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Forum Bonaberi.com Le Cameroun comme si vous y étiez
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Haroun Bérinaute Vétéran
Inscrit le: 12 May 2008 Messages: 8121
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Posté le: Mon May 12, 2008 6:00 pm Sujet du message: de la naïveté à l'afrocentricité : itinéraire d'un aliéné |
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Tchoko a écrit: | Né quelques années au lendemain des indépendances, en plein coeur de l’Afrique centrale, j’ai pendant longtemps, vécu ma petite vie de jeune Nègre tout à fait « normalement », allant à ce qu’il conviendrait d’appeler une dérivation de l’école coloniale occidentale, sous forme d'accords de coopération. Tout cela, insouciamment, transportant inévitablement avec moi, ma condition d’esclave qui s’ignorait.
Petit à petit, j’ai grandi, évoluant lentement dans mon biotope d'inconscient, faisant tout doucement, mon bonhomme de chemin et évitant, les petits écueils de la vie qui se présentaient à moi. J’apprenais, naturellement, l’histoire et la géographie de mes prétendus ancêtres d’alors, les Gaulois. Première guerre, deuxième guerre, saut rapide dans la colonisation, explication légère du concept de commerce triangulaire, brèves présentations de quelques figures que je finissais par ne pas trouver particulièrement légendaires telles que Ruben Um Nyobé ou Ernest Ouandié, tellement leurs histoires étaient mal contées.
Et voilà ! J’avais fait le tour de « MON » histoire. Je pouvais parler du débarquement de Normandie et me féliciter de la victoire des alliés sans sourciller sur les dates et les étapes. Mais j'ignorais tout du sultan Njoya, du roi King Akwa et de tous ceux qui auraient dû marquer mon enfance d'Africain.
Pour ce qui est de la littérature, quelle joie n’était pas la mienne lorsque je me plongeais dans Britannicus de Jean Racine, décortiquant ainsi, les aventures de Néron, Agrippine sa mère, Burrhus, et toute leur clique. Et puis il y’avait aussi Germinal, d’Emile Zola, Les mains sales de Sartre, Le procès de Kafka, Le cid de Corneille, Candide de Voltaire et bien d’autres.
J’avais, en quelques années, fait le tour de littérature française. Il faut avouer que j’avais quand même lu, dans le cadre scolaire, quelques ouvrages de la littérature Négro Africaine tels Ville Cruelle de Mongo Beti, Les trois petits cireurs de Francis Bebey, et Black Boy de Richard Wright, qui m’avaient plutôt, réellement passionné et dont je m’étais vraiment délecté. Mais…dans mon for intérieur, je ne pensais franchement pas que je pouvais me démarquer scolairement du reste de la classe, en maîtrisant des lectures de Nègres. Le pire, c'est qu'on apprenait aussi le latin. Pas une trâce d'idiome africain; d'ailleurs, quel élève aurait voulu passer pour le « villageois » de service, dans ce grand lycée en plein coeur de la métropole ?
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Après ces quelques 15 années d’études, j’étais donc toujours le Nègre insouciant que j’avais été à la naissance, à quelques acquis académiques près, et des bribes d'informations, glanées ça et là sur les Noirs, qui avaient, disait-on, été malencontreusement victimes d’un coup du sort entre 1400 et 1900.
Je m'étais, au détour de quelques émissions télévisées, posé des petites questions innocentes, à savoir pourquoi Jésus avait toujours été Blanc ? Pourquoi Tarzan, roi de la forêt en plein cœur de l'Afrique était-il Blanc ? Pourquoi le Diable était-il représenté comme Noir ? Pourquoi tout ce qui était mauvais, illégal était très souvent affublé de l'épithète « noir » ? Pourquoi vénérions nous autant l'homme Blanc ? Pourquoi, personnellement, avais-je plus de respect pour mes professeurs Blancs ? Mais bon, je n'avais jamais envisagé approfondir ces questions, me disant que ça devait être un coup du sort, et que, le monde était ainsi fait.
L’âge de la maturité ayant été atteint, était venu le moment pour moi, de voler vers d’autres horizons, vers l’occident, vers l’Europe, vers la France, le pays de mes soi disant ancêtres.
Le système éducatif dans lequel j'avais été cantonné depuis la maternelle m'avait préparé; préparé à être une de ses futures « élites jouets » à la solde de leurs maîtres occidentaux, préparé à être un de ces innombrables intellectuels de langue française que l'Afrique révulse, un de ces multiples et dangereux émules de Sédar Senghor. J'étais prêt, à aller effectuer la dernière phase de mon voyage mental, initiatique, de « pion » au service de l' « occidentomanie ». Au service de la « francophilie ». Dans le pays des droits de l’Homme. Dans ce pays dont j’étais si fier. Dans ce pays qui avait soi disant contribué par l'invasion coloniale, à amorcer le processus de développement en Afrique, et annihilé la sauvagerie de l'homme Noir.
En fait, quand j'en fais la rétrospective, je n'étais que disposé à m'envoler pour le pays du code Noir, le pays des esclavagistes, le pays de la ségrégation, le pays du racisme. Mais tout cela, je l'ignorais totalement à l'époque. Trop jeune, trop naïf, trop
borgne, que dis-je, trop aveugle, pour entendre les cris de détresse de tout un peuple.
