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Transport: Yaoundé prend la moto
(16/04/2004)
Transport : Yaoundé prend la moto .Plusieurs axes conduisant aux quartiers périphériques et d’accès difficile sont desservis. L'activité a démontré son ampleur lors de la grève des chauffeurs de taxis qui a paralysé la ville le mois dernier. ..
Par Rédaction
1 - Sur la scène
Un va-et-vient incessant des motos.Des garçons de vingt à trente ans, assis chacun sur son bicycle et casquette vissée sur la tête, appuient sans relâche sur l'embrayage. Ils sont sur le qui-vive, prêts à interpeller le premier passant. Les klaxons résonnent à vous rompre le tympan. Les habitants du quartier Nkolmesseng, une banlieue de Yaoundé, vivent au quotidien ce spectacle depuis que les motos-taxis ont envahi le carrefour du lycée bilingue d'Essos.Un soleil de plomb s'abat sur le lieu par cet après-midi de mars. La canicule est tellement forte que certains motos-taximen sont obligés de ranger leurs engins. Une vingtaine d'entre eux, en dépit de cette température, s'adonnent avec beaucoup de hargne à cette activité pour laquelle ils semblent avoir un réel amour. Tel est le cas de Martin Eloga Hoblog qui avoue s'être " intéressé à ce métier qui nourrit son homme. Je me suis renseigné avant de m’y lancer. C'est depuis un an que je suis moto-taximan dans la ville de Yaoundé , mais en réalité j'exerce cette activité depuis bientôt cinq ans. " Jean Feudjio par contre affirme s’y être retrouvé faute d'avoir trouvé un emploi meilleur et plus rémunérateur. Pour lui " ce métier procure juste de quoi vivre. On ne peut pas prétendre faire sa vie avec cette affaire.

Dès que je trouve mieux, je laisse tomber. " Notre interlocuteur nourrit, comme bon nombre de ses collègues d'ailleurs, la volonté de quitter ce métier d'autant plus qu'il semble rude et exige beaucoup de sacrifices. Levé tôt, le moto-taximan brave, à longueur de journée, le soleil, la pluie et les routes cabossées. Il est parfois obligé de terminer sa journée de travail à deux heures du matin pour espérer avoir les trois à quatre mille francs de recette quotidienne exigés par le patron. Une tâche peu aisée, eu égard au nombre de plus en plus croissant de motos-taximen qui s'installent dans le coin.

Le moto-taximan ne roule donc pas sur l'or. Son gain s'apparente bien à celui d'un catéchiste. Tenez, en guise de salaire mensuel, le propriétaire de la moto concède un jour de travail par semaine au chauffeur. Une situation peu enviable, surtout si l'on tient compte que les motos-taximen se font aider dans leur travail par des " mercenaires " qu'il faut rémunérer Conséquence:l'activité recrute essentiellement parmi les désoeuvrés n'ayant dans la plupart des cas reçu aucune formation et qui, très souvent, ont quitté tôt les bancs de l'école. Autant de choses qui font que dans le métier de conducteur de moto-taxi, on retrouve beaucoup d'aventuriers. Et chaque jour, ces derniers abandonnent cette activité comme ils l'embrassent. Sans crier gare.

2 - La réglémentation

On entre dans la filière de l'exploitation des motos-taxis comme dans une auberge espagnole. Il suffit de posséder ou de se voir confier une moto pour y exercer.Un exercice d'autant plus facile que ces engins à deux roues coûtent de moins en moins cher (entre 480 000 et 900 000 francs Cfa) et s'achètent dans n'importe quelle grande quincaillerie de la ville.Et un conducteur de moto-taxi sur deux ne dispose pas d'un permis de conduire
Pourtant des textes existent, qui régissent ce secteur d'activité. Il s'agit notamment du decret n0 95/650/Pm du16 novembre1995 fixant les conditions et modalités d'exploitation à titre onéreux des motocycles affectés au transport public des personnes sur le territoure national.

Le texte, en son article 3, stipule que l'exploitation des motos-taxis est subordonnée à l'obtention d'une licence spéciale de transport de catégorie '' spécial moto-taxi''. L'exploitant est en outre tenu de se faire délivrer une carte de transporteur routier, une pièce qui donne droit à une inscription au régistre des transporteurs par motos-taxis. Dans le souci de ne pas laisser les aventuriers de tout poil s'infiltrer dans ce secteur d'activité, le decret va même plus loin. C'est ainsi qu'il exige à tout conducteur de moto-taxi d'être titulaire d'un permis de conduire de catégorie''A''. La moto-taxi doit elle-même être équipée entre et autres de deux casques pour la protection des occupants et le réservoir de carburant peint en jaune.Cette dernière disposition permet d'indiquer clairement que la moto-taxi est exploitée à titre onéreux.

