L'eau vient à manquer dans certains quartiers de Yaoundé.
Des propos qui ont été confirmés par ses voisins. Ceux-ci ne masquent pas leur irritation devant cette situation. "Déjà que l'eau ne vient que la nuit, c'est d'autant plus grave maintenant qu'on n'en n'a plus du tout", renchérit Emilienne N, employée dans une structure d'informatique de la place. A en croire quelques habitants de ce quartier populaire, cela fait des années que l'eau distribuée par la Camerounaise des eaux (Cde) n'arrive que nuitamment dans les ménages. "Quand c'est tôt, c'est 22h. Sinon, il faut attendre minuit pour remplir les fûts", soutient un autre habitant.
Le même scénario est visible au quartier Obobogo, situé non loin de là, ou même à Mvog-Ada où les populations ont dû s'habituer à interrompre leur sommeil pour recueillir de l'eau. "Surtout qu'aux premières lueurs du soleil, les robinets redeviennent secs", soutient Amandine Tchiatcheu. A Nkomo par exemple, à la périphérie de la capitale, on apprend que la fourniture d'eau est interrompue depuis le 9 juin dernier. "C'est vrai que nous n'avons l'eau que vers 2h ou 3h du matin. Mais depuis hier (mardi, Ndlr), il n'y a même pas une seule goutte", confie un habitant dudit quartier. Conséquence : les populations sont obligées de se ravitailler à une source dont l'accès n'est pas des plus faciles.
Si pour certains, le calvaire ne dure que depuis trois jours, il y en a pour qui il dure depuis près de deux semaines. C'est le cas de Juliette Onana, mère d'une fillette de quatre mois pour qui c'est le calvaire depuis quelques semaines. "Je ne sais plus quand j'aurai de l'eau courante. Je suis obligée de laisser certains robinets ouverts en permanence pour que je puisse entendre l'eau couler quand cela s'impose". Installée au quartier Mimboman à Yaoundé, la jeune mère ne sait vraiment plus à quel saint se vouer. "Au début, il n'y avait que des coupures intempestives mais depuis un mois environ, on fait de longs jours sans eau". Elle en est presqu'à envier les habitants des quartiers Damase et Obobogo où, aux problèmes de pression d'eau dans les tuyaux, on doit également faire face à ce que l'on appelle ici "le rationnement ".
Asticots
Tandis qu'à Yaoundé, les habitants se rabattent sur les forages, les bouteilles d'eau minérale ou les puits en fonction de leur bourse. Bien qu'un puits ait été construit dans l'immeuble où elle réside, Valérie n'en utilise plus depuis quelques années. " Au départ, j'utilisais l'eau du puits pour le bain de toute la famille. Mais, j'ai cessé de laver ma fille avec cette eau parce que cela lui donnait des boutons. Et quant on perçait ces boutons, des asticots en sortaient ", justifie-t-elle, encore parcourue par un frisson à ce souvenir. Maintenant, ajoute-t-elle, l'eau du puits est essentiellement utilisée pour les toilettes et les tâches domestiques. A défaut d'avoir de l'eau potable en réserve, " je préfère ne pas me laver ", dit-elle, un peu confuse.
Si les semaines d'avant, les populations imputaient les perturbations dans la fourniture d'eau à la grève alors observée par les employés de la Cde, on spécule aujourd'hui sur les raisons de cette "coupure prolongée" qui ne va pas sans causer des désagréments. Impossible d'en savoir plus à ce sujet, car n'ayant pu rencontrer un des responsables à la Cde. Dans une interview accordée hier mercredi à nos confrères du quotidien gouvernemental, le coordonnateur du pôle développement de la Cde, Brahim Ramdane, évoque la volonté de cette entreprise de " permettre à chacun de ses clients d'avoir de l'eau pendant la journée ", pour justifier les rationnements dans la distribution de l'eau dans les quartiers. Ce qui est loin d'être le cas, au regard de la situation qui prévaut actuellement au quartier Damase où l'eau a cessé de couler, même en journée.
Source: Quotidien Mutations
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