Envolé pour ce pays que je pensais être une terre d’accueil, les premiers problèmes ont commencé à se poser dès mes premiers pas sur le sol Français. Ma différence était palpable. J’avais beau rencontrer tout un tas de Noirs, - qu’on appelait bizarrement tous immigrés, même pour ceux des Noirs qui, contrairement à moi, ne connaissaient pas autre chose que ce pays et n’en avaient jamais bougé.
Où était donc la notion de migration, de déplacement ? - je commençais à sentir que je n’étais pas chez moi. Le logement, compliqué. Le travail, compliqué. L’école, compliqué. Les Noirs étaient parqués dans les quartiers les plus désoeuvrés socialement et commençaient même à me faire peur. J'en voyais à la télévision mais uniquement pendant les matches de foot, ou dans les clips Américains. Tout était devenu subitement psychologiquement plus compliqué dans mon existence, j’étais constamment renvoyé à ma couleur de peau et les quelques camarades occidentaux que j'avais, aimaient à m’appeler gentiment « Bamboula » tout en me demandant incessamment, comment on vivait en Afrique, s’il y’avait beaucoup de singes, si on vivait dans des maisons, et plein d’autres questions que je trouvais d’une bêtise déconcertante, voire révoltante.
J’ai donc compris qu’il y’avait un malaise. Comment pouvaient-ils être aussi ignorants de l’Afrique alors que je connaissais tout ou presque de la France ? Comment pouvaient-ils être aussi méprisants envers cette Afrique que leurs chefs d’Etats prenaient plaisir à exploiter, alors que d'un autre côté, nous, Africains, les admirions tant? |
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Haroun Bérinaute Vétéran
Inscrit le: 12 May 2008 Messages: 8121
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Posté le: Mon May 12, 2008 6:00 pm Sujet du message: |
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Tchoko a écrit: | C’est à ce moment que j’ai entrepris d’effectuer une autre forme de voyage initiatique; un retour sur mon existence, une marche arrière culturelle et historique sur mon moi Africain. J’ai renoncé ainsi à l’universalisme avec lequel on m’avait obstrué l’esprit depuis tout jeune. J’ai renoncé aux sourires « Banania » et à la soumission « Vendrediste », dans lesquels je me complaisais quand mes amis occidentaux (et Africains) fustigeaient l’Afrique, se moquaient de nos dirigeants, caricaturaient la colonisation « qui nous aurait beaucoup apporté » et la traite « où on se serait vendu entre nous. »
Je me suis donc érigé contre les schémas établis, j’ai entrepris une rébellion contre mon moi profond, passé au crible tous les paradigmes qui avaient été miens depuis tout jeune. J’ai recherché fougueusement l’anti-dote au « poison culturel qu’on m’avait savamment inoculé depuis ma plus tendre enfance ». Et comme Nietzsche avait souhaité passer de l’Homme au surhomme, j’ai moi aussi entrepris d’élever mon humanité d’africain à un niveau supérieur, à quelque chose de foncièrement plus fort, d’intellectuellement plus enrichissant. J’ai voulu passer de l’Africain, naturellement aliéné et inconscient des réalités qui prévalent autour de lui, au suprafricain.
Pour ce faire, je devais avoir des armes, je devais avoir une arme : la connaissance. Où aurais-je pu la trouver ? a l’école ? Non, elle ne m’avait rien appris sur moi-même depuis presque vingt ans, pourquoi l’aurait-elle fait maintenant ?
J’ai donc pris conscience que je devais me débrouiller seul, que ma quête identitaire et ma course vers une « africanité » supérieure se feraient, avant d’être envers et contre (presque) tout, d’abord envers et contre moi-même. Et c’est dans cette entreprise de redécouverte personnelle que je suis tombé sur Peau noire, masques blancs de Fanon. Dans ce livre, classique de la littérature Négro africaine, Frantz Fanon expliquait déjà les agrégats psychologiques qui allaient caractériser ce que d’aucuns appellent aujourd’hui, dans le jargon afrocentriste courant, « Bounty », « aliéné », « vendu », etc.
Il a développé à travers ce livre, toute la dimension mentale des rapports Noirs blancs conséquente à la colonisation, puis exposé le syndrome du Blanc paternaliste et ce complexe naturel d’infériorité recouvrant une dimension sociale, culturelle et historique qu’on retrouve encore aujourd’hui chez de nombreux Afro-caraïbéens :
« Le noir a deux dimensions. L’une avec ses congénères, l’autre avec le blanc. Un Noir se comporte différemment avec un blanc et avec un autre Noir. Que cette scissiparité soit la conséquence de l’aventure colonialiste. Nul doute… Qu’elle nourrisse sa veine principale au coeur des différentes théories qui ont voulu faire du noir le lent acheminement du singe à l’homme, personne ne songe à le contester. Ce sont des évidences objectives, qui expriment la réalité. »
Puis, quelques temps après, je suis tombé sur Aimé Césaire et son poignant « Discours sur le colonialisme ». J’avais étudié Césaire le poète. Là, j’ai rencontré Césaire l’essayiste, le rebelle, le révolutionnaire. Le père de la Négritude fustigeait, dans ce réquisitoire de moins de 100 pages, le colonialisme occidental, ses dérives et ses desseins mensongers :
« Et je dis que de la colonisation à la civilisation, la distance est infinie ; que, de toutes les expéditions
coloniales accumulées, de tous les statuts coloniaux élaborés, de toutes les circulaires ministérielles expédiées, on ne saurait trouver une seule valeur humaine. »
Après Césaire, j’ai attaqué Diop, Obenga, Asante, Mazama, Ki-zerbo, Verschave, Plumelle-Uribe, Omotunde, etc. Plus j'en lisais, plus j'avais envie d'en lire. C'était devenu comme une drogue et, au fur à mesure que j’apprenais, je me rendais compte de l’immense dimension de la matrice aliénante dans laquelle j’avais été enfermé pendant des années. Je devenais enfin libre, indépendant. J’étais, pensais-je, devenu afrocentriste avec tout ce que ça pouvait engendrer comme paranoïa dans la vie de tous les jours. Plus aucune image où je verrai du Noir, aucun propos où on parlera du Noir, ne serait regardée du même oeil, ne serait écouté de la même oreille.