Dans le souci d'assainir et de mieux réglémenter le secteur des transports au Cameroun, le gouvernement vient de prendre un certain nombre de mesures en vue de combler les lacunes des textes en vigueur.Il s'agit par exemple du decret no 2004/0607/Pm du 17 mars 2004 sur les conditions d'accès aux professions de transport routier et d'auxiliaires de transport routier. La réforme majeure que ce texte apporte se trouve à l'article 5 qui prévoit que les motos-taxis devront désormais desservir les zones péri-urbaines et rurales. Car, faut-il le souligner, on a observé une invasion des motos-taxis dans le centre-ville lors de la grève des chauffeurs de taxis qui a paralysé Yaoundé le mois dernier.Reste maintenant que cet arsenal de textes soit vraiment appliqué. Pour que les populations n'assistent plus très souvent au spectacle désolant des écorchés vifs sur nos routes.

3 - Difficultés
L exploitation des motos-taxis, quoi que disent les uns et les autres, apparaît comme une filière porteuse de l'économie. Ce secteur, florissant dans une ville comme Douala, fait vivre un nombre non négligeable de citoyens dans plus d'une ville du Cameroun. Activité relativement récente à Yaoundé, elle fait pourtant face à nombre de difficultés qui sont de nature à décourager ceux qui veulent encore s'y investir. L'insécurité, de l'avis même des motos-taximen, constitue le premier obstacle. Il n'est pas rare qu'un honnête client se transforme en braqueur et fonde dans la nature avec la moto de son conducteur. Le souvenir du moto-taximan tué à Bafoussam la semaine dernière reste frais dans les esprits.
Les conducteurs de motos-taxis, bien que n'étant pas très souvent en règle eux-mêmes, se plaignent des tracasseries policières. Les agents des forces de l'ordre opèrent ainsi, au mépris des instructions données par la hiérarchie.

" Les policiers du 16ème arrondissement s'installent dans le bar d'en face et boivent pendant toute la journée. Ils viennent ensuite saisir une ou deux motos. Le fruit de cette saisie leur permet de payer la note. Ils se fichent pas mal du dossier que vous leur tendez du moment qu'ils obtiennent les 5000 francs généralement exigés à chacun de nous",confie un moto-taximan du carrefour du lycée bilingue. L’exploitation des motos-taxis souffre également du manque d'espaces servant d'aires ou de parcs de stationnement.Ce qui laisse libre cours à toutes sortes d'abus.Car les motos-taximen sont régulièrement verbalisés pour occupation illégale de la voie publique. Le decret du 16 novembre 1995 prévoit pourtant, à l'article 13, leur aménagement. Un devoir qui incombe à l'autorité municipale. La construction de ces insfrastructures constituerait une source de revenus pour les municipalités dans la mesure où leur occupation est assujettie au paiement d'un certain nombre de taxes.

4 - Moto-taximan malgré lui
Le père du petit Christophe Dieudonné Dongmo voulait faire de lui un commerçant. Tout petit, dans ses rêves les plus fous, lui se voyait plutôt embrasser une glorieuse carrière dans l'armée. " Je voulais faire partie de ces héros qui ont l'honneur de défendre la patrie ", reconnaît-il encore aujourd'hui. Et Dieudonné aurait pu réussir, d'autant plus que son entourage le trouve posé et humble, un garçon qui sait respecter la discipline de groupe.
Mais le destin, comme pour couper la poire en deux, en a décidé autrement. Par la force des choses, "Etranger" (comme l'appellent affectueusement ses collègues) est devenu moto-taximan. Une activité que ce petit homme de 24 ans exerce juste pour éviter de se tourner les pouces à la maison. Car, s'empresse t-il d'ajouter " il serait exagéré de dire que ce métier nourrit son homme. Il nous permet tout au plus de ne pas mourir de faim ". Dieudonné en garde d'ailleurs un triste souvenir depuis le jour où des bandits ont failli lui arracher la moto. Titulaire d'un Cap en électricité obtenu en 1993, Étranger qui ne fume pas mais boit modérément se garde bien de nourrir de grandes ambitions. Pour l'heure, le projet qui lui tient à coeur est la construction d'une maison où il vivra tranquillement avec sa femme et ses deux enfants.

Source: Quotidien Mutations






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