A la suite de l'auteur, on remerciera volontiers Jamie, sa femme. Selon Jacques Bonjawo, en plus de la demande manifestée par des jeunes de divers coins du continent africain, c'est en effet elle qui l'a encouragé à entreprendre le projet d'écriture de "Mes années Microsoft, Un Africain chez Bill Gates", le livre autobiographie récemment imprimé aux Etats-Unis, et qu'il compte mettre sur le marché dans les prochains jours. "Après près de dix ans de collaboration intense et fructueuse", le Camerounais a en effet, contre toute attente, décidé de quitter l'un des groupes les plus prestigieux du monde, Microsoft, pour lequel certains ingénieurs informaticiens donneraient tout ne serait-ce que pour un stage !
Le 1er septembre 2006, date à laquelle la décision de "changer de cap" est prise, la plupart d'Africains s'en sont émus, se demandant ce qui a bien pu motiver Jacques Bonjawo. Dans son dernier livre, le désormais ancien "microsoftie" - du nom donné aux travailleurs de chez Microsoft - donne quelques éléments de réponse. "J'ai tout simplement estimé qu'il était temps de changer de cap, de faire autre chose ; il me fallait un autre défi, comme celui de travailler encore davantage avec et pour l'Afrique, à qui j'ai toujours accordé une partie importante de mon temps et de mon action, même depuis Redmond, siège social de Microsoft", écrit-il.
Toutefois, comme l'auteur l'indique plus loin, "Mes années Microsoft, Un Africain chez Bill Gates", n'est pas une apologie de Microsoft, encore moins une éloge de son mythique dirigeant, Bill Gates.
"C'est une réflexion indépendante, dont le seul but est de contribuer à éclairer le lecteur sur un itinéraire, une trajectoire ou un parcours somme toute mouvementé : le mien", explique Jacques Bonjawo. Et de la vie privée, académique et professionnelle de ce dernier, on en apprend des choses !
Avant que son destin ne soit lié à celui de Microsoft, Jacques Bonjawo a en effet vécu de façon plutôt ordinaire - pour ne pas dire banale- au Cameroun. Né d'une famille pauvre à la fin de 1960, son cursus scolaire a néanmoins été "brillant" jusqu'en classe de 3e, période qui correspond à sa rencontre avec Francis Kinguè, enseignant d'anglais et non moins arrangeur de l'hymne national du Cameroun. Ce monsieur, selon le livre, a "profondément marqué" Jacques Bonjawo. Lequel voulait lui ressembler, jouer à la musique comme le faisait si bien Francis Kinguè. Une séduction à la personnalité de l'autre, qui aura des incidences sur la suite de son cursus. Au second cycle, son passage au collège Vogt fut ainsi "brillant sur la plan musical", mais "très mitigé sur le plan scolaire", reconnaît-il.
Conquêtes
La faute aux filles, qu'il a eu le temps de connaître entre-temps. A l'instar d'Evelyne - qui deviendra plus tard l'épouse d'un sportif de légende, Roger Milla -, "belle et dotée d'un tempérament pour le moins volcanique, qui la rendait capable de scènes de jalousie terribles au cours desquelles elle brisait tout sur son passage". L'échec au probatoire n'e surprendra donc personne, Jacques Bonjawo ne réussissant à "sauver" son école qu'à travers l'immigration en France et son intérêt soudain pour l'ordinaire que plusieurs personnes découvre encore.
Un choix payant, puisque, plus tard, Jacques Bonjawo effectuera un stage académique chez Philips, avant d'être recruté chez Nalu, entreprise américaine spécialisée dans le défense des intérêts des grands groupes d'assurance, en tant qu'ingénieur informaticien. S'ensuit alors la série de débauchages. Jacques Bonjawo travaille tour à tour chez Coopers & Lybrand - qui deviendra PricewaterhouseCoopers- ; puis chez le géant Microsoft ! Et, c'est l'expérience vécue dans cette dernière étape qui occupe l'essentiel de "Mes années Microsoft, Un Africain chez Bill Gates".
Jacques Bonjawo y raconte son quotidien, avec "une charge de travail importante, les problèmes incessants et les soucis continuels", presque jamais sans week-ends entièrement libres. La gestion des ressources humaines est remarquable. Tout comme la méthode de recrutement et l'évaluation du personnel. Dans un chapitre entièrement consacré à Bill Gates, on apprend que même le Big-boss ne reste pas en marge de cette pression permanente. Au contraire, l'homme le plus riche du monde donne le ton, rencontrant sans protocole chacun des ses collaborateurs qui en exprime la demande.
Une simplicité étrange, qui permettra à l'auteur d'accumuler de bons souvenirs, comme le lancement de Windows 2000, un logiciel conçu et réalisé par cinq mille ingénieurs disposant d'un budget d'un milliard de dollars (environ 500 milliards Fcfa) !; la rencontre avec nombre de personnalités de la planète, etc. De mauvais souvenirs aussi, comme le fait que Microsoft soit devenue une "Marketing Company", c'est-à-dire "plus occupée à concevoir des stratégies de vente qu'à imaginer et fabriquer des produits de qualité"…
Au total, "Mes années Microsoft, Un Africain chez Bill Gates" apparaît comme un livre d'une réelle utilité pour les professionnels et autres managers, pour une meilleure compréhension du fonctionnement d'une entreprise de la taille de Microsoft. Les chapitres sont chargés d'anecdotes les plus cocasses. Le ton et le style ont été voulus simples, question d'intéresser les plus jeunes, quoique l'usage d'expressions assez techniques rende quelques pans du livre plutôt incompréhensibles. La récurrence de coquilles trahit également une certaine précipitation. Une insuffisance qui pourrait néanmoins être rattrapée par le futur éditeur, dont on ne connaît pas le nom pour l'instant.
Source : Quotidien Mutations
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