En un an ou deux, j'en avais appris sur moi même, bien plus que dans toute une vie, bien plus que dans ma vie précédente. Je vivais dorénavant à travers un système de valeurs centré sur le Noir. L'heure de la révolution avait sonné. Révolution interne, révolution intérieure, spirituelle et morale. Le Nègre qui sommeillait en moi s'était enfin libéré et nul n'aurait plus su l'arrêter, ni le poids des frustrations par l'histoire infligées, ni la difficulté des défis auxquels l'Afrique serait demain confrontée.
la volonté de partager
Maintenant, j’étais un sujet conscient. Conscient de ma situation de Nègre oppressé, conscient qu’il me fallait passer de la passivité à la réactivité, du stade de Nègre inconsciemment couché, à celui du Noir sciemment debout. Il fallait que la vie reprenne son cours, que je divulgue mes nouvelles idées au monde extérieur d’où je m’étais paradigmatiquement retiré pour maturer mes réflexions. Il fallait que je partage ce que je venais de découvrir avec d’autres jeunes Noirs, que j'organise la révolution mentale auprès de mes semblables.
Je souhaitais imposer à mes congénères, cette liberté psychique, cette indépendance analytique, que je venais d'acquérir si chèrement. Je pensais, du fait de mon prétendu droit d'aînesse dans cette révolution de nos paradigmes mentaux d'Africain, pouvoir sortir toute cette jeune Négraille, tout autour de moi, de son avilissement, pour graduellement, la rendre plus forte et plus efficace face aux défis auxquels notre communauté devrait faire face. Mais, ce que je ne savais pas, c'est que j’allais rencontrer une opposition des plus farouches devant tous ces concepts apparemment avant-gardistes et, qu'à force d’être rejeté, à force d'être incompris, j'aurais fini par n'afficher que mépris et misanthropie envers cette jeunesse « aliénée ». Comment pouvaient-ils être aussi aveugles ? Pourquoi ne comprenaient-ils pas ?
Maintenant que moi, j’étais sorti de ma matrice, que je me sentais un homme supérieur, que je pensais être une sorte d’ « élite », appartenant à un ensemble formé des éléments conscients et désaliénés de notre petite communauté, que je croyais être un visionnaire, pourquoi ces pauvres jeunes gens n'adhéraient-ils pas à ma vision ?
Après avoir essayé de contaminer, tant bien que mal, les gens tout autour de moi, avec cette afrocentricité maladive, ce retour aux valeurs Africaines régénérateur, je commençais à comprendre que la démarche de sensibilisation, n'était, comme elle l’avait été pour moi, qu'un chemin de croix individuel. J’allais être obligé de vivre dans la frustration de voir des jeunes Noirs, naïfs, autour de moi, me considérant eux-même, en retour, comme un être arriéré.
Et là, j'ai compris. J'ai compris qu'il n'y aurait jamais de mobilisation sans conscientisation, pas de conscientisation sans sensibilisation, et pas de sensibilisation, en imposant mes convictions.
J'ai de ce fait, décidé, de continuer à apprendre, de continuer à chercher l'Africain dans toute sa subliminance, avec mes livres, tout comme Diogène de Sinope, dit « le cynique » cherchait l'Homme avec sa lanterne. Car, pourquoi aurais-je eu raison là où une majorité de personnes pensait que j’avais tort ? Pourquoi ma différence ne ferait-elle pas de moi le sot plutôt que le sage ?
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Haroun Bérinaute Vétéran
Inscrit le: 12 May 2008 Messages: 8121
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Posté le: Mon May 12, 2008 6:01 pm Sujet du message: |
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Tchoko a écrit: | J’ai donc entrepris, de continuer à m’armer de savoir et, finalement, de remettre en question mon initiale remise en question, sur mon initiale condition d’Africain. Ayant de plus, toujours pensé que le doute avait plus de valeur que les certitudes, pensant que « les convictions étaient des ennemies de la vérité », ne voulant que très rarement suivre le troupeau, même parmi le troupeau des non aliénés, ma propension à m’interroger sur moi même, avait donc repris le dessus sur tous les beaux et nouveaux concepts afrocentristes que je venais d’appréhender.
Quelle fût l’implication réelle des rois nègres pendant la traite ? Pourquoi Nzinga Mbemba, monté sur le trône de l'empire Kongo dès 1506 s'était-il converti au christianisme ? Pourquoi, Cheikh Anta Diop, celui qu’on peut qualifier de plus grand afrocentriste de tous les temps, avait-il une compagne Blanche ? Pourquoi donc, si nous prospérions pendant plus de 15 siècles, des royaumes roulant sur l’or, avons-nous réussi une descente aux abysses aussi vertigineuse ? Aucun ouvrage ne m’apportait réellement réponse satisfaisante. Volonté personnelle et psycho masochiste de contradictions, me dira-t-on? Peut-être, mais pas uniquement.
