Le rêve occidental ? Certainement pas en Ukraine ...
"Nous avons régulièrement obtenu des passeports, visas et lettres d`invitation pour aller étudier en Ukraine. Malheu-reusement nous avons été bloqués à l`aéroport jusqu`au jour de notre rapatriement, après plusieurs jours de torture dans la cellule", se souvient encore Masse Donald Boris, ancien étudiant en Dut à l`Institut universitaire de technologie Fotso Victor de Bandjoun.
Partis du Cameroun le 3 novembre 2005, par un vol Air Suisse, pour des études à l`université de l`aviation civile Kirovo-grad en Ukraine, une dizaine de Camerounais ont vu leur rêve s`estomper net à l`aéroport de cette ville dès leur arrivée aux environs de 23 heures. A en croire Youmbi Fekou Aubin, ils ont été retenus et violentés sans motif valable par la police de l`immigration, constituée des militaires en majorité. "Tout ce que les militaires en poste, en compagnie des chiens, nous ont dit c`est qu`il fallait que nous attendions le lendemain avant qu`ils voient ce qu`il y avait lieu de faire pour nous. Mais entre temps l`étudiant Ivoirien avec qui nous étions a traversé le contrôle de l`aéroport sans problème", conte t-il.
Un Camerounais entre la vie et la mort
Dans la cellule où ils ont été gardés pendant près d`une semaine se trouvaient, disent-ils, quatre autres Camerounais dont l`un d`entre eux prénommé Jean de Dieu, au départ du Cameroun, n`avait pas de billet d`avion retour. "Ils s`y trouvaient depuis plusieurs jours et étaient soumis à des conditions de vie inhumaines, sans nourriture, eau, lumière et sans possibilité de se laver. Nous ne savons pas si Jean de Dieu est encore vivant. Pour boire de l`eau, manger un plat de nourriture, passer un coup de fil ou se laver, il nous fallait débourser respectivement 10, 20 ou 5 dollars. C`était incroyable ", serine Kuate Kamga Symphorien.
Une fois bloqués dans les cellules de l`aéroport, ils n`ont finalement pu entrer en contact avec les enseignants de l`université de l`aviation civile de Kirovograd qui les attendaient depuis la veille que grâce au téléphone pour lequel ils ont déboursé chacun "50 dollars pour obtenir une puce." Malheureu-sement ces enseignants seront par plusieurs reprises désinformés par "les militaires qui leur faisaient savoir que les étudiants en question ont été rapatriés juste après leur arrivée. C`étaient des aveugles et sans papiers qui venaient étudier ici au pays." Entre temps ils n`ont pu joindre l`ambassadeur du Cameroun à Moscou parce que dépossédés de leurs portables et menottés. "C`est quand la bastonnade a atteint un certain seuil que nous leur avons demandé de nous rapatrier au Cameroun. Ce n`est qu`à ce moment qu`ils nous ont fait embarquer dans un vol en partance pour Bruxelles. Une fois à l`aéroport international de Douala le 10 novembre, nous avons saisi la police qui a réussi à convaincre 18 autres étudiants, qui avaient reçu une invitation de la même université, de ne plus faire le déplacement", rapportent les trois infortunés qui disent avoir laissé leurs actes de naissance au moment de leur rapatriement et ne cessent de se soucier du sort de leur compatriote laissé dans les cellules Ukrai-niennes. Parmi ceux qui sont retournés au bercail, on peut citer entre autres Nguemo Tefoguoum Paulin Barnabé, Fotsing Mathurin, Yah Elvis et Ashu Victor. Mais personne d`eux ne compte plus y retourner.
Autorités insensibles
A cause du silence des autorités camerounaises dont ils attendaient la réaction ne serait ce que pour essayer de sauver la vie de Jean de Dieu qui est sans billet d`avion retour, les rapatriés ont saisi à ce sujet maître Momo Jean de Dieu, avocat des droits de l`homme et représentant des avocats sans frontière qui dit se battre de prime abord pour la libération du concitoyen en détention en Ukraine, avant de voir dans quelle mesure ces étudiants Camerounais qui émigraient dans la légalité pourront être rétablis dans leurs droits. Sans oublier qu`ils ont chacun dépensé pas moins de 3 millions de Cfa pour le voyage. Si l`on se fie aux déclarations de ces Camerounais épris par les études chez les "blancs", il y a lieu de penser que le Cameroun, en matière d`immigration, serait fiché sur le plan international.
Source : Le Messager
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