Les employés de la Sosucam, mécontents de leur sort, ont décidé d'enlever le directeur de cette entreprise.
Tout est parti des revendications multiformes du personnel et des riverains de la société Sosucam installée dans la localité de Mbandjock. D'un côté, les populations du groupement de Ndo se plaignent de la Sosucam qui a arraché leurs terres pour la culture de la canne à sucre sans indemnisation en rapport adéquat avec les surfaces occupées. Les populations du groupement de Ndjoré quant à elles, accusent la direction générale de la Sosucam d'être sous représentées au niveau du personnel d'encadrement. Ces griefs récurrents ont installé un climat délétère au sein de l'entreprise depuis quelque temps.
Hier matin, deux agents employés au magasin de sucre ont un statut semi permanent ; ils sont payés en fonction de leur temps de travail. Le service de contrôle constate que le pointage de ces agents est anormalement relevé, leur conférant des rémunérations exorbitantes. Les services du personnel et les agents concernés sont accusés de " pointage frauduleux et de faux en écriture ". Ils seront aussitôt licenciés. Le chef de service du personnel est à son tour mis à la porte pour " faute grave et perte de confiance ". Cette nouvelle fait rapidement le tour de l'entreprise ; elle atteint la zone urbaine de la localité ; les populations riveraines du côté de Ndjoré d'où sont originaires le chef de personnel et l'un des agents licencié font irruption à l'usine ; lorsque les ouvriers de service de " 4 à 12 heures " quittent les ateliers, ceux devant les relayer n'ont pas pu accéder aux machines : les manifestants ayant bloqué deux entrées, celle des engins et celle du personnel. Pendant ce temps, d'autres manifestants s'infiltrent à l'intérieur de l'usine et enlèvent le directeur pour une destination inconnue.
M. Ekea, sous-préfet de Mbandjock est appelé sur les lieux pour tenter une discussion avec les manifestants. L'un d'eux le récuse aussitôt : " Il ne dira rien de sérieux ; il est parfaitement au courant de tout ce qui nous arrive ici ; chaque fois qu'il a été sollicité, il a toujours pris le parti de la direction pour des raisons que vous pouvez vous imaginer ", martèle t-il. M. Ekea semblait ne pas maîtriser la situation au moment où M. Zuel était enlevé. " Ne me posez pas des questions, je réponds seulement au gouverneur du Centre que j'informe, mais pas vous ", nous répliquait-il, visiblement nerveux et apparemment dépassé par les évènements. Mbandjock est une zone très sensible. Plusieurs ethnies cohabitent en ces lieux attirées par le travail que leur fourni la Sosucam. De temps à autre des conflits mineurs y sont régulièrement signalés, mais n’ont jamais connu d'enlèvement de personne comme c'est le cas en ce moment.
Source: Quotidien Mutations
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