Pourquoi l’église catholique s’oppose-t-elle à la vénération des crânes ?
(18/01/2009)
Les reliques des saints canonisés par l’église catholique romaine sont vénérés dans le monde entier. Pourtant, l'église catholique s'oppose toujours formellement à divers rites traditionnels.
Par Rédaction Bonaberi.com (Anne Mireille Nzouankeu)
Les reliques de sainte Thérèse de l’enfant Jésus sont actuellement en tournée au Cameroun. Elles sont exposées ce dimanche 18 janvier à la paroisse de la mission catholique de Tala par Monatélé. Ces reliques ont précédemment été exposées à la paroisse de l’hôpital Jamot de Yaoundé où beaucoup de tuberculeux espéraient obtenir une guérison miraculeuse. Lorsqu’on veut savoir quelle signification l’église catholique romaine donne aux reliques, le curé de Tala répond que «.. dans le terme reliques on a étymologiquement le mot restes. Il s’agit donc des restes de tout ce qu’une personne qui a été canonisée a eu à utiliser. Ca peut être les restes de son corps, des vêtements qu’elle a eu à utiliser ou encore de tout ce qui a pu lui appartenir ».
La vénération des reliques ressemble à s’y méprendre au culte des crânes pratiqué chez les Bamilékés du Cameroun et chez les Léga de la République Démocratique du Congo. Ces mêmes rituels, pratiqués dans des religions traditionnelles africaines sont taxés d’animisme alors que bien des aspects convergents.
Le processus d’acquisition des reliques est le même aussi bien chez les catholiques que dans les religions traditionnelles africaines. Le principe est celui de l’exhumation du corps et de la récupération des restes du défunt. Les crânes des ancêtres africains sont ensuite conservés dans une maison spéciale appelée case des crânes. Les reliques des saints catholiques sont conservés dans des grandes boites en verre appelées reliquaires afin de faciliter leur transport d’un pays à un autre et de permettre aux fidèles catholiques de regarder ces reliques sans les abîmer. Les catholiques romains aussi bien que les adeptes des religions traditionnelles africaines, considèrent ces saints comme des intercesseurs entre l’homme et Dieu.
L’église catholique comme les religions traditionnelles africaines éprouvent en effet, le besoin de garder un lien avec leurs parents décédés. C’est ainsi que chez les Bamilékés par exemple, il est possible de contacter spirituellement ses ancêtres via leurs crânes, afin qu'ils intercèdent pour le demandeur auprès de Dieu. De même, dans l’église catholique des neuvaines à des saints particuliers sont conseillées pour la résolution de certains problèmes. Sainte Thérèse de l’enfant Jésus par exemple est invoquée pour guérir de la tuberculose et bien d’autres cas désespérés. L’abbé Antoine Evouna de l’archidiocèse de Yaoundé, a par exemple publiquement témoigné avoir été miraculeusement guéri d’une fracture au pied, rien qu’en touchant le reliquaire de sainte Thérèse de l’enfant Jésus.
Les hommages rendus aux morts et aux objets.
Les églises catholiques sont pleines de statuts , de tableaux et d’objets symboliques devant lesquels les fidèles se prosternent et font des invocations tandis que ces mêmes rites sont assimilés à de l’idolâtrie lorsqu’ils sont pratiqués par des non catholiques. Or il semble plus logique que la prière de l’africain ait plus de chance d’aboutir s’il utilise comme intercesseur, un crâne de son ancêtre au lieu d’ un autel, d’un crucifix de Jésus, d’une statuette de Marie ou même d’ une statuette de Bouddha.
L’église catholique célèbre également les morts le 2 Novembre de chaque année, veille de la fête de la Toussaint qui est célébrée chaque 1er Novembre. La toussaint est une fête célébrant tous les Saints décédés de l’église catholique. La fête des morts par contre, qui a des origines païennes sert à saluer les âmes des défunts non canonisés. Pourtant les funérailles pratiquées par certaines tribus sont assimilées à de l’animisme.
Les reliques jouent d’autres rôles dans l’église catholique. Des recherches ont démontré qu’au moment de construire une nouvelle chapelle, les reliques d’un saint sont importées du Vatican pour être incrusté dans l’autel. Cette relique est très souvent un os du saint dont l'Eglise porte le nom. Le but de se rituel serait d’attirer la protection de ce saint sur l’église.
L’exposition des reliques a traversé les religions et les continents pour se retrouver dans toutes les parties du globe terrestre. Les communistes soviétiques conservaient au Kremlin et dans un reliquaire, le corps momifié de Lenine. Le crâne de René Descartes lui, est exposé au Musée de l’Homme à Paris. C’est dire qu’à l’exemple de l’église catholique , chaque peuple doit avoir la latitude de rendre hommage à ses valeureux prédécesseurs sans pour autant être taxé d’idolâtre.