Rechercher
Rechercher :
Sur bonaberi.com   Google Sur le web Newsletter
S'inscrire à la newsletter :
Bonaberi.com
Accueil > News > Société
Etre ou ne pas etre.... camerounais
(21/10/2004)
Feymania : Des Camerounais au Far-East .Ils ont mauvaise presse en Afrique australe, mais se plaisent à raconter leurs forfaits.
Par Léger Ntiga , Mutations
A l'angle droit de la salle de transit du Jomo Kenyatta Airport, un jeune homme, la trentaine à peine, est assis sur la plancher. Son regard vague, est fuyant. L'expression d'un problème intérieur... Moses, ainsi qu'il se prénomme, porte une barbe de plusieurs jours. Cette petite touffe et une moustache tout aussi touffue donnent à son visage mince les allures d'un guerillero sorti des maquis d'Amérique centrale. Au bout de quatre heures de silence, ce vendredi 08 octobre 2004, Moses se résout à faire part de sa préoccupation avec son voisinage de cet espace de la zone internationale de l'aéroport international Jomo Kenyatta de Nairobi..
Premier recours, un groupe de journalistes camerounais en détresse auprès de qui, le jeune Camerounais croit trouver du réconfort. " Excusez-moi messieurs. En plus de ce que vous vous exprimez en français, j'ai reconnu M. Kana, que j'ai régulièrement vu sur le petit écran. S'il vous plaît, il faut me venir en aide. Je suis perdu et il me faut impérativement rentrer au pays.


Pouvez-vous me payer un titre de transport Nairobi-Douala? Je vous serai très reconnaissant ", leur dit Moses. Intrigués, les six journalistes s'interrogent sur son état mental. " Rassurez-vous! Je vais bien et même très bien ", réagit-il, avec son accent anglophone bien du Cameroun.
" Je suis né dans un village aux environs de Mamfé, dans la province du Sud-Ouest au Cameroun. Mais je passe la plus grande partie de mon temps à Yaoundé où mes parents travaillaient depuis ma tendre jeunesse. Après des études supérieures à l'Université de Yaoundé, faute de travail, je me suis mis à vendre des vêtements au marché central de Yaoundé. Au cours du moi de février dernier, mon frère m'a appelé de Dubaï, où il vit depuis plus de cinq ans. Il m'a conseillé de le rejoindre pour élargir mes opportunités d'affaires. Il estimait alors qu'il était possible pour moi d'acheter certains articles à Dubaï à vil prix, pour les revendre au Cameroun. Pour cela, il m'a demandé de préparer cinq millions de Fcfa ", affirme-t-il


" J'ai réussi à en réunir six à mon départ du pays. Il s'agissait pour moi de mettre cinq millions à contribution pour la couverture de mes achats, et un million pour le voyage. C'est finalement à la fin du mois de septembre dernier que j'ai décidé de me rendre à Dubaï dans les Emirats arabes unis (Eau). A mon arrivée, il m'a bien accueilli et, comme convenu au téléphone, il m'a installé à l'hôtel. Seulement, tout s'est détérioré dès le lendemain de mon arrivée, dans la soirée. Nous avons mangé à mon hôtel. Comme il s'est chargé d'offrir les boissons, il en a profité pour y introduire des produits pas sains. Je me suis endormi et il en a profité pour me spolier de mon argent. Pendant une semaine, je croyais le revoir, il n'a pas fait signe de vie et je me suis remis en route ".
Face à l'impuissance de ses compatriotes à lui venir en aide, puisqu'étant eux-mêmes en difficulté, Moses qui ne décolère pas, se met à raconter son histoire à qui veut l'entendre. Notamment à toute la colonie camerounaise de la zone de transit ici. Sans succès! Il n'obtient pas d'aide des Camerounais présents au Jomo Kenyatta Airport.


