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Vencelas Dabaya, de Camerounais à Français
(13/08/2008)
En 2004, Vencelas Dabaya participait aux Jeux Olympiques d'Athènes avec le Cameroun et finissait 5e ; aujourd'hui, il est champion du monde et vice champion olympique avec la France.
Par Nkwayep Mbouguen
Vencelas Dabaya, ex-champion camerounais
Vencelas Dabaya, ex-champion camerounais

Hier, aux Jeux Olympiques de Pékin, se déroulait un évènement à priori anodin : un certain Vincelas  Debaya remportait la médaille d'argent en haltérophilie moins de 69 kilos, rapportant à la France une de ses huit médailles de la journée. Si cela n'attire pas l'attention, on peut constater au premier abord la consonnance du nom de l'athlète qui est très fortement camerounaise.

On pourrait donc penser que l'athlète est simplement d'origine camerounaise comme beaucoup d'autres sportifs de haut niveau qui ont choisi l'étendard français - Boumsong, Nouma, Itandje, Victor Samnick et autres -, et représente depuis longtemps les couleurs françaises, mais il n'en est rien. En effet, Vinceslas Debaya Tchientcheu- notez bien le Vinceslas - qui est né le 28 Avril 1981 au Cameroun, (Yaundé selon Afrik.com et Kumba selon Wikipedia) a longtemps eu la nationalité camerounaise et défendu les couleurs vert-rouge-jaune aux compétitions internationales. L'histoire et les liens qui unissent le récent médaillé d'argent "français" et le Cameroun sont pourtant forts et datent.

En effet, Venceslas Debaya qui a grandi au Cameroun a avoué dans les colonnes du Nouvel Observateur avoir eu sa passion pour l'altérophilie dès l'âge de 12 ans dans la salele de sport du "Lion populaire", où il regardait en cachette les habitués du coin s'entraîner en cachette :"On était chassé à coups de bâton si on était surpris à les regarder. Mais j'avais trouvé une petite ouverture entre deux morceaux de bois de la palissade. Là, j'observais leur explosivité et leur vitesse d'exécution. Ces hommes forts me fascinaient. Mais mes parents ne voulaient pas que je pratique ce sport, ils avaient peur des effets que ça aurait sur mon corps."

Têtu, il commence tout de même l'altérophilie secrètement mais est forcé trois ans plus tard de demander l'autorisation de son père - alors mourant - pour participer aux championnats nationaux qui se déroulent à Douala. Ce dernier lui paie sa licence et lui donne sa bénédiction : "fais le de la plus belle des façons. Fais-toi connaître du monde entier."

Fort de cette bénédiction testamentaire, Vencelas enchaîne les succès : champion du monde junior à 17 ans, troisième des jeux africains à 18, et vainqueur des jeux du Commonwealth à 21 ans. En 2004, il fait logiquement partie de la délégation camerounaise envoyée à Athènes et en est même le porte drapeau. Pour ses premiers Jeux Olympiques, le "Camerounais" arrive jusqu'en finale où il accède à la cinquième place.




De Venceslas le Camerounais à Vencelas le Français

Aujourd'hui, Vencelas Dabaya savoure sa médaille française
Aujourd'hui, Vencelas Dabaya savoure sa médaille française

Et c'est là que s'arrête son histoire avec le Cameroun et que le divorce commence. Vencelas décide d'aller tenter sa chance en France pour "progresser et s'épanouir totalement". La vie n'y sera pas facile, car il est reçu en France comme un Camerounais, et est sans papiers. Ne se décourageant pas, il y obtient sa naturalisation, et suite à une erreur d'ortographe, perd un s et devient Vincelas. Courant chez les naturalisés africains.

Deux ans plus tard, avec la France, il remporte le mondial de 2006 et devient officier : l'intégration est réussie. Hier encore, celui qui défend maintenant les couleurs de la France, a remporté et offert une médaille d'argent à la France, sa huitième médaille de la journée. Pour l'instant, le Cameroun n'en compte aucune.

