L'international franco-camerounais se livre sur sa saison, ses objectifs et ses vacances qu'il passe dans son pays d'origine.
Après 17 années à Biarritz, vous décidez d'aller en Angleterre (il a intégré London Wasps la saison 2008-2009). Qu'est-ce qui vous fait changer d'environnement ?
Je pense avoir fait le tour de la question à Biarritz. J'y ai vécu des années formidables dans ce club. J'ai connu ma première sélection et mon adolescence dans ce club. J'y ai connu ma vie d'hommes, de famille et d'entrepreneur aussi. Donc j'avais fait le tour et j'avais envie d'un nouveau challenge. J'avais envie aussi d'apprendre l'anglais. J'ai fait deux finales de coupes du monde. Et deux fois j'ai perdu contre l'Angleterre en demi-finale. (Sourire). J'avais envie de découvrir un peu cette culture anglo-saxonne qui est complètement différente de la culture française. C'est tous les jours un apprentissage nouveau. Et, maintenant, je peux dire que j'ai fais le tour et que je suis confiant dans ce que je pourrais donner aux autres et dans ce que j'ai appris en ce qui concerne la rigueur et l'organisation que je découvre dans ce pays-là.
Quelle(s) différence(s) y a-t-il entre le rugby anglais et celui français ?
La différence c'est qu'en Angleterre, on a une culture qui est rigoureuse et qui travaille d'abord le corps. Donc chez les Anglo-saxons, on prépare le corps pour jouer au rugby. On trouve un jeu souvent restrictif, mais efficace. Alors qu'en France, on a un jeu avec beaucoup de mouvements de balles. Mais il n'y a pas toujours une efficacité. C'est vrai que quand on est sportif de haut niveau, on essaye de faire en sorte qu’on soit performant tout le temps. La régularité est quelque chose de très important. Quand on maitrise comme cela quelques paramètres qui peuvent nous permettre d'être réguliers dans la performance… C'est ce que je découvre un petit peu dans cette culture anglo-saxonne. C'est vrai que ce n'est pas la panacée, mais il y a quelque chose sur laquelle on peut s'inspirer. Je suis quelqu'un de curieux. Si quelqu'un peut m'apporter un peu de son expérience, je m'en inspire pour être encore mieux.
Vous êtes au Cameroun pour des vacances. Mais également pour un certain nombre d'activités…
Je suis là pour une visite des centres de la Serge Betsen Academy : à Bafia, dans le village de ma mère, à Bangangté, dans le village de mon père, à Yaoundé, où j'ai grandi quand j'étais tout petit et où je parraine un orphelinat, Zana, qui a été délogé il y a six mois ; et qu'on a dû reloger et trouver des installations pour pouvoir permettre à 15 orphelins d'avoir une meilleure vie. A Bafia, j'ai une tante, Rose, qui s'occupe du Centre Rosy. Elle parraine des enfants dont elle a identifié les difficultés au niveau familial, social. Il y a des parrains, en France, qui contribuent à la scolarisation de ces enfants. A Bangangté, c'est pareil.
Je suis venu voir le travail qui a été fait et le renforcer par des rencontres avec des autorités locales pour nous permettre de pérenniser ces actions-là.
Comment comptez-vous développer le rugby en l'absence de terrains de jeu ?
Le rugby c'est un jeu, un sport collectif. Donc, il y a du contact. Quand on parle d'initiation, on parle de jeu à travers des conditions qui peuvent, quelquefois, être difficiles. Quand je vois l'implication, la ferveur et la passion qui animent les éducateurs et les enfants qui découvrent ce sport, je ne peux qu'être encouragé à les aider. J'essaie de mettre en place des formations pour amener les éducateurs à avoir des bases d'organisation de séances, d'organisation de matches pour que petit à petit, ils puissent comprendre la finesse de ce jeu ; et puissent comprendre comment on peut apprécier et prendre du plaisir à jouer au rugby.
Source: Quotidien Mutations
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