Le président du Sdf a appelé les Camerounais au calme, critiquant l'instrumentalisation par le régime en place de son appel à manifester pacifiquement, et demandant la mise en place de mesures pour les prochaines élections
Par Rédaction Bonaberi.com
Ayant appelé la population camerounaise à manifester massivement pour s’opposer au résultat proclamé par la Cour Suprême concernant l’élection du 09 Octobre dernier, John Fru Ndi a finalement « pris acte » de la réélection de Paul Biya et appelé à la paix et la cohésion sociale dans un communiqué.
« Il en résulte que la mascarade du 9 octobre dernier qui a été constatée par les principaux partis qui y ont pris part la société civile ainsi que la communauté internationale dont nos principaux partenaires à l’étranger ne peut aboutir qu’à plonger notre pays dans un précipice incommensurable. Nous devons inverser cette tendance afin de faire triompher la justice et préserver notre cohésion sociale, ainsi que la paix », a-t-il déclaré, précisant que « Le Sdf prend acte de la proclamation par la Cour constitutionnelle des résultats des élections du 9 octobre 2011 en faveur de M. Biya. »
Un changement qui n’est pas survenu sans surprendre son monde, John Fru Ndi ayant déclaré plusieurs fois lors des jours précédents sa ferme volonté de manifester, affirmant ne plus pouvoir supporter les gabegies du Cameroun. Un changement qui rappelle sans doute la volte-face préélectorale du Sdf qui avait des mois durant affirmé sa volonté de boycott, avant de finalement faire un appel à l’inscription massive sur les listes électorales.
Des positions de girouettes au sein du principal parti d’opposition qui contribuent donc à fragiliser une opposition en quête de repères et de crédibilité, face d’une part à la toute puissance de la machine du Rdpc qui a su au fil des années faire les alliances nécessaires, et d’autre part à la désillusion de l’électorat qui ne semble plus faire grand cas des présidentielles. Une réalité qui pousse de nombreux observateurs à supputer des arrangements obscurs entre John Fru Ndi et Paul Biya, afin de maintenir la domination du parti au pouvoir.
Pour le « chairman », il ne s’agit purement et simplement que d’une recherche de justice, et non pas d’une tentative de déstabilisation. Il a d’ailleurs vivement critiqué les sorties de membres du régime qui ont contribué à maintenir une certaine psychose : « les zélateurs fascistes du régime ont cyniquement utilisé la Déclaration de Yaoundé signée par sept candidats aux élections d’octobre 2011 pour créer la psychose et surtout semer la confusion dans la compréhension de nos intentions et de notre positionnement républicain. La Déclaration de Yaoundé faite en toute légalité et légitimité dans l’intention de faire prévaloir la justice exigeait de M. Biya l’annulation de l’élection présidentielle. En cas d’autisme et de refus, elle invitait les Camerounais à manifester pacifiquement. Ce qui est un droit fondamental reconnu par la Constitution de notre République. » Il a par ailleurs invité tous les Camerounais, Paul Biya y compris, à s’activer pour que les futures échéances électorales ne soient pas entachées des mêmes irrégularités.
« Tous les Camerounais, y compris le candidat proclamé, à s’investir pour que notre pays mette en place des règles équitables pour l’organisation des élections libres et transparentes afin de lui épargner d’autres mascarades qui contribuent considérablement à jeter le discrédit et la honte sur notre pays. »