Même si le dernier questionnement suscité, sur la régression de l’Afrique, a souvent été un argument révisionniste pour dédouaner l’Egypte ancienne de sa coloration négroïde, et que Cheikh Anta Diop y a consacré, en guise de réponse, tout le chapitre V de son « audacieux » Nations, Nègres et Culture, je dois avouer que paradoxalement, après sa démonstration, mon incompréhension se faisait plus forte encore.
En voyant qu’il était tellement clair et évident que l’Afrique eût dans son coeur, la civilisation la plus puissante de l’histoire de l’humanité, sur à peu près tous les plans, des mathématiques à la philosophie, des techniques architecturales à la médecine, je ne pouvais que m’insurger contre nous-mêmes, et me demander, à dépit, si nous n’étions pas devenus aujourd’hui, ce que nous étions hier sans le savoir et que nous serions peut-être encore demain, en le sachant : un peuple exploité, avili, et inapte à pérenniser ses acquis. Et, y avait-t-il réellement un combat ?
Notre présent n’était-il pas et notre futur ne serait-il pas, le simple fruit d’une destinée déjà écrite quelque part, d’un peuple oppressé ?
Finalement, de me demander, « sous-jacemment », si, l’afrocentricité, n’était pas simplement une nouvelle forme de paranoïa racialiste, un énième système d’autodéfense d’une communauté humiliée et meurtrie, une sorte de « black attitude » consistant à nous enfermer dans un repli identitaire prétendument inutile à l'aune de la mondialisation ? Etait-ce réellement la solution ? Etait-ce cette résurrection ? Etait-ce vraiment ce processus d’éveil du Négro Africain dans toute sa splendeur et dans toute sa grandiloquence ?
Etait-ce ce réveil définitif qui changerait cet état victimaire auquel on semble être prédestiné depuis cinq siècles ? L'application qu'on en faisait, n'en atténuait-elle pas l'efficacité ? Ne fallait-il pas, peut-être, la réinventer ? Pouvait-on réellement prétendre être totalement afrocentriste, dans le monde d’aujourd’hui ?
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Haroun Bérinaute Vétéran
Inscrit le: 12 May 2008 Messages: 8121
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Posté le: Mon May 12, 2008 6:01 pm Sujet du message: |
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Tchoko a écrit: | L’espérance
Molefi Kete Asante
© africawithin.com
Même si je pense sincèrement, qu'actuellement, je ne suis pas afrocentriste, qu'il est très difficile de l'être réellement au sens de Molefi Kete Asante, je suis quand même arrivé à me convaincre que, l’histoire de l’Humanité n’était qu’un passage alterné du relais de la puissance civilisationnelle : l'Afrique a été le précurseur avec la civilisation Egypto-nubienne, elle a passé le relais, et elle ne saurait tarder à le récupérer, après le passage des civilisations Chinoise et Hindouïste, qui, à n'en pas douter, constituent la relève imminente, sur le plan international.
Et quelque soient les réponses à mes questions suscitées, je continuerai de penser que, l’afrocentricité, est cette voie que nous cherchons tous. Je continuerai d'y aspirer. Je continuerai d'y croire et de m'en convaincre. Car, si nous, afro descendants, ne vivons pas chaque jour dans la perspective de voir émerger demain, une Afrique debout, forte et combative, personne ne le fera jamais pour nous.
On se doit de se frayer notre propre chemin, on se doit d'écrire notre propre destin. Pour nous, et pour la mémoire de nos anciens. la fatalité Noire, n'est qu'une vue de l'esprit.
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Elan D'Anjou De PimPim
Inscrit le: 12 May 2008 Messages: 10711 Localisation: Dans le Nchoutou
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Posté le: Mon May 12, 2008 9:55 pm Sujet du message: |
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la question qui fait l'objet du débat cest laquelle ? |
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Haroun Bérinaute Vétéran
Inscrit le: 12 May 2008 Messages: 8121
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Posté le: Mon May 12, 2008 11:19 pm Sujet du message: |
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ElanPimPim a écrit: | la question qui fait l'objet du débat cest laquelle ? |
Si tu as compris le concept du quote, je ne fais que citer ce qu'un forumiste avait déjà posté. Je demande implicitement aux forumistes leur avis sur le texte qui à mon sens a un engagement plutôt tranché de la relation du noir au blanc.
Mais tout cela, c'était je pense assez évident dès lors qu'on faisait l'effort de réfléchir un temps soit peu. _________________ Projet de Web TV sur beri.com |
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Elan D'Anjou De PimPim
Inscrit le: 12 May 2008 Messages: 10711 Localisation: Dans le Nchoutou
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Posté le: Mon May 12, 2008 11:20 pm Sujet du message: |
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réponds alors toi même |
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Haroun Bérinaute Vétéran
Inscrit le: 12 May 2008 Messages: 8121
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Posté le: Mon May 12, 2008 11:29 pm Sujet du message: |
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ElanPimPim a écrit: | réponds alors toi même |
Quel est ton but à toi finalement ?
Mon but, je partage globalement la vision de l'auteur, puisque bien que beaucoup plus light, ce que j'avais écrit sur "la sensibilité noire" se rapproche assez du positionnement de Tchoko sur la question.
J'aime bien le fait qu'il ne tende pas vers l'extrémisme qui n'est bon nulle part, mais qu'il soit tout de même conscient de certaines réalités autour de sa vie.