Désemparé, Moses qui, de plus en plus, ne pense plus à retourner au pays, comme il est de coutume de le dire ici, envisage très sérieusement de sortir frauduleusement de l'aéroport, pour quitter le Kenya où les ressortissants camerounais sont désormais indésirables. Prêt à tout désormais pour survivre, il sait ce qui lui reste à faire. " J'ai honnêtement tout tenté pour assurer mon retour au pays. En vain. Je sais à présent que je dois prendre mes responsabilités. J'espère que personne ne me fera le reproche de m'être laissé aller ou de sombrer dans des activités humiliantes ", prévient-il sûr de lui-même.
Décidé à poursuivre sa vie sur terre, c'est un Moses désormais hanté par " le combat " qui disparaît de la circulation. Il doit quitter Nairobi au plus Vite. Nairobi où les Camerounais sont des pestiférés. Depuis de nombreuses années, en effet, ils ne sont plus bienvenus au pays de Mwai Kibaki. En son temps déjà, son prédécesseur, Daniel Arap Moï, avait donné des instructions fermes pour que le visa d'entrée au Kenya ne soit plus délivré à un Camerounais.



A ce propos, la communauté des pères palotins résidant au Cameroun se souvient des déboires de sa délégation au Kenya au cours de l'année 2003. En effet, partis du Cameroun pour une série de récollections avec les autres communautés du monde, au Kenya, les ressortissants des autres pays du monde ont été autorisés à entrer dans le territoire kenyan, à l'exception des compatriotes de Roger Milla, le seul Camerounais digne à leurs yeux de respect. Les prêtres camerounais ne seront admis à séjourner dans ce pays qu'après de longues heures de négociations et, surtout, une intervention expresse au plus haut niveau de l'Eglise catholique romaine

Persona non grata
L'histoire des Camerounais à Nairobi est un tableau très noir. Sa trame constituée de l'épique, mais vrai passage du célèbre Donatien Koagne à la présidence de la République kenyanne, de larcins, assassinats, filouteries et autres escroqueries perpétrés par des Camerounais qui sont passés par là ou y ont séjourné de temps à autre. Selon l'un des responsables de l'aéroport international Jomo Kenyatta de Nairobi, Peter Ambo Wangui, la présence d'un Camerounais dans leur pays suscite toujours une grande frayeur depuis le coup de Donatien Koagne dans ce pays.
" Il a abusé de la confiance de l'ancien président de la République. Ils étaient très proches. Vraiment, le président Arap Moi le prenait pour son ami. Il passait le plus clair de son temps ici à Nairobi. Je le sais parce que j'étais déjà en poste ici, à l'époque. En 1994, au plus fort de la crise économique, il aurait affirmé au chef de l'Etat qu'il pouvait multiplier la masse monétaire du Kenya par deux ou trois. Mis en confiance, le président a accepté l'offre et convoqué des réunions au niveau le plus élevé de l'Etat.



C'est ainsi que beaucoup d'argent a été mis à la disposition de M. Koagne et des banques se sont vidées. Il a embarqué ici avec des cantines d'argent qui ne sont jamais revenues. D'autres Camerounais comme lui ont commis des meurtres, divers braquages et de nombreux autres crimes dans différentes contrées du Kenya. Des crimes qui ont poussé les autorités du pays à fermer l'accès au territoire kenyan à vos compatriotes ".

Cette histoire que racontent fiévreusement Beatrice Nyakaya et Peter Ambo Wangui, est reprise par nombre d'officiels kenyans, dont le ministre de la Jeunesse et des Loisirs de ce pays. De passage au Jomo Kenyatta airport où il raccompagnait une délégation le 08 octobre en fin de matinée, il a échangé avec quelques uns des journalistes camerounais en détresse à l'aéroport. Au moment de prendre congé de ses interlocuteurs, le ministre kenyan a, derrière un rire jaune, évoqué cet épisode de Donatien Koagne, qui semble avoir marqué une génération de Kenyans.
D'où certainement, ce " je ne peux vraiment rien pour vous ", que lance le ministre, au moment de quitter ceux qu'il appelle pourtant ses amis. Et d'ajouter que " vous êtes peut-être victimes de votre naissance aussi ".


