La ville de Kribi
Les plages de Kribi sont désertes ce samedi 13
septembre 2008. Pas grand monde dans les multiples hôtels-pied-dans-l’eau que
compte cette cité balnéaire située dans la province du Sud, département de
l’Océan. Sur la plage de la Résidence July, l’un des hôtels de la ville, seuls
deux touristes marchent paisiblement sur le sable en se laissant caresser par
les vagues qui viennent échouer à leurs pieds. Quelques pêcheurs ramassent des
coquillages et lancent leurs filets.
L’air ici est frais et le paysage magnifique. Il l’est encore plus lorsque la
nuit commence à tomber. On voit alors le soleil poindre à l’horizon et faire une
ligne au milieu de cette mer qui s’étant à perte de vue, comme si le soleil
tombait dans l’eau. Le couché du soleil est exceptionnel.
A 7 km de là, se trouvent les chutes de la Lobé. Il s’agit de la rivière éponyme
qui se jette dans la mer par cacade. Un phénomène exceptionnel et unique au
monde, de l’avis de certains fonctionnaires du ministère du Tourisme.
Ce tableau pourrait donner l’impression que Kribi est une espèce de Acapulco ou
de Marbella camerounais. Que non ! Les belles plages, les chutes, le couché du
soleil, etc. sont l’arbre qui cache la forêt. Kribi est en effet une ville au
potentiel touristique sous exploité. La ville est salle, les routes mauvaises,
la broussaille partout et aucune politique de développement. L’urbanisation est
lamentable.
Pour en avoir le cœur net, nous nous sommes rendus au ministère du Tourisme pour
avoir une idée précise sur ce qui est fait pour développer le potentiel
touristique de cette ville. Après nous avoir tourné en bourrique dans les
multiples services et directions du ministère du Tourisme, nous n’avons rien eu
de bon, de concret. Tout juste M. Mohamadou Kombi de la direction de la
planification au ministère nous a-t-il appris qu’il y a, en partenariat avec
l’Unesco, un projet sur la protection des tortues marines dans la région de
Kribi et ainsi qu’un projet pour l’érection des chutes de la Lobé dans le rang
du patrimoine de l’humanité. Pour le reste, navigation à vue.
Impossible d’avoir des statistiques récentes sur le nombre de visites
touristiques dans la ville, sur l’apport des revenus issus du tourisme dans
cette ville dans l’économie camerounaise, etc.
Les seuls qui semblent profiter de cette ville ce sont les propriétaires
d’hôtels qui logent les touristes et quelques Camerounais nantis qui peuvent s’y
payer un séjour. « Nous accueillons les gens ici en fonction des périodes. En ce
moment ce n’est pas la grande affluence parce que c’est la fin des vacances.
Mais il y a quelque temps, nous étions vraiment très sollicités, full tous les
jours », confie une des réceptionnistes de la Résidence July. « La prochaine
période faste ce sera celle des fêtes de fin d’année, c’est-à-dire fin décembre
et début janvier», , ajoute-t-elle.
Selon Martial Ateba Mboudou, agent touristique, la destination Kribi n’est plus
très prisée. « En fait, à part les plages, les chutes, il n’y a plus rien. J’ai
souvent amené des touristes ici pour passer une semaine et au bout de trois
jours ils se lassent. En fait rien n’est fait pour que cette ville soit une cité
de rêve », pense-t-il.
Il ajoute que la nouvelle destination la plus prisée des touristes c’est la
partie septentrionale du Cameroun. « Une ville comme Kribi doit susciter une
politique pour son développement. Lorsqu’un homme d’affaire veut faire des
choses pour développer la ville, on l’écrase avec les impôts et les tracasseries
administratives. Or il faut faciliter l’investissement par exemple avec des
avantages fiscaux qui doivent inciter les gens à y investir. Mais rien de cela
n’est fait et c’est pour ça que Kribi en réalité ne peut plus se vendre à des
touristes qui ont été au Kenya, en Tunisie et un peu partout où il y a une
véritable politique de développement du tourisme », martèle Martial Ateba
Mboudou.
Source : Cameroon-info.net
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