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19 janvier 1993 - 20 février 2006
(24/02/2006)
On a, à un moment, douté de l’opportunité et des motivations des inventeurs de la réforme universitaire.
Par S.O
Si la réforme universitaire vous était contée

On a, à un moment, douté de l’opportunité et des motivations des inventeurs de la réforme universitaire. Certains y ont vu un dérapage, à cause du tissu d’impréparations et d’improvisations qui ont accompagné son incubation et plus tard sa parturition.

L’évocation de l’université avant le discours sur la réforme, renvoie au souvenir sur les destins académiques brisés des milliers de jeunes camerounais. A cette époque où les cop’s sont lâchés, l’université camerounaise est une poudrière larvée. Exaspérés par une violence multiforme, les étudiants digèrent mal l’atteinte à leur dignité. Dans cette enclave du désespoir, le professeur Titus Edzoa, alors ministre de l’Enseignement supérieur, inventeur et principal artisan de la réforme universitaire du 19 janvier 1993, rêve d’une université tournée vers la formation pratique. “ Sans négliger la culture, l’initiation au sens civique, l’université doit avoir aussi pour ambition de faire apprendre un métier… Le Cameroun refuse de créer sans relâche des chômeurs incultes, encore moins des licenciés chômeurs ”, proclame-t-il.
Une lecture anthropologique des lieux ou centres universitaires (Douala, Ngaoundéré, Dschang, Buea et la banlieue de Yaoundé Soa) devant accueillir les nouvelles universités indiquait que c’était des espaces convoités, des lieux où le chevauchement des logiques mafieuses et celles de survie se dédoublaient et s’articulaient. Toutefois, du fait de ses habits neufs, l’université relookée se déclinait par la création des nouvelles filières qui devaient déboucher sur l’emploi ou l’auto-emploi et l’ouverture des cycles de maîtrises professionnelles. Dans un contexte marqué par une violente crise économique, on espérait d’une réforme intervenant dans le souci d’amélioration du rendement interne et externe du système universitaire. Même si la nouveauté apparaît suicidaire du fait du paiement de la somme de 50.000 Fcfa au titre des droits universitaires, la rue et le monde universitaire sont emportés par l’euphorie d’une réforme jugée de médicament de sauvetage pour le grand malade en agonie. On ne s’en cache pas dans la célébration des innovations qui ouvrent à des perspectives d’emplois à tous les étudiants.
Ironie du sort ou simple tragédie de la roue de l’histoire, quatre ans plus tard, en pleine fièvre de la présidentielle de 1997, les ambitions du promoteur de la réforme échouent sur une grande illusion. Le professeur Titus Edzoa, après un bref séjour au secrétariat général de la présidence de la République et un tour au ministère de la Santé, d’où il démissionne, est appréhendé et écroué au Secrétariat d’Etat à la Défense (Sed). Non seulement sa précipitation dans l’anticipation et l’accélération sur la mise en route de la réforme, a causé de multiples dégâts et traumatismes, pire encore, Titus Edzoa, du fond de sa cellule est déconnecté. Il ne peut corriger la déroute, ni indiquer la direction de la boussole, pour un éventuel rattrapage.
13 ans après, la réforme semble faire du surplace. Elle cafouille, tripatouille et ouvre les vannes à plusieurs réseaux mafieux. Les étudiants ont très peu de chances sur le marché de l’emploi. Les titulaires des diplômes universitaires de technologies, formés dans les instituts universitaires de technologie, sont déconnectés du monde du travail. De Ngaoundéré à Douala en passant par Yaoundé, Buea, Bandjoun et Dschang, les domaines de formation aux métiers restent si théoriques que les étudiants qui en sortent regrettent massivement le temps perdu dans ces laboratoires de chômage.


13 ans de méforme de la réforme


“ La galère et la débrouille ont envahi les campus. L’étudiant ne se retrouve pas dans un système universitaire à vau-l’eau. Nous sommes frustrés par des conditions de vie inhumaines, exaspérés par des chantages divers. Les étudiants n’ont plus droit au rêve ”, affirment-ils en chœur. Depuis la disparition de “ Epsi ” (la bourse), l’étudiant a été dévalué. Même le restaurant où il pouvait se racheter n’est plus ce qu’il était. Etranglés par une misère aux frontières de l’indécence et de l’insupportable, les étudiants s’abandonnent dans des activités de survie du genre : vendre de la friperie, gérer une caisse de cigarettes, un call box, une photocopieuse… Les plus fragiles cherchent à agrandir leurs ambitions dans les nouvelles religions qui vendent le rêve à la sauvette dans les campus. Les pressions pour le paiement des droits universitaires sont assez traumatisantes que l’on se demande si les autorités universitaires ont tiré les leçons objectives de la récente crise systémique, parce qu’elle touchait les divers aspects du fonctionnement du système de formation.
Cela ne fait aucun doute qu’au niveau académique, l’examen des rendements internes et externes de ce système de formation révèle de nombreuses pesanteurs. Au niveau de la gouvernance globale (managériale, financière ainsi que sociale), la réforme reste aléatoire, aérienne et approximative. En faisant le tour de la question, l’alternance impose la mise en place d’une approche nouvelle de la gouvernance qui associe les étudiants, le recteur et le président du conseil d’administration, en vue de donner plus de force sur le plan académique et sur le plan administratif à la marche de l’université. Une telle gouvernance participative sera un des impératifs de modernité, devant permettre d’amorcer de nouvelles programmations sur le plan social et sur le plan des infrastructures. La réforme nécessite un recadrage de la structure de fonctionnement de l’université, de manière à donner une charpente institutionnelle qui soit en meilleure convenance avec les exigences et les enjeux de l’heure.

Source: Le Messager


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