Les Camerounais vont se battre. Pour ce faire, ils ont jeté leur dévolu sur l'Asie, où ils se livrent à une sorte de conquête de l'Est. Leur ruée vers ce continent est telle qu'ils se retrouvent dans tous les vols à destination de Nairobi. La capitale de ce pays, est le principal carrefour des retrouvailles entre ceux des compatriotes qui vont et qui reviennent de Dubaï, cet émirat que tout le monde cite comme un eldorado. Mais aussi de Capetown, Dar-es-Salam, Hong-Kong, Seoul, Johannesburg, Pretoria, Mumbaï, Singapour, Luanda, Lusaka etc. Dans ces pays d'Asie du Sud-Est et d'Afrique australe et de l'Est, les Camerounais qui prétendent quitter leur pays pour se faire une vie au soleil ailleurs, y parviennent à tout prix et à tous les prix.


La conquête de l'Est
Le 08 octobre dernier par exemple, on a tout appris de leur vie dans les différents pays d'accueil. Arrivés à 04h du matin en provenance de Douala et de Dubaï, ils ont défini avec frayeur, ce qu'ils entendent par "aller se battre ". " Nous sommes les dignes représentants du courant couper-décaler ". Pointant du doigt Philippe Fotsing, le caméraman de la Crtv, André Temong a affirmé qu'ils ne laissent rien de côté quand ils sont au front. " Grand-frère, si tu t'éloignes de ta caméra là pendant dix secondes, on la frappe et on continue notre route. Je vous dis que nous prenons tout ce que nous voyons. Si, par exemple, on s'aperçoit que vous avez un gros paquet de dollars ou d'Euros, c'est sans pitié qu'on vous casse le cou et on passe. Nous ne faisons pas que prendre ce qui ne nous appartient pas. Nous allons à Dubaï d'abord pour effectuer des achats de marchandises. Mais, très souvent, il arrive qu'on noue d'autres relations d'affaires avec les opérateurs qui veulent commercer avec notre pays. Dans ce cadre-là, s'ils mettent de l'argent à notre disposition pour quelque clause, on coupe et on décale ", s'évertue-t-il à expliquer


Dans le même ordre d'idées, Ben, un jeune homme de 35 ans, originaire de la province du Sud Cameroun affirme avoir offert 10 millions de Fcfa à sa mère pour le lancement des travaux de construction de la case familiale à Yaoundé. «Nous prenons d'énormes risques pour qu'on ne puisse pas, à certains moments, nous faire plaisir. Les gens disent que nous ne sommes pas d'honnêtes gens. Je dis que c'est faux. Nous sommes exactement comme ces joueurs de football qui signent des contrats et refusent subtilement de jouer après, au prétexte qu'ils ont perdu des parents au pays. Lorsque je traite avec mes partenaires, s'ils m'offrent la moindre possibilité de les doubler dans une affaire, je le fais sans pitié et j'ai la conscience tranquille. Au nom de quoi va-t-on dire que je ne suis pas sérieux? ", s'interroge-t-il


Le chemin de l'Est comporte ses risques, ses joies et faits d'armes. Elandi, un jeune Camerounais aujourd'hui installé au Brésil, se souvient avoir vu deux de ses compatriotes ensevelis vivants à Luanda en 2002. Il n'eut la vie sauve que grâce à son passeport congolais. Pour lui, au Kenya comme en Angola ou par tout ailleurs en Afrique australe, être Camerounais n'a rien d'enviable. La preuve, le 08 octobre, tôt le matin, Clement Mburu, le tenancier d'une Pme spécialisée dans les transmissions téléphoniques internationales, s'est présenté devant les journalistes camerounais bloqués à Nairobi, qu'il soupçonnait d'avoir volé un de ses téléphones portables la veille. Confondu, il s'est retiré sans mot dire






Partager l'article sur Facebook
 
Discussions Discussion: 4 bérinautes ont donné leur avis sur cet article
Donnez votre opinion sur l'article, ou lisez celle des autres
Sur copos Sur Copos
Les vidéo clips Les vidéos clips
Récents Récents


Accueil  |  Forum  |  Chat  |  Galeries photos © Bonaberi.com 2003 - 2024. Tous droits de reproduction réservés  |  Crédit Site