Le titre résume assez bien l'étape de 10 ou 20 ans d'une vie, à savoir de naitre dans une relative inconscience et peu à peu de s'éveiller et de se rendre compte de tout se qui peut bien se passer.
la bonne question est de se demander ce qu'il fera dans la suite et quel positionnement il pourra adopter, puisque ce qu'il a écrit là n'a l'air d'être qu'un prélude. _________________ Projet de Web TV sur beri.com |
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Ndjasso911
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Inscrit le: 14 May 2008 Messages: 9
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Posté le: Mon May 19, 2008 2:27 pm Sujet du message: |
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Ce genre de "plates reflexions" nous apportent quoi concrètement? a mon avis rien du tout.
Nous savons depuis les indépendances que nous devons et pouvons nous prendre en main. Nos pères et grands pères qui ont dirigé nos pays ont fait exactement le contraire en bradant nos richesses et en vendant leur âmes de primos dirigeants aux occidentaux.
a la fin des années 50 certains pays de l'Afrique de l'Ouest (CIV, Ghana, etc..) étaient quasiment au même niveau économique qu'un pays comme la Corée du Sud aujourd'hui puissant moteur de l'économie asiatique. Alors qu'est-ce qui s'est passé, qu'est-ce qu'on a loupé, qu'a-t-on négligé? C'est à ces questions que notre génération doit répondre en urgence et de façon concrète sur le terrain.
C'est intéressant pour l'esprit de faire de la prose sur la domination il y a 3000 ans de la civilisation egypto nubienne et sur les "grandes pensées" de nos grands écrivains et philosophes noirs. Mais à l'heure ou les asiatiques et particulièrement les chinois ont jeté leur dévolu sur le continent noir, il est plus que temps pour nous de réagir si nous voulons conserver et préserver les terres de nos ancêtres.
Nous sommes quasiment en état de guerre. Une guerre qui est et sera sans merci dans un contexte mondial sans foi ni loi où les puissances de l'argent dicteront leur loi. Les combats d'antan sont effectivement remplacés aujourd'hui par les gains/pertes de grands contrats de construction d'infrastructures, l'innovation ou le transfert de connaissances dans les nouvelles technologies, le défi de développer ou non l'agriculture intensive en tuant quasiment les agriculteurs des pays pauvres par l'extension des OGM, etc... la moindre décision prise dans un contexte local aura une répercussion mondiale avec forcément des gagnants et des perdants.
Je veux bien que certains commencent à prendre conscience que les européens, américains et autres asiatiques ne dealent que pour leur propre gueule, que malgré la gentillesse de certains la plupart sont méprisants vis à vis des africains, etc..mais aujourd'hui l'urgence est ailleurs.
Nous africains de la diaspora avont besoin de réagir en collaboration avec nos frères et soeurs de l'intérieur car notre Afrique et notre Cameroun sont déjà à la merci des nouveaux prédateurs. Il suffit de voir dans quelles conditions les chinois ont gagné ces derniers mois la plupart de leurs contrats en Afrique centrale pour nous donner une idée de ce qui risque de se passer dans les prochaines années.
On s'accorde souvent à dire que l'Afrique est mal partie mais dans 10 ou 20 ans on risque de se demander si elle était même présente sur la ligne de départ. |
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meb Bérinaute Vétéran
Inscrit le: 13 May 2008 Messages: 6873
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Posté le: Mon May 19, 2008 2:41 pm Sujet du message: |
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@ Haroun, ce que Elan dit n'est pas bête je trouve, moi j'ai arrêté de lire après 6 lignes, c'est trop. Il faut donc faire soit un résumé, soit dire ce que toi tu penses quand tu lances un tel sujet.
@Ndjasso: d'accord avec toi. _________________ MEKTOUB
Ce n'est pas encore écrit, ça l'était juste...
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Waddle
Inscrit le: 12 May 2008 Messages: 17412
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Posté le: Mon May 19, 2008 3:06 pm Sujet du message: |
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meb a écrit: | @ Haroun, ce que Elan dit n'est pas bête je trouve, moi j'ai arrêté de lire après 6 lignes, c'est trop. Il faut donc faire soit un résumé, soit dire ce que toi tu penses quand tu lances un tel sujet.
@Ndjasso: d'accord avec toi. |
C'est un peu une sorte d'essai Meb.
Je ne vois pas pourquoi il faille forcément donner un avis ou "débattre" la dessus. _________________ la vie c'est le ludo. Parfois tu peux jouer un, parfois tu peux jouer deux chaines quatre comme ca...
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J.D. Invité
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Posté le: Mon May 19, 2008 3:12 pm Sujet du message: |
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Ndjasso911 a écrit: | Ce genre de "plates reflexions" nous apportent quoi concrètement? a mon avis rien du tout.
Nous savons depuis les indépendances que nous devons et pouvons nous prendre en main. Nos pères et grands pères qui ont dirigé nos pays ont fait exactement le contraire en bradant nos richesses et en vendant leur âmes de primos dirigeants aux occidentaux.
a la fin des années 50 certains pays de l'Afrique de l'Ouest (CIV, Ghana, etc..) étaient quasiment au même niveau économique qu'un pays comme la Corée du Sud aujourd'hui puissant moteur de l'économie asiatique. Alors qu'est-ce qui s'est passé, qu'est-ce qu'on a loupé, qu'a-t-on négligé? C'est à ces questions que notre génération doit répondre en urgence et de façon concrète sur le terrain.
