avec vous par le canal de cette belle plateforme (Bonaberi.com) et au plaisir de vous rencontrer personnellement quelque part dans le monde... GOD BLESS!

Note de la rédaction : vous pouvez retrouver Gino Sitson sur :

Site officiel de Gino Sitson
Gino Sitson sur Myspace




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