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Suspension d'Eto'o : La fédération camerounaise a-t-elle eu raison ?
(26/12/2011)
Analyse de la lourde suspension du capitaine camerounais : contexte, raisons et justifications (ou pas) du geste très fort de la fédération camerounaise
Par Rédaction Bonaberi.com

Depuis la débâcle de la coupe du monde en Afrique du Sud, marquée par une guerre des égo sans précédent au sein des lions indomptables, il a été décidé en haut lieu de créer un règlement intérieur et de donner les pleins pouvoirs à une commission ayant pour but de remettre la discipline à l’ordre du jour.

Les choses ne sont pourtant pas allées mieux, avec toujours plus de polémiques au sein des lions indomptables : entre bannissements officieux de ceux jugés responsables du désordre au sein de l’équipe nationale en Afrique du Sud, les non présentations aux convocations, les lions indomptables ont continué de surprendre leur monde avec, comme point culminant, une grève qui a tristement rappelé une équipe à laquelle on a beaucoup comparé le Cameroun en Afrique du Sud, la France.

En effet, comme dans le cas des bleus, cette grève, manifestation d’une fracture ouverte entre les joueurs et les dirigeants camerounais, a fait tristement parler du Cameroun à l’international, et a eu des conséquences très lourdes : Samuel Eto’o, en tant que capitaine, a écopé de quinze matchs de suspension, Eyong Enoh, de deux matchs, et Assou-Ekotto a été sanctionné dans la foulée d’un million de francs CFA pour ne pas avoir répondu à une convocation.

Une sanction historique au sein des lions indomptables, qui pour beaucoup marque la fin de la carrière internationale de Samuel Eto’o, actuellement en « exil » doré en Russie. Cette sanction a évidemment partagé les esprits, entre les inconditionnels de l’attaquant qui ne comprennent pas qu’une telle punition soit infligée à celui qui a tiré l’équipe nationale vers le haut depuis de longues années ; pour d’autres, il ne s’agit que d’un juste retour des choses pour celui qui a depuis trop longtemps dépassé les bornes en équipe nationale.


Avant d’analyser la justesse et la justice de la sanction, il faut resituer le contexte. Il est un fait indéniable dans cette affaire, c’est que les revendications qui ont poussé Samuel Eto’o et ses coéquipiers à engager un bras de fer avec la fédération étaient plus que largement justifiées : ayant participé et remporté la LG Cup, les lions indomptables avaient rempli leur part du contrat, et il est incompréhensible qu’il y ait eu un énième problème de prime.

De mémoire d’homme, il n’y a en effet jamais eu de calme et de transparence en ce qui concerne les primes des lions indomptables : on se souvient de la mallette du coup du cœur destinée à empêcher une grève en 1994, mallette dont le destin n’est d’ailleurs pas connu aujourd’hui ; en 2002, les lions, donnés outsiders à la coupe du monde 2002 en double champions d’Afrique en titre, arrivent complètement cuits en Corée du Sud, arrivés dans des conditions dignes de Pékin Express après avoir dû négocier des heures durant les primes de matchs.

Incompréhensible, pourrait-on être tenté de penser, car c’est un honneur de jouer pour son pays, et les lions ne devraient pas faire tout un cas et demander à être payés alors qu’ils représentent leur nation et sont enviés par des centaines d’autres footballeurs. Raisonnement inexact ; le footballeur camerounais, comme le militaire, le fonctionnaire ou n’importe quel autre individu travaillant pour son pays, a droit à une rémunération pour l’accomplissement d’une tâche qui n’est de plus pas gratuite.

En effet, en termes de droit d’image et contrats de sponsorings divers, ajoutés à une prime versée par la Fifa ou la Caf lors de participations à la coupe d’Afrique ou à la coupe du monde, la Fecafoot est largement payée pour les prestations des lions indomptables, et il n’est que normal que l’élément central qu’est le footballeur touche une rétribution pour les flux financiers générés grâce à son activité.

Le journaliste Philippe Boney avait été agressé par Samuel Eto'o
Le journaliste Philippe Boney avait été agressé par Samuel Eto'o
Autre point à noter, c’est le risque pris par chaque international qui accumule les matchs, augmentant sa fatigue, son risque de blessure et de fait son manque de compétitivité en club. Les exemples de Samuel Eto’o et de Raymond Kalla – le premier, qui au lendemain de la CAN 2010, a passé plusieurs semaines sur le banc des remplaçants pour retrouver la forme, second s’est gravement blessé pendant la CAN 2006 – sont éloquents sur la question.

Dans ce contexte, il est difficile d’accorder de la légitimité au conseil de discipline de la Fecafoot alors que cette dernière n’a jamais à réussi à s’acquitter rigoureusement de ses obligations envers les joueurs. Et cela, Samuel Eto’o l’a dit devant le conseil de discipline, expliquant que la grève était l’expression inévitable d’un ras-le-bol qui était prévisible.

D’un autre côté, et il faut le reconnaître, le fait que la Fecafoot ne soit irréprochable n’occulte pas les trop nombreuses frasques commises par l’attaquant camerounais. Au centre de trop nombreuses polémiques – conflits supposés avec Achille Emana, Alexandre Song, Pierre Womé…-, Eto’o a bien trop souvent agi en exempté des lois et des règlements. Souvent bien loin du leader exemplaire, Eto’o a malheureusement fait parler de lui autrement qu’en faisant trembler les filets.

Coup de tête au journaliste Philippe Boney dont il n’avait pas aimé la question, affirmation de sa désobéissance aux consignes de Paul Le Guen avant le match face au Danemark, retard aux rassemblement des lions, contestation d’une consigne de Javier Clemente, menaces de boycott de la coupe du monde après la critique de Roger Milla, menaces envers un journaliste d’Equinoxe TV qui avait posé une question jugée irrespectueuse, et enfin, la grève lors du match amical Algérie – Cameroun.

Jusqu’ici, la Fecafoot avait tout pardonné à son enfant béni, fermant les yeux sur chacun de ses manquements. Dans un pays où le football est roi, Eto’o était sans doute prince. Meilleur buteur de l’histoire des lions, meilleur buteur de l’histoire de la CAN, quadruple ballon d’or africain, celui qui portait haut l’étendard vert-rouge-jaune avait quasiment tous les droits. Mais quasiment ne signifiant pas tout, Eto’o est allé trop loin en s’en prenant aux instances dirigeantes. Car au-delà des conséquences dramatiques pour l’image camerounaise, pour celle de la fédération, c’est son agressivité à l’endroit du ministre des sports qui a semble-t-il réellement irrité le comité de discipline.

Certaines discussions de quartiers posaient la question de savoir, entre Samuel Eto’o et un ministre, qui était le plus important. Piquée au vif, la fédération a remis les pendules à l’heure. Au grand dam des fans du capitaine camerounais.


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