C'est intéressant pour l'esprit de faire de la prose sur la domination il y a 3000 ans de la civilisation egypto nubienne et sur les "grandes pensées" de nos grands écrivains et philosophes noirs. Mais à l'heure ou les asiatiques et particulièrement les chinois ont jeté leur dévolu sur le continent noir, il est plus que temps pour nous de réagir si nous voulons conserver et préserver les terres de nos ancêtres.
Nous sommes quasiment en état de guerre. Une guerre qui est et sera sans merci dans un contexte mondial sans foi ni loi où les puissances de l'argent dicteront leur loi. Les combats d'antan sont effectivement remplacés aujourd'hui par les gains/pertes de grands contrats de construction d'infrastructures, l'innovation ou le transfert de connaissances dans les nouvelles technologies, le défi de développer ou non l'agriculture intensive en tuant quasiment les agriculteurs des pays pauvres par l'extension des OGM, etc... la moindre décision prise dans un contexte local aura une répercussion mondiale avec forcément des gagnants et des perdants.
Je veux bien que certains commencent à prendre conscience que les européens, américains et autres asiatiques ne dealent que pour leur propre gueule, que malgré la gentillesse de certains la plupart sont méprisants vis à vis des africains, etc..mais aujourd'hui l'urgence est ailleurs.
Nous africains de la diaspora avont besoin de réagir en collaboration avec nos frères et soeurs de l'intérieur car notre Afrique et notre Cameroun sont déjà à la merci des nouveaux prédateurs. Il suffit de voir dans quelles conditions les chinois ont gagné ces derniers mois la plupart de leurs contrats en Afrique centrale pour nous donner une idée de ce qui risque de se passer dans les prochaines années.
On s'accorde souvent à dire que l'Afrique est mal partie mais dans 10 ou 20 ans on risque de se demander si elle était même présente sur la ligne de départ. |
AMEN. tu as clairement dit ce que je pense, on aurait dit que tu as lu dans mes pensées. |
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meb Bérinaute Vétéran
Inscrit le: 13 May 2008 Messages: 6873
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Posté le: Mon May 19, 2008 3:22 pm Sujet du message: |
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Waddle a écrit: | meb a écrit: | @ Haroun, ce que Elan dit n'est pas bête je trouve, moi j'ai arrêté de lire après 6 lignes, c'est trop. Il faut donc faire soit un résumé, soit dire ce que toi tu penses quand tu lances un tel sujet.
@Ndjasso: d'accord avec toi. |
C'est un peu une sorte d'essai Meb.
Je ne vois pas pourquoi il faille forcément donner un avis ou "débattre" la dessus. |
même dans le cadre d'un essai, on peut faire un petit résumé de ce qu'on a dit ou de ce qu'on va dire non?
surtourt qu'il appelle tout de suite des réactions des autres forumistes (c'est Haroun lui même qui le fait) _________________ MEKTOUB
Ce n'est pas encore écrit, ça l'était juste...
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Forêtbar
Inscrit le: 13 May 2008 Messages: 479
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Posté le: Mon May 19, 2008 3:50 pm Sujet du message: Re: de la naïveté à l'afrocentricité : itinéraire d'un alién |
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de la naïveté à l'afrocentricité : itinéraire d'un aliéné
Haroun a écrit: | Tchoko a écrit: | Né quelques années au lendemain des indépendances, en plein coeur de l’Afrique centrale, j’ai pendant longtemps, vécu ma petite vie de jeune Nègre tout à fait « normalement », allant à ce qu’il conviendrait d’appeler une dérivation de l’école coloniale occidentale, sous forme d'accords de coopération. Tout cela, insouciamment, transportant inévitablement avec moi, ma condition d’esclave qui s’ignorait.
Petit à petit, j’ai grandi, évoluant lentement dans mon biotope d'inconscient, faisant tout doucement, mon bonhomme de chemin et évitant, les petits écueils de la vie qui se présentaient à moi. J’apprenais, naturellement, l’histoire et la géographie de mes prétendus ancêtres d’alors, les Gaulois. Première guerre, deuxième guerre, saut rapide dans la colonisation, explication légère du concept de commerce triangulaire, brèves présentations de quelques figures que je finissais par ne pas trouver particulièrement légendaires telles que Ruben Um Nyobé ou Ernest Ouandié, tellement leurs histoires étaient mal contées.
Et voilà ! J’avais fait le tour de « MON » histoire. Je pouvais parler du débarquement de Normandie et me féliciter de la victoire des alliés sans sourciller sur les dates et les étapes. Mais j'ignorais tout du sultan Njoya, du roi King Akwa et de tous ceux qui auraient dû marquer mon enfance d'Africain.
Pour ce qui est de la littérature, quelle joie n’était pas la mienne lorsque je me plongeais dans Britannicus de Jean Racine, décortiquant ainsi, les aventures de Néron, Agrippine sa mère, Burrhus, et toute leur clique. Et puis il y’avait aussi Germinal, d’Emile Zola, Les mains sales de Sartre, Le procès de Kafka, Le cid de Corneille, Candide de Voltaire et bien d’autres.
J’avais, en quelques années, fait le tour de littérature française. Il faut avouer que j’avais quand même lu, dans le cadre scolaire, quelques ouvrages de la littérature Négro Africaine tels Ville Cruelle de Mongo Beti, Les trois petits cireurs de Francis Bebey, et Black Boy de Richard Wright, qui m’avaient plutôt, réellement passionné et dont je m’étais vraiment délecté. Mais…dans mon for intérieur, je ne pensais franchement pas que je pouvais me démarquer scolairement du reste de la classe, en maîtrisant des lectures de Nègres. Le pire, c'est qu'on apprenait aussi le latin. Pas une trâce d'idiome africain; d'ailleurs, quel élève aurait voulu passer pour le « villageois » de service, dans ce grand lycée en plein coeur de la métropole ?
