Au marché Mboppi, l’un des principaux pôles de ravitaillement en produits agro alimentaires de la sous-région Afrique centrale, l’ambiance est frappante. Difficile pour un automobiliste de se garer, tout comme se mouvoir. Les grossistes des produits tels que le riz, le sucre, le lait, les pâtes alimentaires font face à une forte demande. Et dans la journée d’hier dimanche, le riz était introuvable dans certains magasins, tout comme l’huile. La fermeture du Port de Douala n’a pas permis aux importateurs de dédouaner les conteneurs de riz et autres huiles raffinées. Et comme il fallait s’y attendre, les prix se sont mis à flambée. Même si les grossistes ont fait des efforts pour maintenir en l’état le prix du sac de farine, du carton d’huile ou des pâtes alimentaires, les semi-grossistes et autres petits distributeurs n’ont pas attendu longtemps avant d’augmenter le prix. L’on s’est retrouvé avec un carton d’huile à 19 000 Fcfa au lieu de 15 000, le sac de farine a aussi atteint le pic de 18 000 Fcfa. Au marché de vivres, c’est la même ruée vers le plantain, macabo, banane, patate et autres tomates.
Au marché New Deido, un régime de plantain qui d’habitude se vend à 2000 Fcfa était acheté hier dimanche à 3 voire 4000 Fcfa. Pas surprenant aussi d’acheter trois tomates à 200 Fcfa, ou le kilogramme de maquereau à 1800 Fcfa. Des prix qui ne sont pas loin de décourager les ménages “ Je n’ai pas de choix, je suis obligé de dépenser plus pour avoir de la nourriture à la maison. On ne sait pas de quoi demain sera fait… ”, explique Mélanie, ménagère à Ndog Bong. Dans les boulangeries, le spectacle est identique. Ici, le pain, le lait, le sucre, l’huile, et de l’eau sont les produits prisés. D’où la rupture de stock de certaines denrées avant la mi-journée. Les grandes surfaces, Mahima, Divkran, Score, ont aussi été débordées par la présence des consommateurs.
Hier, certaines coopératives d’épargne et de crédit ont ouvert leurs portes. L’on s’est bousculé au portillon. L’on a vu la clientèle faire la queue pendant plusieurs heures pour retirer un peu d’argent. Et comme il fallait s’y attendre, d’autres personnes sont rentrées bredouilles chez elles. L’accalmie observée dans la ville de Douala dès le vendredi 29 février a permis à la population de prendre d’assaut les institutions bancaires, qui pour retirer des fonds, qui pour vérifier si les salaires sont passés. “ Jamais nos guichets n’ont reçu autant de clients. Et nous comprenons l’affluence, les gens étaient à cours de liquidités. Nous avons pris des mesures supplémentaires pour satisfaire tout le monde… ”, explique un gestionnaire de compte à la Sgbc. Certains responsables des établissements de micro finance ont dû se battre comme de beaux diables pour servir les épargnants. Tout comme pour les produits de consommation courante, la ruée vers les institutions financières s’explique par l’impécuniosité des populations de Douala durant les heures chaudes, et surtout par la perspective de la reprise du mouvement de grève dès ce matin. “ Les gens sont convaincus que le mouvement va reprendre, c’est pour cela qu’ils veulent être à l’abris de désagréables surprises… ”, explique un employé de Migec, un établissement de micro finance.
Source: Le Messager
|