Faire du Cameroun un pays émergeant en 2035, un pari impossible ? Le gouvernement veut croire que non, en organisation le 4 mars à Yaoundé un atelier de concertation national sur la formulation de la vision économique à long terme du Cameroun.
Pour marquer l’importance de cet événement, le Premier ministre présidera personnellement les travaux, car l’enjeu est important. Il s’agit, au cours de cette rencontre, de poursuivre et faire prospérer l’approche participative mise en œuvre pendant le processus d’élaboration, et d’adoption de la vision. L’objectif final étant d’obtenir un document consensuel pouvant mobiliser toutes les énergies autour des grandes orientations de développement du Cameroun pour les prochaines années.
Dans le détail, la rencontre de Yaoundé vise à imprégner l’ensemble des acteurs de la vie nationale des orientations majeures de cette vision ; de s’assurer que les options formulées reflètent effectivement leurs perceptions des aspirations de la communauté nationale ; de s’assurer que les stratégies globales sont partagées et que la cohérence de celles-ci autour de l’objectif d’industrialisation est éprouvé et approuvé ; et enfin, recueillir les observation pouvant permettre une amélioration du document de vision.
Politique ambitieuse
Le processus de formulation de document de la vision prospective de développement a commencé il y a plus d’un an, et il s’agit au cours de cet atelier d’en obtenir une mouture définitive de la vision économique à moyen terme du Cameroun. “Cette vision, expliquait le ministre de l’Economie dans un entretien accordé à Cameroon tribune en juillet 2008, s’appuie sur un diagnostic rétrospectif sans complaisance de l’évolution de notre pays depuis un quart de siècle et sur l’évolution du monde pendant cette même période ; elle s’appuie aussi sur le recensement des besoins et aspirations des populations, les engagements souscrits au niveau international et les ambitions que le chef de l’Etat, S.E. Paul Biya, nourrit pour les Camerounais. Ce tour d’horizon nous conduit presque logiquement à ce que le Cameroun se projette, dans le quart de siècle à venir, comme une nation unie, solidaire et jouissant d’un environnement de paix et de sécurité ; comme une démocratie réelle, forte et juste ”.
L’objectif global étant de devenir un pays émergent à l’horizon de 25-30 ans intègre un ensemble d’objectifs intermédiaires, qui répondent aux principaux défis auxquels le Cameroun est confronté. L’éradication de la pauvreté, en la ramenant à moins de 10% par une croissance accélérée et créatrice d’emplois et une politique ambitieuse de redistribution des revenus à travers notamment l’intensification, la généralisation et l’amélioration des services sociaux (santé, éducation, formation, eau, électricité, voies de communication …).
Le stade de pays à revenus intermédiaires visera à multiplier le revenu moyen par la consolidation, sur une durée suffisamment longue, du rythme de croissance qui devrait atteindre 10% d’ici 2017 grâce notamment à une diversification plus poussée des activités économiques. Le stade de nouveau pays industrialisé qui verra le passage de la phase d’économie primaire à la phase de deuxième import substitution avec une production manufacturière contribuant à plus de 23% du PIB ; Le stade de pays émergent qui consacrera notre intégration à l’économie mondiale sur le plan commercial (exportations importantes) et financier (ouverture des marchés financiers aux capitaux extérieurs).
Défis à relever
Ainsi, les services du Minepat ont identifié cinq défis majeurs qui permettraient d’atteindre les objectifs de la vision : le premier concerne la consolidation du processus démocratique dans le respect de la diversité qui caractérise notre pays ; le second défi à relever est celui d’accélérer durablement la croissance, condition première de succès de notre lutte contre la pauvreté ; le troisième challenge est le défi démographique, qui exerce une pression extrêmement forte sur le système éducatif, sur le système de santé, sur le marché de l’emploi et sur notre politique nationale de revenus ; le quatrième défi est le défi du développement urbain, qui peut constituer une menace et aboutir à une anarchie grandissante dans nos villes et à l’aggravation de la violence et de l’insécurité pour la majorité de notre population, qui vit et vivra de plus en plus dans les villes ; le cinquième défi est celui de la gouvernance, qui interpelle notre capacité collective à utiliser de manière efficiente les ressources naturelles, humaines, matérielles et financières dont dispose notre pays.
Globalement, cette vision du développement à long terme, que le gouvernement qualifie de volontariste, s’appuie sur une série de cinq actions stratégiques majeures. D’abord jeter les bases d’une croissance forte grâce à d’importants investissements dans les infrastructures, moderniser l’appareil de production, améliorer le climat des affaires et mener des politiques généreuses de promotion de l’emploi. Au Minepat, on sait que les grandes décisions contenues dans cette vision de développement ne seront pas faciles à réaliser vu l’instabilité de l’environnement économique international, mais on n’est pas moins optimiste “ en dépit de la crise économique mondiale qui n’épargne pas notre pays, le Cameroun entend par ce nouvel outil de développement se projeter dans l’avenir et tirer davantage des ses immenses richesses naturelles ainsi que de son potentiel humain caractérisé par sa jeunesse, son dynamisme et le bon niveau de formation de la main d’œuvre ”.
Pour mettre en œuvre cette vision, les services du Minepat élaborent également une stratégie nationale de développement définie comme l’outil de souveraineté dans lequel le Cameroun traduira sous formes de stratégies et d’orientations, les priorités que véhiculent la vision prospective du développement et les approches que les stratégies sectorielles, thématiques et spatiales développent pour l’atteinte des objectifs pré-établis de développement.
Source : La Nouvelle Expression
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