Comme plusieurs autres personnes, c’est à côté des services du gouverneur, plus précisément du côté où se trouve le stade de football que cet homme, la cinquantaine bien sonnée, a installé son "bureau", une table sur laquelle est posée une machine à dactylographier.
Proposant des services de secrétariat bureautique aux passants, il a vu son "gagne-pain" partir en fumée en l’espace de quelques minutes, avec le passage des agents de la Communauté urbaine de Yaoundé (Cuy). "Ils sont arrivés le matin avec la police et nous ont demandé de déguerpir. Nous leur avons dit que nous allions venir enlever nos tables dans la soirée, mais ils n‘ont rien voulu comprendre ! Ils ont commencé à tout casser avec la hache et c’est à peine si on a eu le temps d’enlever nos machines", s’insurge-t-il.
En effet, quelques morceaux de bois, entassés dans un coin, témoignent de ce qui fut jadis la table où étaient posées les machines à dactylographier ou à photocopier. Même les étals des vendeuses de nourriture qui avaient élue domicile ici n’ont pas échappé à "la fureur des casseurs". Seuls un kiosque à journaux et un autre kiosque jaune avec "Maggi" écrit dessus ont été épargnés, de même que la station-service Total située en face du bâtiment devant abriter le ministère de la Jeunesse, portant la mention "A détruire".
Mais pour Emmanuel Bassenga Beheme, ce qui est le plus choquant, "c’est qu’on ne nous a pas avertit avant". Des propos que viennent renchérir d’autres "sinistrés". "On ne s’y attendait pas puisque c’est seulement ce matin qu’on nous a mis au courant. Sinon, on se serait préparé en conséquence", soutient Chouaubou Kam, installé ici depuis plus de huit ans. Mais qu’est ce qui justifie cette démolition ? "[i Ils nous ont dit que le Premier ministre doit venir demain [aujourd’hui vendredi] pour la pose de la première pierre]", explique Emmanuel Bassenga Beheme dit "le Major". En effet, c’est ce vendredi 11 avril que le chef du gouvernement, Ephraïm Inoni, procédera à la pose de la première pierre qui marquera le début des travaux qui seront engagés en ces lieux en vue d’agrandir la route.
Si nombreux sont ceux là qui jugent bonne cette initiative, reste que beaucoup se disent préoccupés quand au sort qui leur est réservé. "Nous avons écrit au Délégué du gouvernement, lui sollicitant de nous trouver une tente payante où nous pourrions nous installer pour continuer notre activité ", commente Emmanuel qui ajoute par la suite que "le Délégué nous a demandé d’attendre la fin des travaux qui durent 24 mois !".
"Certains d’entre-nous ont des familles à nourrir avec 6, 8, 10 enfants. On va faire comment s’il faut attendre la fin des travaux pour travailler et gagner l’argent?", s’est écriée une dame, installée ici depuis22 ans. "Même s’il faut porter nos machines sur la tête, nous le ferons, mais nous ne bougerons pas d’ici !", conclut Emmanuel, déterminé.
Source: Quotidien Mutations
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