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20.000 personnes en danger de mort à Belabo
(04/06/2008)
La société Cotco qui opère sur le pipeline Tchad Cameroun vient de faire déverser plus de 7 tonnes d'amiante à l'Est, en violation des lois de la République. Le cancer y attend les habitants.
Par Franck Essomba
Déchets toxiques
Déchets toxiques
Depuis le début de l’année, les populations de la ville de Belabo, à l’Est du Cameroun, vont et viennent à leur insu sur 7 tonnes d’amiante, qui seraient déposées par la société Cotco, et recouverts seulement de 50 cm de terre. Le fait remonte à 2006 lorsqu’une étude menée par la société de gestion de l’environnement (Vega environmental consultant Ltd de Grande-Bretagne), sur le tanker pétrolier de la Cotco (Le Fso) mouillant au large de Kribi, y détecte la présence de l’amiante dans plusieurs de ses zones utilisées.

Lors de l’acquisition du Fso (c’est un bateau qui a été transformé en tanker) à Singapour un an plus tôt, la Sgs Singapour, après analyse supposée lors de sa transformation, avait déclaré n’y avoir décelé « aucune présence d’amiante ». Il faut croire que cette analyse était mal faite, ou que le rapport de Sgs était faux et tendancieux. Toujours est-il qu’un tanker construit depuis plus de 25 ans au moment de son acquisition ne pouvait l’avoir été selon les normes restrictives concernant l’amiante qui n’étaient pas encore en vigueur. Ce manque de vigilance n’était déjà pas à l’honneur de la Cotco qui, ensuite, a laissé travailler des marins camerounais sur le tanker de stockage pendant presque une année avant le déflocage nécessaire.

C’est en effet en 2007 seulement que la société japonaise Ask a été sollicitée pour l’ablation de cette amiante dont elle a pu défloqué jusqu’à 7 tonnes dans les seules zones régulièrement utilisables du tanker. Toutes ces opérations se déroulant apparemment à l’insu des autorités camerounaises, il a été facile pour la Cotco qui a refusé d’en confier le transport et la destruction au Japon sous prétexte du « coût très cher », de faire enlever et transporter cette amiante dans un container à destination de Belabo, où elle a été enfouie dans une fosse de 50 cm de profondeur, avec tous risques de radiation permanente que cela comporte.

Un bien dangereux…

Utilisé depuis deux siècles avant J-C., l’amiante est un matériau naturel dont l’emploi industriel fut tellement important qu’on le surnomma « or blanc », jusqu’à la découverte des risques liés à son utilisation. Il n’est pas inutile pour les générations « je m’en fous » que nous sommes, de savoir à quoi l’amiante devait cette réputation avant de s’avérer dangereuse dans certaines utilisations et dans certaines conditions de traitement.

Les savants parlent de ses propriétés physiques et chimiques particulières, et notamment de sa résistance aux hautes températures, son incombustibilité, sa résistance mécanique et électrique élevée à la traction, sa résistance aux agressions chimiques et aux micro-organismes, sa flexibilité et sa facilité à être filée et tissée… Toutes choses qui pourraient l’imposer comme un mal nécessaire dans un monde où gagner de l’argent s’avère plus nécessaire que préserver des vies humaines.

D’où son utilisation, même aujourd’hui, sous des formes multiples comme isolant thermique, phonique ou électrique, etc. et dans le bâtiment en particulier, où elle entre dans la composition des matériaux utilisés pour fabriquer des plaques de couverture, des bardages, des dalles de faux plafonds ou de revêtement, des canalisations pour l’eau potable et pour les eaux usées, etc. Oui, mais…

D’incurables cancers à l’interdiction

On peut apprendre, en consultant l’Internet, que l’exposition aux fibres et à la poussière d’amiante peut provoquer l’asbestose, maladie des poumons causée par l’inhalation de particules d’amiante. Cette maladie peut se transformer, au bout d’un temps de latence de trente ans ou plus, en différents cancers, en particulier le cancer des poumons et le mésothéliome, forme de cancer inopérable de la poitrine et de la paroi abdominale. Dès le début des années 1900, les dangers de l’inhalation de fibres d’amiante furent mis en évidence et les risques cancérigènes furent démontrés dans les années 1950.

La Grande-Bretagne fut le premier pays à mettre en place, en 1931, des mesures obligatoires pour limiter l’exposition professionnelle au produit. En 1977, l’Organisation mondiale de la santé (Oms) classa l’amiante dans la catégorie des « agents cancérigènes pour l’Homme ». Aujourd’hui, l’Allemagne, les Pays-Bas, l’Italie, la Suisse, le Danemark, la Suède, la Norvège interdisent l’utilisation de toutes les formes d’amiante. En France, un rapport de l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm) datant de juillet 1996 a conduit à interdire la fabrication, l’importation et la mise en vente de produits contenant de l’amiante à partir du début du mois de janvier 1997 et à entreprendre des travaux de déflocage dans de nombreux bâtiments.

Apparemment, la société Cotco qui est en train d’exposer les populations de Belabo à de tels risques n’est pas au courant qu’il existe au Cameroun une loi (n° 89-28 du 29/12/89) qui, en son article premier, interdit « l’introduction, la production, le stockage, la détention, le transport, le transit et le déversement sur le territoire national, des déchets toxiques et / ou dangereux sous toutes leurs formes ».

Que risque le pétrolier américain ?

La Cotco, à moins d’être assurée de quelques complicités officielles, devraient bien méditer les articles 4 et 5 de la loi n° 89-28 du 29 décembre 1989 qui stipulent notamment :
« Art 4. – (1) Est punie
- de la peine de mort, toute personne non autorisée qui procède à l’introduction, à la production, au stockage, à la détention, au transport, au transit ou au déversement sur le territoire camerounais des déchets toxiques et/ ou dangereux sous toutes leurs formes ;
- d’un emprisonnement de cinq (5) ans à dix (10) ans et d’une amende de cinq millions de francs Cfa (5.000.000 Fcfa) à cinq cents millions de francs Cfa (500.000.000 Fcfa), toute personne non autorisée qui ne procède pas à l’élimination immédiate des déchets toxiques et/ ou dangereux générés par son entreprise dans les conditions définies dans la présente loi et des textes réglementaires subséquents.
(2) Les dispositions des articles 54 et 90 du Code pénal relatives au sursis et aux circonstances atténuantes ne sont pas applicables.
(3) Lorsque l’infraction est commise par une personne morale, la responsabilité pénale incombe à la personne physique, préposée ou non qui, de par ses fonctions dans l’entreprise, a la charge de la gestion, de la surveillance ou du contrôle de l’activité de ladite personne morale. La personne morale en cause est tenue solidairement avec le ou les condamnés au paiement des amendes, réparations civiles, frais et dépens.
Art. 5. – La juridiction saisie ordonnera à toute personne reconnue coupable d’avoir introduit, produit, stocké, détenu, transporté, fait transiter ou déversé des déchets toxiques et/ ou dangereux, de les éliminer immédiatement et de restituer les lieux en leur état antérieur.
La même juridiction pourra, en outre, ordonner la fermeture de l’établissement.»



Source: Le Messager


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