Sur le podium légèrement illuminé de la salle des spectacles du Palais des congrès de Yaoundé, vendredi dernier, Marie Audrey Delphine Bea Mbong déverse des flots de larmes, comme pour se soulager du stress et de la longue et difficile attente qui l'ont conduite à ce stade de la compétition. La nouvelle Miss Cameroun, vêtue d'une agréable robe en soie bleue avec un décolleté strict, semble ne pas croire en ce qui lui arrive. Le rêve continue pourtant. Alors qu'elle se soumet, en compagnie de ses trois dauphines: Aïssatou Hamatoukour de l'Adamaoua, Delphine Laurence Zhanga-Tsogo du Centre et Gertrude Fadimatou Bonai du Nord, à la traditionnelle séance de photo qui sanctionne la cérémonie, ses parents, parfois venus d'autres villes du pays, piaffent d'impatience. D'énormes bouquets de fleurs entre les mains, ils sont heureux de voir leur chère enfant sur la première marche du podium.
Derrière les larges rideaux en taffetas de couleur rose et verte qui séparent la scène des coulisses, loin de cette euphorie, les onze autres filles, sorties dès le premier tour, sont en détresse. Pour elles, les résultats étaient connus dès le départ. Et la mascarade a été dévoilée.
Dans cette ambiance, le pas se fait lourd lorsqu'il faut congratuler la nouvelle reine de la beauté camerounaise, et satisfaire au protocole. Du côté du Comité d'organisation miss Cameroun (Comica), on évoque "les frustrations qui ne peuvent être que naturelles. Chacune des filles est venue pour remporter la couronne et il est normal qu'elles pensent toutes que cela aurait dû être elle qui serait l'heureuse élue". Une bien triste réalité pour cette dizaine de filles, mais également pour le public peu nombreux qui, croyait alors au projet du Comica. Espérant certainement se plonger, comme cela fut le cas le 31 octobre dernier, à l'occasion du concours de beauté Miss Afrique Centrale, dans un monde enchanteur. Et vivre des moments exceptionnels qui leur permettraient d'oublier, l'espace de quelques heures, les vicissitudes de leur existence, et de se laisser emporter par la magie du moment. Cette magie que l'on a cherchée, en vain, au cours d'une soirée longue de près de six heures, et pendant laquelle certains invités ont très vite plié bagages. "Nous n'avons pas procédé, avant le début de la cérémonie, aux différents réglages, au chronométrage des différents passages. C'est pour cela qu'à la fin, on a dû faire face à cette situation.
Rien n'a été respecté", confiera plus tard Hans Mbong Un décor plus gai, sur une scène moins surchargée (plants de bananiers, paille, cases miniatures…), une meilleure synchronisation des mouvements des filles qui, selon certains, n'auraient découvert les lieux que quelques heures avant le début de la soirée, un panel d'artistes plus fourni et fouillé, leur aurait certainement donné des raisons de s'attarder un peu plus. Point de jeux de lumières, non plus. Des facteurs dont la négligence prouve qu'en deux éditions, il reste encore beaucoup à faire à la jeune équipe d'organisation au sein de laquelle on se rejette mutuellement les torts.
Malgré tout, c'est presque sereinement que l'on envisage l'avenir. Même si la situation financière du Comité n'est pas des plus enviables, les sponsors ne se bousculant pas aux portes. Des projets sont élaborés pour le quatuor gagnant de vendredi dernier. La préoccupation de l'heure étant l'organisation de la cérémonie de remise officielle des présents offerts à la Miss et ses dauphines.
Dorine Ekwè, Quotidien Mutations
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