Blaise Mvié a été condamné à cinq ans de prison.
La surprise de Jacques Blaise Mvié ne semblait pas feinte lorsque nous le joignions vendredi dernier pour savoir quelle était sa réaction à la suite de la décision n° 091 rendue le mercredi 3 juin dernier par le Tribunal militaire de Yaoundé. En même temps que son rédacteur en chef Charles René Nwé, l'ancien directeur de la Nouvelle Presse a écopé d'une peine de 5 ans d'emprisonnement ferme avec mandat d'arrêt à l'audience et 500 000 francs Cfa d'amende. Jacques Blaise Mvié que nous avons pu joindre samedi dernier, et qui a rendu public un communiqué de presse, relève que le procès ayant abouti à sa condamnation ainsi que celle de son collaborateur " s'est déroulé à huis clos avec une célérité suspecte, sans aucun débat contradictoire ", indiquant notamment que " les deux journalistes n'ont jamais été convoqués aux audiences ".
Selon le mis en cause, qui avait fait l'objet d'un enlèvement puis d'un interrogatoire dans les services de la Sécurité militaire (Sémil) et de la Gendarmerie nationale à Yaoundé en mars 2008, les faits remontent à la publication par son journal d'une série d'articles portant entre autre sur " l'incendie de la poudrière du Quartier général du 18 février 2001 et sur la tentative de coup d'Etat d'octobre 2007 ". Dans un entretien publié dans nos colonnes le 7 mars 2008, Jacques Blaise Mvié indiquait à la suite de son enlèvement et concernant le "coup d'Etat" que " nous avons sorti une enquête sur le coup d'Etat et je sais qu'il y a des révélations qui n'arrangent pas certaines personnes. Notamment le ministre délégué à la Défense Rémy Zé Meka… "
Des faits à la suite desquels va commencer à s'abattre, selon lui, " le rouleau compresseur impulsé par le ministre de la Défense… ".
Des auditions "à la Sécurité militaire puis à la Gendarmerie nationale ", puis "une procédure judiciaire secrète et expéditive" qui sera par la suite engagée et qui aboutit au jugement rendu par le Tribunal militaire le 3 juin dernier. Une condamnation qui tombe en même temps que celle du maréchal des logis chef Jérémie Docko présenté comme l'informateur de la Nouvelle Presse et qui écope pour sa part de 4 ans de prison ferme.
L'ancien directeur de la Nouvelle Presse, dont le conseil Me Marie Ndongo Fouda annonce qu'il va faire appel du jugement, se dit surpris de ce "qu'un délit de presse (si délit de presse il y a, selon l'esprit de la Loi sur la Communication sociale de 1990) vient chercher dans une procédure expéditive, suspecte et secrète d'un Tribunal militaire aux ordres du ministre de la Défense, si ce n'est pour préparer un crime crapuleux…". Joint au téléphone samedi en fin de matinée, Rémy Zé Meka le ministre délégué à la présidence de la République en charge de la Défense s'est voulu sec " Je ne commente pas les décisions de justice, surtout rendues par un Tribunal militaire…"
Les deux protagonistes de cette affaire semblent pourtant se connaître. Dans l'entretien mentionné plus haut, Jacques Blaise Mvié relevait les liens d'amitié qui le liaient à une certaine époque à Remy Zé Meka affirmant notamment " Avec le ministre Meka, on a eu de très bons rapports parce que je croyais qu'il pouvait m'aider dans ce que je fais... ". Jusqu'à ce que " Je me suis rendu compte de ce qu'il était par rapport à ce que nous voyons et qu'il était en déphasage avec cette réalité. On ne pouvait pas continuer à collaborer "…
Source: Quotidien Mutations
|
