Lundi 3 mars 2008. Lieu dit Feux Tongolo à Yaoundé. Un char de guerre surmonté de deux mitraillettes est stationné au carrefour. Deux hommes, gilets pare-balles et casque vissé sur la tête, sont en faction sur le char. Un peu plus en contrebas, d'autres hommes en tenue, mitraillette au poing, sont postés devant le barrage érigé à cet endroit, interdisant l'accès aux automobilistes à cause des travaux de bitumage de la route qui y ont cours.
Un vendeur de parfums ambulants est interpellé par un des hommes qui lui demandent ses pièces d'identité. Celui-ci ira même jusqu'à fouiller son sac avant de le laisser passer. Alors que d'autres personnes passent sans problème, trois jeunes hommes à l'occurrence, ayant chacun un sac au dos, sont sommés de présenter leurs papiers pour avoir accès à l'autre côté. Ce qui semble irriter l'un d'entre eux.
Mais que fait donc la Garde présidentielle (Gp) ici, loin de ses quartiers généraux ? Une question que semblent se poser les populations et les passants qui regardent ceux-ci d'un œil méfiant. "Je ne comprends pas pourquoi ils sont ici alors que la grève est finie !", se demande un habitant, gérant d'une quincaillerie.
Selon certains habitants du quartier, mercredi dernier, jour où les cases ont commencé dans la ville, un char de la Gp était déjà en faction à ce même endroit. Cependant, disent-ils, les militaires avaient fini par lever le camp vendredi, après que le calme soit revenu. Qu'ils soient venus en renfort aux gendarmes et à la police pour sécuriser la ville au moment où on y observait des tensions, passe encore ; mais comment expliquer ce nouveau déploiement ?
Brutalité
"La rumeur a couru au quartier que la grève allait recommencer aujourd'hui [hier lundi]", tente d'expliquer un autre habitant. Des propos renchéris par d'autres. "On disait que les étudiants allaient grever aujourd'hui, c'est pourquoi ils sont là!", explique à son tour Gildas Fotso, rabatteur d'une des agences de transport en destination de l'Ouest. "Dès qu'ils sont arrivés, ils nous ont demandé de monter un peu plus haut", ajoute-t-il, justifiant sans doute le fait que les embarquements se fassent presque sur la chaussée.
La présence en ces lieux de ces militaires ne va pas sans irriter les populations. "Leur présence me gêne, c'est comme si j'habitais avec un serpent dans la même maison", confie un habitant sous anonymat. Une gêne que d'autres mettent sur "la brutalité" dont ils font preuve à l'égard des populations. Une brutalité dont un homme, ayant requis l'anonymat, a appris à ses dépends.
Celui-ci, furieux, clame avoir reçu "7 coups de machette aux fesses" alors qu'il n'était coupable en rien. Selon lui, on lui aurait demandé ses papiers en lui demandant s'il est Camerounais, puis on l'aurait envoyé chez un militaire, le chef sans doute, qui aurait décidé qu'il n'y avait aucun problème. "C'est à ce moment qu'un a dit qu'il fallait me donner 3 coups", avant de le laisser repartir sans "qu'ils n'aient vu mes papiers". S'en suivra ainsi une joute orale entre lui et les militaires. Une attitude que certains imputent à "la psychose qui règne en ce moment depuis les violences de mercredi dernier".
Source: Quotidien Mutations
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