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Le street art comme arme politique au Cameroun
(07/01/2015)
Comme les tags de mur, le street art est devenu un moyen d'expression qui a la côte à Douala. Zoom
Par Le Monde

« C’est nous les voyous, mais qui est voleur ? », « Tu as ton argent. Mais, j’ai mon art. » « Fuck les politik ! » Ces phrases, accompagnées de nombreux graffiti, sont à lire sur les murs du quartier Akwa, à Douala. Des messages choc non signés, mais à propos desquels Joseph Meké, un septuagénaire résidant dans le coin, a sa petite idée. « Ce sont de jeunes diplômés au chômage qui veulent faire comprendre à Paul Biya et à ses ministres qu’ils doivent partir », croit savoir le vieil homme.

Depuis quelques mois, la tendance du street art envahit la capitale économique du Cameroun et semble le mode d’expression favori des frustrations de la jeunesse. La moyenne d’âge des 23 millions de Camerounais est de 19,7 ans, alors que la moyenne d’âge des principales figures du régime est de 77 ans, selon les calculs de Libre Afrique. Ces graffiti ont en effet, pour la plupart, une connotation politique.

Joël Kingué, de son nom d’artiste Diesert, est arrivé au street art par le rap et la peinture. Pour lui, les graffiti sont le meilleur moyen de faire passer des messages au plus grand nombre, et pour faire bouger les choses.

« Je veux faire comprendre à tous les Camerounais que la situation doit changer dans notre pays. J’accompagne toujours mes messages de dessins », explique celui qui est aussi l’un des précurseurs du street art à Douala.

De toute évidence, ce mouvement artistique populaire et politique n’est pas du goût de tout le monde. « Nos graffiti sont très souvent effacés. Sûrement par ceux que cela dérange », estime Diesert.

Pheno, un autre streetartiste spécialisé, lui, dans le dessin des « martyrs tués pour la paix au Cameroun » ne dit pas autre chose. Sur les murs, Pheno peint entre autres des personnages tels que Martin-Paul Samba, Ruben Um Nyobe, Felix Moumié, des héros de la lutte pour la décolonisation au Cameroun. Son but : rappeler à la jeunesse les personnages qui ont « fait leur histoire ».


Les yeux doux de l’opposition

Si le travail des ces jeunes graffeurs est si souvent perturbé, comme ils en témoignent, des hommes politiques de l’opposition ou des personnalités de la société civile semblent y avoir trouvé un moyen supplémentaire de se faire entendre. Ajaabe, un autre street artiste de Douala explique qu’il reçoit de plus en plus de commandes de ces acteurs de la vie politique lui demandant de « réaliser des dessins parlants ».

Un des collègues d’Ajaabe ayant souhaité garder l’anonymat est plus précis sur la question : « Ils nous demandent d’écrire sur des murs des stades ou des maisons abandonnées situées dans des endroits très fréquentés. Ils nous paient bien, car ils veulent qu’on dise au pouvoir en place de démissionner, par exemple. »

Les street artistes de Douala travaillent aussi sur des thèmes plus sociétaux comme le désordre urbain ou la sensibilisation au Vih. Pour eux, il s’agit de mieux faire connaître ce mouvement artistique et de pouvoir, un jour, en vivre. Ils considèrent que ce serait une belle récompense, car leur travail « d’éducation et de sensibilisation est au moins équivalent à celui des journalistes ». Et, de surcroît, « il est accessible sans frais ».


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