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Rolande Dzebaze présente l'APCVF, association contre les violences conjugales
(25/02/2013)
L'APCVF est une association qui lutte contre les violences conjugales et infantiles. Bonaberi.com est allé à sa rencontre
Par Rédaction Bonaberi.com
L'APVCF lors de la journée internatioanle de la non violence le 02 Octobre 2011
L'APVCF lors de la journée internatioanle de la non violence le 02 Octobre 2011
Bonjour Madame Dzebaze, vous êtes la Présidente de l'APVCF (Association pour la Prévention des Violences Conjugales et Familiales), organisation domiciliée à Yaoundé. Depuis combien de temps existe votre association et qu'est ce qui est à l'origine de sa création (motivations, contexte, etc) ?
L’Association pour la Prévention des Violences Conjugales et Familiales (APVCF) existe depuis juin 2009 ; elle a obtenu son autorisation légale par arrêté préfectoral N°00000485/RDA/J06/BAPP du 29 avril 2010 à Yaoundé.
L’idée de création de cette association est née du constat :
• de la récurrence des violences, particulièrement les violences conjugales et familiales dans la société camerounaise ;
• de la gravité des conséquences des violences conjugales sur les enfants, sur les familles et même sur la nation entière ; l’une de ces conséquences étant le divorce (en 2007 par exemple, sur 1104 conflits conjugaux enregistrés au Minas et autres associations, on a enregistré 428 divorces ; INS, TBS 3) ;
• de l’indifférence qui entoure ce sujet : on le trouve très peu dans les conversations, et même dans les médias, à moins que le pire ne soit déjà arrivé.
En étudiant les éventuelles causes de ces violences, nous avons pensé qu’il faut amener les gens à en parler, pour réaliser que la violence conjugale c’est grave, que nous y perdons tous, pour enfin décider ensemble de trouver d’autres moyens de résoudre les conflits, et les enseigner à nos enfants. Bref, nous avons pensé qu’en passant par la prévention chez les tout-petits, on pourrait réduire les taux de violence conjugale dans le futur.


Pensez-vous que les violences conjugales et familiales soit un phénomène de société qui se vulgarise ou reste-t-il encore marginal au Cameroun ?
Au Cameroun, les violences conjugales et familiales existent bel et bien. Les principaux types de violences recensés sont ; les violences physiques, économiques, psychologiques, verbales, sexuelles, etc. Concernant la violence physique :
- Selon la troisième Enquête Démographique et de Santé (EDS III) réalisée par l’Institut National de la Statistique (INS) en 2004, 78% de femmes ont déclaré avoir subi une violence physique modérée et 6% ont subi une violence physique sévère, d’un mari ou d’un partenaire.
- Et selon une étude du centre de recherche sur les droits de la personne humaine (CRED) réalisée en novembre 2008, au Cameroun, la proportion des violences physiques faites aux hommes par les femmes est de 27,4%.

On ne saurait dire que les violences conjugales et familiales se ‘’vulgarisent’’ puisqu’elles ne datent pas d’aujourd’hui, elles ont longtemps été jugées normales par nos us et coutumes, et ce n’est pas encore terminé.

Le phénomène reste quand même un peu tabou, puisque les victimes et les témoins en parlent très peu, on a tendance à considérer la VCF comme faisant partie de la vie privée du couple, dont on ne devrait se mêler. Mais les conséquences les plus graves sont régulièrement publiées dans les faits divers de nos médias.


Quelques membres de l'APVCF
Quelques membres de l'APVCF
Quelles actions votre association met-elle en place pour prévenir les violences ?
A l’APVCF, nous mettons l’accent sur la SENSIBILISATION. Nos principales actions sont regroupées dans un grand projet que nous avons appelé PAP (Porte A Porte). Il s’agit simplement d’aller vers les hommes, les femmes, les jeunes et les enfants dans leur milieu de vie (maison, école, bureau, association, etc.), leur parler des conséquences physiques, psychologiques, matérielles, sociales et financières des violences sur la famille, en particulier et la nation en général. Et par là, amener les adultes à inculquer les notions de respect, de tolérance, de pardon, de paix et de non-violence aux enfants dès le bas âge, en vue de la résolution pacifique des conflits quels qu’ils soient.

Nous organisons des activités publiques comme des kermesses pour enfants, des pique-niques, nous participons à des foires, à des conférences, bref nous profitons de tout regroupement de personnes pour faire des causeries éducatives sur un thème relatif à la violence.

Nous sommes aussi entrain de finaliser un partenariat avec des écoles, pour des activités régulières, ce qui permettra de faire une évaluation de l’acquisition des notions par les enfants.

J’aimerai aussi vous parler aussi de la Cellule de Médiation Conjugale que nous sommes en train de mettre en place, et nous croyons qu’avec ce projet il y aura surement moins de divorces.

Nous avons créé un compte Facebook, « rezo APVCF » qui permet de passer des messages (sensibilisation), de présenter certaines de nos activités, en attendant que notre site web soit mis en ligne. Nous avons aussi une page facebook L’amour, ça ne devrait pas faire mal qui exprime l’élan du cœur de l’APVCF.