Etudiants
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Après ces quelques 15 années d’études, j’étais donc toujours le Nègre insouciant que j’avais été à la naissance, à quelques acquis académiques près, et des bribes d'informations, glanées ça et là sur les Noirs, qui avaient, disait-on, été malencontreusement victimes d’un coup du sort entre 1400 et 1900.
Je m'étais, au détour de quelques émissions télévisées, posé des petites questions innocentes, à savoir pourquoi Jésus avait toujours été Blanc ? Pourquoi Tarzan, roi de la forêt en plein cœur de l'Afrique était-il Blanc ? Pourquoi le Diable était-il représenté comme Noir ? Pourquoi tout ce qui était mauvais, illégal était très souvent affublé de l'épithète « noir » ? Pourquoi vénérions nous autant l'homme Blanc ? Pourquoi, personnellement, avais-je plus de respect pour mes professeurs Blancs ? Mais bon, je n'avais jamais envisagé approfondir ces questions, me disant que ça devait être un coup du sort, et que, le monde était ainsi fait.
L’âge de la maturité ayant été atteint, était venu le moment pour moi, de voler vers d’autres horizons, vers l’occident, vers l’Europe, vers la France, le pays de mes soi disant ancêtres.
Le système éducatif dans lequel j'avais été cantonné depuis la maternelle m'avait préparé; préparé à être une de ses futures « élites jouets » à la solde de leurs maîtres occidentaux, préparé à être un de ces innombrables intellectuels de langue française que l'Afrique révulse, un de ces multiples et dangereux émules de Sédar Senghor. J'étais prêt, à aller effectuer la dernière phase de mon voyage mental, initiatique, de « pion » au service de l' « occidentomanie ». Au service de la « francophilie ». Dans le pays des droits de l’Homme. Dans ce pays dont j’étais si fier. Dans ce pays qui avait soi disant contribué par l'invasion coloniale, à amorcer le processus de développement en Afrique, et annihilé la sauvagerie de l'homme Noir.
En fait, quand j'en fais la rétrospective, je n'étais que disposé à m'envoler pour le pays du code Noir, le pays des esclavagistes, le pays de la ségrégation, le pays du racisme. Mais tout cela, je l'ignorais totalement à l'époque. Trop jeune, trop naïf, trop
borgne, que dis-je, trop aveugle, pour entendre les cris de détresse de tout un peuple.
Envolé pour ce pays que je pensais être une terre d’accueil, les premiers problèmes ont commencé à se poser dès mes premiers pas sur le sol Français. Ma différence était palpable. J’avais beau rencontrer tout un tas de Noirs, - qu’on appelait bizarrement tous immigrés, même pour ceux des Noirs qui, contrairement à moi, ne connaissaient pas autre chose que ce pays et n’en avaient jamais bougé.
Où était donc la notion de migration, de déplacement ? - je commençais à sentir que je n’étais pas chez moi. Le logement, compliqué. Le travail, compliqué. L’école, compliqué. Les Noirs étaient parqués dans les quartiers les plus désoeuvrés socialement et commençaient même à me faire peur. J'en voyais à la télévision mais uniquement pendant les matches de foot, ou dans les clips Américains. Tout était devenu subitement psychologiquement plus compliqué dans mon existence, j’étais constamment renvoyé à ma couleur de peau et les quelques camarades occidentaux que j'avais, aimaient à m’appeler gentiment « Bamboula » tout en me demandant incessamment, comment on vivait en Afrique, s’il y’avait beaucoup de singes, si on vivait dans des maisons, et plein d’autres questions que je trouvais d’une bêtise déconcertante, voire révoltante.
J’ai donc compris qu’il y’avait un malaise. Comment pouvaient-ils être aussi ignorants de l’Afrique alors que je connaissais tout ou presque de la France ? Comment pouvaient-ils être aussi méprisants envers cette Afrique que leurs chefs d’Etats prenaient plaisir à exploiter, alors que d'un autre côté, nous, Africains, les admirions tant? |
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mon frere meme le titre me fait peur .au fait tu do quoi comme boulot . tu aime tres bien des debat tres intellectuel. |
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Haroun Bérinaute Vétéran
Inscrit le: 12 May 2008 Messages: 8121
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Posté le: Mon May 19, 2008 6:17 pm Sujet du message: |
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Je ne sais pas si vous avez lu la première ligne du message, mais c'est écrit "Tchoko a écrit". Ce n'est pas de moi cet écrit, mais de Tchoko. Je l'ai juste repris parce que j'aimais bien.
Et bien que provocateur, le titre illustre bien selon moi la nature même de la françafrique.
Simple question, est-ce normal que même dans les bd qui se passent au milieu des forêts africaines, le héros qui vit dans la jungle et parle aux animaux soit blanc ? (Akim, Zembla, Tarzan...)
Je ne dis pas que c'est révoltant, mais c'est assez anormal. Si quelqu'un faisait un film avec un Jésus noir, ou Arthur, Jeanne d'Arc, Gengis Khan noirs, ça ne passerait pas du tout je pense.