Si l'histoire est belle, elle soulève néanmoins une question : comment le même athlète peut-il, avec quatre ans d'intervalle participer à la même compétition, les Jeux Olympiques avec deux nationalités différentes ? Comment, alors qu'il y a quatre ans, Vinceslas était le porte drapeau de la délégation camerounaise, et est aujourd'hui champion du monde et vice champion olympique français ? Il y a comme un problème, une note qui sonne faux. S'il est habituel et courant de voir bon nombre d'athlètes et sportifs européens avoir des origines fortes ancrées en Afrique, il est tout de même moins habituel et plus surprenant de voir un tel cas.



Un exode qui désavantage l'Afrique

Santos est l'un des rares à avoir fait l'exode inverse
Santos est l'un des rares à avoir fait l'exode inverse

En football, la règle est claire : "quiconque participe à un match officiel avec une sélection A ne pourra plus prétendre, quelle que soit sa nationalité future, à porter les couleurs d'une autre sélection". La règle était même plus rigide et s'étendait aux A', mais a été changée par Blatter il y a 4 ans, permettant par exemple à Frédréric Kanouté de porter les couleurs du Mali alors qu'il avait joué en espoirs avec la France. Cet assouplissement avait fait pour avantager les pays africains, car beaucoup de pays européens faisaient jouer tous les joueurs prometteurs en espoirs pour s'assurer leur "appartenance" pour d'éventuels besoins futurs.

Il faudrait peut-être réglementer un peu plus les autres sports, pour essayer de stopper l'hémorragie, qui prive l'Afrique de ses meilleurs talents et chances de médailles. Le Cameroun a porté Vinceslas pendant plus de 20 ans, attendant patiemment qu'il lui fasse l'honneur de rapporter des titres internationaux, et la France a eu un champion du monde et une médaille d'argent - de plus. Car si Vincelas est toujours fortement attaché au Cameroun - il rend visite à sa mère une fois par an - , les titres qu'il remporte sont aujourd'hui la fierté et la propriété de la France, tout comme un Rolland Garros remporté il y a des années par un certain Yannick Noah...

Loin de vouloir porter un jugement sur Vincelas, qui a fait les choix qu'il a estimé bons pour lui et sa carrière, c'est la réglementation en vigueur qui est problématique. Car il est rare voire impossible de voir un athlète ou sportif rejoindre l'Afrique alors qu'il avait une orgine différente ; il y a bien eu le cas Santos qui a rejoint la Tunisie en 2004 pour la CAN, mais c'est un cas isolé. Cette flexibilité des nationalités et des pays d'adoption ne tourne donc pas à l'avantage des pays africains. Blatter avait fait un geste pour une Afrique en mal de victoires sur le plan international, il revient aux autres fédérations de faire de même.



De la responsabilité du Cameroun

Françoise Mbango a elle aussi connu des problèmes de primes
Françoise Mbango a elle aussi connu des problèmes de primes

Mais il y a aussi un dernier acteur dont la responsabilité ici ne doit pas être occulté : le Cameroun. Le phénomène est habituel, et la chanson commence à être connue lors de toutes les compétitions auxquelles participent les lions indomptables : les primes, l'organisation, le soutien et la reconnaissance des sportifs. Françoise Mbango, l'une des rares médailles d'or du Cameroun s'est plainte à plusieurs reprises. En ce qui concerne les footballeurs, la chose ne surprend plus.

En 2004, Dabaya et 18 autres athlètes avaient revendiqué une augmentation des primes pour une "faire prévaloir une certaine équité" ou au moins que "que leurs frais
de transport sur Athènes et de préparation des jeux en cours leur soit remboursés
". Celui qui était alors camerounais, avait exprimé sa déception :"Avec tout ce qu‘on dépense pour venir ici (Ndrl : Jeux Olympiques.) entre nos entraînements, l’abandon des études. C‘est vrai qu’il faut courir pour la patrie mais il y a quelque chose qu‘on engage pour arriver ici. Au lieu de trois millions, on se retrouve avec cinq cent milles francs CFA, je préfère ne rien avoir. On se dépense depuis quatre ans pour préparer ces jeux, c’est la moindre des choses."

Ils auraient donc ainsi claqué la porte au nez du ministre Siegfried Etame Massoma, chef de la délégation camerounaise à Athènes, qui tentait de les ramener à la raison.
C'est d'ailleurs à cause de cette ambiance et de ces problèmes que l'athlète aurait annoncé, au lendemain des Jeux, qu'il aurait annoncé les larmes aux yeux qu’il «n`allait plus participer aux compétitions pour le Cameroun"






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