Quel rôle joue l'État quant à la lutte contre les violences conjugales ? La loi prévoit-elle des sanctions particulières et la Justice camerounaise se saisit-elle souvent d'affaires de ce type ?
Le rôle de l’Etat camerounais dans la lutte contre les violences conjugales et familiales est inscrit dans les missions du Ministère de la Promotion de la Femme et de la Famille (MINPROFF). L’Etat a par ailleurs ratifié de nombreux textes et conventions relatifs aux droits de l’Homme, de l’enfant, de la famille et à la promotion et la protection de la femme. A travers le MINPROFF, l’Etat soutient les activités de nombreuses associations, adhère aussi à certains axes de l’ONU, et participe à la célébration des journées internationales comme le 8 mars, le 15 mai, 25 novembre, etc.

Effectivement la loi camerounaise prévoit dans son code pénal des sanctions en cas de violences conjugales (exemple : meurtres, coups et blessures –articles 275 à 281, adultère-article 361, menaces simples-article 301, etc.). La justice se saisit également de ce type d’affaires, mais dans la réalité il ya peu de personnes qui se plaignent, (par exemple, selon les résultats de l’EDS III, 2004, seulement 35% de femmes ayant subi des violences physiques ou sexuelles ont recherché de l’aide ou l’assistance; les hommes victimes quant à eux ne se plaignent presque jamais), donc ça n’arrive pas très souvent au niveau de la justice.



De votre expérience, quelle est la perception des Camerounais vis-à-vis des violences conjugales ? Estiment-ils, notamment pour les cas de violences faites aux femmes par leurs maris, que cela participe d'un ordre naturel des choses et que l'homme, en tant que chef de foyer, peut « punir » sa femme quand la situation l'exige ?
De notre expérience, les avis des camerounais(e)s sur la question sont partagés : certain(e)s pensent et disent que la violence conjugale est normale, parce que ‘’l’homme est le chef de famille’’, il doit ‘’éduquer’’ sa femme , ‘’la femme doit être soumise ‘’, et il y a les coutumes dont la plupart reconnaissent au mari le droit de correction sur sa femme, même pour des raisons ‘’banales’’ comme (elle brule la nourriture, elle discute ses opinions, elle sort sans lui dire, elle refuse d’avoir des rapports sexuels…). Dans certaines zones du pays, la violence conjugale serait même considérée comme une preuve d’amour. D’autres par contre y sont totalement opposés, considérant qu’il y a d’autres moyens de résoudre les conflits conjugaux.

Dans le terme « violences familiales », nous imaginons que ça concerne aussi les violences faites aux enfants dans le cadre de l'environnement familial. Quelle différence faites-vous entre une fessée qu'on donne à un enfant parce qu'il est un peu têtu, pour le recadrer et une violence sur enfant ? Quelle est la limite pour vous ?
Nous pensons qu’une fessée qu’on peut donner à un enfant pour le corriger doit être proportionnelle à son âge, à son physique, et à la faute commise ; mais avant d’arriver à la fessée, il faut que tous les autres moyens (dialogue, conseils, punitions, etc.) aient été utilisés pour ramener l’enfant à la raison.

Car la fessée a aussi des conséquences qui peuvent être graves ; en effet, plus la colère dure, le parent risque ne plus se contrôler, et un accident est très vite arrivé. Exemple : Si vous cassez le bras à un enfant, ou vous lui mettez du piment dans les yeux, parce qu’il a fait l’école buissonnière, là vous avez atteint la limite de la violence !

Mais en fait, l’expression « violences familiales » nous permet de parler aussi de toutes les violences qui peuvent être subies dans le cadre familial, et qui ne sont pas toujours faites par les partenaires, mais très souvent par les autres membres de la famille ou de la belle-famille.

Intervenez-vous dans les zones rurales aussi et y a-t-il une différence de perception profonde sur ces phénomènes selon qu'on soit urbain ou rural ?
Pour le moment, nous n’avons pas encore organisé d’activité dans les zones rurales, mais c’est en projet. Nous avons décidé de commencer nos activités dans la ville de Yaoundé, précisément dans les communes de Yaoundé III et Yaoundé VI ; avant de les étendre sur l’ensemble du territoire national.


Quels sont vos projets pour les prochains mois ?
Pour les prochains mois, nous allons continuer la sensibilisation, notamment à travers le projet PAP-1, en finalisant le partenariat avec les écoles primaires déjà contactées et en y démarrant effectivement les activités. Nous allons aussi continuer la recherche de partenaires et de donateurs pour les urgences comme le local devant servir de siège à l’association, et le site web.

Pour terminer, je tiens à préciser que, la violence conjugale et familiale nous concerne tous, chacun de nous a autour de lui des femmes ou des hommes battus, des couples séparés pour cause de violence, etc. et beaucoup d’enfants perturbés par ces situations. Pour Danielle Dalloz, psychanalyste française, la violence n'est pas une fatalité : il est possible de la prévenir dès la petite enfance. Et pour l’APVCF, chacun de nous, où qu’il se trouve a quelque chose à faire dans la prévention des violences conjugales et familiales.

Je vous remercie.

Nos contacts :
Téléphone : 96 07 62 53 / 96 15 62 03
E-mail : info_apvcf@yahoo.fr


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