Voilà un petit genre de choses qui sont en effet peu importantes qui font qu'on peut effectivement se considérer comme aliénés. _________________ Projet de Web TV sur beri.com |
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J.D. Invité
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Posté le: Tue May 20, 2008 2:10 pm Sujet du message: |
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Haroun a écrit: |
Je ne dis pas que c'est révoltant, mais c'est assez anormal. Si quelqu'un faisait un film avec un Jésus noir, ou Arthur, Jeanne d'Arc, Gengis Khan noirs, ça ne passerait pas du tout je pense.
Voilà un petit genre de choses qui sont en effet peu importantes qui font qu'on peut effectivement se considérer comme aliénés. |
Jésus était blanc.
Jeanne d'arc était blanche
L'autre là je ne sais pas qui c'est.
Toi tu serais content si on faisait un film sur la vie de Mandela avec un mandela blanc??? |
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afro Bérinaute Vétéran
Inscrit le: 17 May 2008 Messages: 5067
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Posté le: Tue May 20, 2008 2:31 pm Sujet du message: |
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Citation: | Simple question, est-ce normal que même dans les bd qui se passent au milieu des forêts africaines, le héros qui vit dans la jungle et parle aux animaux soit blanc ? (Akim, Zembla, Tarzan...) |
bien sur que c'est totalement anormal et meme révoltant
pour aller dans ce sens, j'écoutais un jour un africain parler au sujet de la religion :
si tu demandes aux blanc de dessiner son dieu, il dessine un blanc
tu demandes a un ane de dessiner son dieu, il dessine un ane
tu demandes un arabe, pareil
tu demandes a un noir, il dessine un blanc et peut être meme un âne
sur le coup ca ma fait rire, mais après j'ai compris a kel point c'était vrai
Citation: | oilà un petit genre de choses qui sont en effet peu importantes qui font qu'on peut effectivement se considérer comme aliénés. |
si si c'est important, et oui nous sommes aliénés à un point meme _________________ [quote="afreaka"][quote="foxyforever"]Tant que l'amour existera, il n'y aura pas de Rwanda au Kmer.[/quote] l'amour n'existait pas au rwanda?[/quote] |
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Nji
Inscrit le: 15 May 2008 Messages: 15135 Localisation: Koundja
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Posté le: Tue May 20, 2008 2:40 pm Sujet du message: |
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Tarzan et Zembla sont Blancs et Alors?? Kunta Kinté et Shaka Zulu sont Noirs aussi.
Tu me demandes de dessiner Dieu, je le dessinerai Blanc parceque c'est la religion du Blanc avec ce Dieu Blanc là.
Tu me demande de dessiner GniGni, je le dessinerai avec des traits Bamouns parceke celui là vient de ma religion à moi.
Il faut cesser un peu de manipuler la moindre chose qui vous tombe sous la main. _________________ L'homme cherche à être heureux, alors que la société tente vainnement à le rendre bon, NJI. |
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meb Bérinaute Vétéran
Inscrit le: 13 May 2008 Messages: 6873
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Posté le: Tue May 20, 2008 3:31 pm Sujet du message: |
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Haroun a écrit: | Je ne sais pas si vous avez lu la première ligne du message, mais c'est écrit "Tchoko a écrit". Ce n'est pas de moi cet écrit, mais de Tchoko. Je l'ai juste repris parce que j'aimais bien.
Et bien que provocateur, le titre illustre bien selon moi la nature même de la françafrique.
Simple question, est-ce normal que même dans les bd qui se passent au milieu des forêts africaines, le héros qui vit dans la jungle et parle aux animaux soit blanc ? (Akim, Zembla, Tarzan...)
Je ne dis pas que c'est révoltant, mais c'est assez anormal. Si quelqu'un faisait un film avec un Jésus noir, ou Arthur, Jeanne d'Arc, Gengis Khan noirs, ça ne passerait pas du tout je pense.
Voilà un petit genre de choses qui sont en effet peu importantes qui font qu'on peut effectivement se considérer comme aliénés. |
pour les personnages de bd, il faut voir pour qui elles ont été faites, et de quoi elles parlent (de colons donc blancs, d'un européen né en afrique, donc blanc, etc...) et la cible c'est le public européen (en tout cas à la base c'était ça)
pour les personnages historiques (ayant ou non existé), le débat ne se pose pas, ils étaient blancs ou ils ne l'étaient pas.
Le fait que tu poses la question m'amène à faire la même réponse que dans le topic où tu partlais de sensibilité. Pourquoi veux tu que les blancs louent les noirs? pourquoi les noirs doivent ils attendre cette reconnaissance là? ne peuvent ils pas s'auto reconnaitre? Pourquoi n'as tu pas parlé de kimbo, kouakou et autres bd avec des héros noirs? si quelqu'un trouve que les bd ne montrent que des blancs, au lieu de pleurer, il peut faire des bd de noirs, non? que l'action se passe à Tombouctou, à Tokio ou à Toronto. _________________ MEKTOUB
Ce n'est pas encore écrit, ça l'était juste...
sur http://mebene.over-blog.com/ |
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meb Bérinaute Vétéran
Inscrit le: 13 May 2008 Messages: 6873
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Posté le: Tue May 20, 2008 3:33 pm Sujet du message: |
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afro a écrit: |
si si c'est important, et oui nous sommes aliénés à un point meme |
n'est aliéné que celui qui veut bien l'être.
Et les gens trouvent toujours des raisons d'être aliénés _________________ MEKTOUB
Ce n'est pas encore écrit, ça l'était juste...
sur http://mebene.over-blog.com/ |
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