Dans la zone linguistique considérée, l’ewondo a été choisie comme le parlé standard. Ce choix pourrait créer des frustrations auprès des autres parlés. La zone linguistique Beti regroupant les parlés tels que l’éton, le boulou, le bamvele, le mbitambani, etc. Le Pr Marcien Towa, président du comité de langue Beti explique les critères de choix de la langue standard au sein de leur comité : “ pour arrêter un parler standard, il faut que le parler choisi se trouve au centre de la zone linguistique considérée. Et de deux, que ce parler jouisse d’un certain prestige qui permet aux autres de l’adopter facilement. En nous appuyant sur ces principes et sur le fait que tous les parlés (ewondo, nanga, éton, boulou, fang…) sont intercompréhensibles, c’est-à-dire, une même langue, nous avons adopté l’ewondo qui est au centre de la zone Beti. Cette langue est déjà écrite et a été adoptée par le catholiques comme langue d’évangélisation. Cependant, le dictionnaire de langue Beti que nous sommes en train d’élaborer va prendre en compte, non les différences de prononciation, mais des mots qui ne sont pas les mêmes dans les différents parlers et qui vont donc constituer des synonymes ”.
Le comité de langue Beti a à cœur de démystifier les considérations selon lesquelles, il y aurait 230 langues au Cameroun, et qui fondent les inquiétudes quand on aborde la question de l’enseignement de ces langues dans notre système éducatif. Pour les membres de cette organisation, dire que le Cameroun a plus de 200 langues est un abus. Il s’agit plutôt d’un ensemble de parlés intercompréhensibles selon la zone linguistique considérée.
Objectif.
Le comité a pour objectif d’étudier la langue Beti pour avoir des documents de base de cette langue lesquels documents peuvent permettre d’enseigner la langue Beti de façon méthodique. Enseigner les langues Beti à l’école, l’hypothèse est, de plus en plus, admise. Des textes ministériels aussi demandent l’introduction de l’enseignement de ces langues dans notre système éducatif. Le travail de conception de ces documents est suffisamment avancé au sein de ce comité. Dans notre plan de travail, explique le Pr Marcien Towa, il y a l’établissement du corpus, d’un dictionnaire scientifique et d’une grammaire scientifique, c’est-à-dire, la manière de structurer la langue par les grands auteurs qui font partie du corpus. Une fois que ces ouvrages scientifiques de base seront élaborés, le comité entend alors tirer des ouvrages pédagogiques (extraits de textes) selon les niveaux de formation.
Un dictionnaire et une grammaire seront aussi élaborés pour chaque niveau. Une fois que le comité disposera de cet ensemble (le corpus, le dictionnaire scientifique, la grammaire scientifique et les ouvrages pédagogiques), l’enseignement de la langue Beti pourra se faire dans la zone Beti. Malgré l’absence de financement, le comité se dit prêt à assurer la formation des formateurs dès que le gouvernement décide d’introduire la langue Beti au programme scolaire ou académique. On se rappelle que sous le protectorat allemand, les langues camerounaises étaient enseignées à l’école et surtout dans des écoles missionnaires. Mais, après la deuxième guerre mondiale, les Français ont interdit l’utilisation des langes nationales dans le système scolaire. “ Et cela était interdit par les textes ” se souvient Martien Towa. Plus de 40 ans après, malgré les textes de lois autorisant la promotion des langues maternelles et des textes ministériels existants, tout laisse croire que ces textes sont restés valables puisque nos langues ne sont pas toujours enseignées dans notre système scolaire. Le comité de langue Beti qui se dit près n’attend plus que le signal du gouvernement pour vulgariser et aider à enseigner la langue de sa zone linguistique.
Source : Cameroon Link
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