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K-Tino : l'ascenseur de la chanson féminine
(25/07/2004)
"Je suis belle. J'ai un beau corps!" Fidèle à elle-même, K-Tino n'hésite pas à se mettre en valeur, en foudroyant son interlocuteur d'entrée avec des déclarations fracassantes. Elle ne s'embarrasse pas pour dire tout haut, avec fierté, ce que d'autres chuchotent tout bas...
Par Rédaction

"Je suis belle. J'ai un beau corps!" Fidèle à elle-même, K-Tino n'hésite pas à se mettre en valeur, en foudroyant son interlocuteur d'entrée avec des déclarations fracassantes. Elle ne s'embarrasse pas pour dire tout haut, avec fierté, ce que d'autres chuchotent tout bas. Avec audace et liberté de ton, cette femme entière répond à toutes les questions, même s'il faut botter en touche. Comme quand nous lui avons demandé jusqu'où elle était allée à l'école : "je sais lire et écrire, ça me suffit!". C'est sur son métier, la musique, qu'elle est intarissable, et parfois désagréable au goût de certains. Elle parle sans arrêt, avec passion, et même avec dévotion. La piraterie lui scie le coeur, et K-Tino n'a que des mots durs pour en parler. "Un pauvre ne peut pas acheter du matériel pour 22 millions de Fcfa, pour fabriquer des cassettes et des disques piratés.

Ces gens passent par la douane pour entrer au Cameroun avec leurs produits. C'est donc le gouvernement qui entretient la piraterie; sinon, il aurait déjà frappé du poing sur la table", repète t-elle dans un accès de colère. On sent que le problème lui tient à coeur. "Tu arrêtes un pirate, le lendemain il est en liberté. Cette année, on m'a piraté deux albums avant leur sortie officielle. Au Bénin, il a fallu que l'on découpe des fraudeurs avec la machette pour que le phénomène cesse. Veut-on nous conduire à cette extrémité au Cameroun?" A titre personnel, "la femme du peuple", comme elle se fait appeler, a déjà pris une résolution. En ce moment, elle est en studio et dans quelques semaines, elle compte sortir un album en duo avec sa fille de 9 ans : "J'attends que l'on pirate l'album de ma fille, et je vais me faire justice!".




Bête de scène


Changez donc de sujet, et ne parlez plus de piraterie, si vous voulez à nouveau voir la K-Tino détendue, celle que le public connaît et adore. La grande dame de la chanson camerounaise à l'inspiration débordante et aux textes souvent jugés provocants. Il n'y a d'ailleurs pas que les textes qui sont très hot chez K-Tino. Prenez la fiche de son Cd "Ne pousse pas le bouchon...loin", où la vedette du bikutsi dévoile sa généreuse poitrine. "L'artiste, c'est quelqu'un qui crée", se défend-elle, fière d'une carrière jalonnée de succès. "Un vrai Béti ne peut pas critiquer mes textes. Je suis une poète, qui fait renaître des mots qui commençaient à être oubliés, tels que "odjomo djomo" qui est un condiment, la petite Adeda", explique t-elle, sourire à l'appui. Et de poursuivre, comme pour clore un débat qui apparaît sans objet à ses yeux : "Chacun tire ce qu'il veut de mes chansons. Il y'en a qui aiment la mélodie, d'autres qui adorent le texte. Il y'en a même qui se masturbent en écoutant mes chansons. De toutes les manières, si les gens achètent, c'est que ça leur plaît. On ne va pas les comprimer".

La chanteuse la plus adulée du Cameroun de l'heure va sans doute encore remplir les salles les 30 et 31 juillet prochain à Douala, et les 7 et 8 août à Yaoundé, dans un concert explosif en compagnie d'Awilo Longomba, Sergéo Polo et le Richard Band de Zoétélé. Véritable bête de scène, avec des tenues chaque fois osées, elle a l'habitude du spectacle live. Elle garde comme meilleur souvenir un soir où elle éclipsa une vedette congolaise à Yaoundé : "J'ai fouetté Koffi Olomidé au Palais des Congrès. C'est là où j'ai compris que je suis une vraie Camerounaise. On n'a pas triché pour me mettre au monde; ma mère m'a enfantée avec mon père". Les mots de l'artiste sortent de la bouche comme des balles d'une mitrailleuse de 20mm. Si elle est une femme libérée, c'est parce qu'elle a grandi dans une famille nombreuse. Son père, qu'elle a perdu très tôt, avait 18 épouses, dit-elle.

Cette autochtone de Yaoundé est sur les traces de son père. Elle revendique beaucoup d'enfants, sans en préciser le nombre, dont plusieurs ont été adoptés. Si sa carrière d'artiste, commencée au tout début des années 90 aux côtés de Sala Bekono et des Zombies de la capitale, l'amène à vivre entre Paris et Yaoundé, elle tient à sa vie de famille et à son mari. Contrairement à ce qu'on pourrait croire...

D'où tire donc "K-Tino Viagra" ce succès incontestable? "La musique est un métier propre, même s'il ne paie pas. Mais, on peut s'en sortir si on travaille et si on sait s'organiser", dit-elle dans une foudroyante sérénité. Elle n'omet pas de mentionner la montagne de problèmes qui jalonnent le quotidien de sa carrière. Ni ses débuts, plutôt difficiles, sur le plan médiatique. "Des gens m'ont beaucoup soutenue, notamment des journalistes de la presse écrite, qui m'ont fait découvrir au public. A cette époque, personne ne voulait me recevoir à la radio ou à la télévision. Aujourd'hui, je suis devenue une femme rare que se disputent les médias. Mais, rien ne m'a été donné. J'ai patiemment bâti mon chemin, parce que ce que je fais, je ne le fais pas au hasard". K-Tino peut en effet être fière de son parcours. Après 14 ans de carrière au sommet, elle est consciente d'avoir "laissé un nom". Elle se dit bien entourée, et est fidèle à l'équipe qui l'accompagne depuis ses débuts, autour d'Ebogo Emérant.

L'inspiration lui vient de la vie de tous les jours, même si d'aucuns n'y voient que la relation homme-femme, l'amour. "Je suis une espionne de la vie. Je chante ce que nous tous nous vivons. Et je n'aime pas les conflits, c'est pourquoi je chante l'amour, la vie et la mort qui nous attend tous", clame celle qui dit aimer tout ce qui est bien fait. C'est pourquoi, dans sa jeunesse, elle n'a pas eu de modèle en tant que tel, mais a voulu ressembler à toutes celles et tout ceux qui chantent bien. A ceux qui lui reprochent de ne pas être engagée, rappelons qu'elle a tout de même chanté pour la prévention contre le sida (Le condom c'est bon). "Nous sommes tous exposés. C'est la famine qui apporte le sida: quand un contaminé propose 20.000F à une nécessiteuse, est-ce qu'elle peut résister? Il y a aussi la polygamie, qu'il faut bannir". "La petie Adeda" parle comme elle chante : avec une aisance déconcertante. Elle se surprend même à faire remarquer au journaliste qu'il n'a pas posé toutes les questions. En effet, comment peut-on interroger une dame qui a réponse à tout ? K-Tino, une femme vraiment unique.

Emmanuel Gustave Samnick




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