Le commerce international des matières premières génère chaque année plus
de 5’000 milliards $ USD de marchandises, 1’000 milliards $ USD de prestations
de services divers et plus de 50’000 milliards $ USD de notionnel sous- jacents
engagés sur les taux d’intérêts, les devises et les indices boursiers. Ce business hyper lucratif, très structuré et fort
bien organisé est caractérisé par des asymétries d’informations qui profitent
aux acteurs qui disposent de la bonne information au bon moment, grâce à leurs
dispositifs de competitive
intelligence.
Pour réduire les asymétries d’information qui pénalisent les Etats
d’Afrique, le bureau d’ingénieur-conseil AfriCommodities en partenariat avec
l’agence GwethMarshall Consulting a crée et développé une banque de données
AfriqueCommodities qui inventorie plus de 10.000 types des matières premières
qui sont géo-localisées par GPS dans les sols, les sous-sols, les eaux, la
faune, la flore, les forêts et les montagnes des 53 Etats d’Afrique ; et engagé
des actions de sensibilisation des pouvoirs publics aux enjeux de l’intelligence
stratégique.
Précisons d’entrée de jeu qu’une nomenclature douanière de 10’000 types de
matières premières représente l’ensemble des produits qui sont exportés chaque
année de l’ensemble des pays d’Afrique vers l’OCDE. Une fois transformés, ces
produits constituent une nomenclature de plus de 15’000 types des matières
premières semi-finies considérées par ailleurs comme des matières premières
industrielles. Les 15’000 types des produits semi-finis sont exportés des pays
de l’OCDE vers l’Asie pour y être transformés en un référentiel de plus de
20’000 types des « Produits à Grande
Consommation ». Ce sont ces derniers qui
font l’objet du commerce international des produits dont on alimente la grande
distribution.
Des externalités négatives dans les pays africains
Quand nous réalisons des études d’impacts sociaux et sociétaux de la
production, du commerce et de l’exportation des matières premières brutes de
l’ensemble des états d’Afrique vers les pays de l’OCDE, nous constatons que
celles-ci génèrent des externalités négatives et de très graves dommages. Les
entreprises impliquées sont bien sûr averties qu’elles peuvent faire l’objet de
poursuites pénales malgré la relative absence de vigilance des services de la
douane dans ce circuit, des failles des administrations compétentes, de la
justice et de la police, de l’absence des normes sociales et prudentielles, et
des problèmes liés aux mécanismes de surveillance de la gouvernance des
entreprises cotées en Afrique.
En valeur, le commerce international des 10’000 types de matières
premières qui sont exportés de l’ensemble des pays africains vers les pays de
l’OCDE génère chaque année un chiffre d’affaires de plus de 3’000 milliards $
USD. Plus de 80% de ce chiffre d’affaires (soit environ 2’250 milliards $ USD)
est capté par des sociétés de négoce physique, les sociétés de négoce de
produits dérivés, les gestionnaires de risques, les armateurs, les opérateurs de
bateaux, les brokers, les agents maritimes, les compagnies d’inspection et de
certification, divers consultants et les banques spécialisées dans la Commodity finance qui contrôlent ce business à partir des centres d’affaires basés
à Genève, Monaco, Luxembourg, Liechtenstein, Anvers, Tel Aviv, Londres, Paris,
Hambourg, Tokyo, New York, Chicago, etc.
20% seulement du chiffres d’affaires, soit environ 750 milliards $ USD que
génèrent le commerce international des matières premières, représente la valeur
financière que se partagent les filiales africaines des multinationales cotées
sur les marchés internationaux, les sociétés africaines cotées sur les marchés
africains et les états africains qui perçoivent des taxes, des impôts et autres
émoluments. Par contre, le commerce international des 15’000 types des produits
semi-finis dérivés de matières premières qui sont importées d’Afrique vers
l’OCDE et qui sont ensuite réexportées de l’OCDE vers l’Asie, génère plus de
6’000 milliards de $ USD. Il profite à plus de 95% aux acteurs qui opèrent au
sein de l’OCDE.
Des externalités positives en Asie et au sein de l’OCDE
Nos études d’impacts sociaux et sociétaux des produits semi-finis qui sont
exportés des pays de l’OCDE vers l’Asie où ils sont transformés en produits de
grande consommation, montrent de façon remarquable que la transformation, le
commerce et la réexportation des matières premières semi-finies (dérivées des
matières premières importées des états d’Afrique) génèrent des externalités
sociales et sociétales positives au sein de l’OCDE. Cela est essentiellement dû
à la présence accrue des services de la douane, des administrations de contrôle
et de répression des fraudes, des associations de consommateurs, de l’existence
des normes qualité, de normes sociales et de normes prudentielles à côté des
dispositifs opérationnels de surveillance de la gouvernance des entreprises
cotées en bourse.
En valeur, le commerce international des 20’000 types de « Produits de Grande Consommation » dérivés des matières premières
importées des 53 états d’Afrique qui sont transformés en Asie génère plus de
6’000 milliards de $ USD et profite pour plus de 50% aux acteurs qui opèrent au
sein de l’OCDE et à environ 40% aux acteurs asiatiques. En volume, les 40% de la
valeur financière créée en Asie sur base de la transformation des matières
premières importées des pays d’Afrique en produits finis génèrent des impacts
sociaux et sociétaux appréciables.Lorsqu’on évalue l’impact socio-économique de
la transformation des produits semi-finis importés des pays de l’OCDE en
produits de grande consommation par les industriels d’Asie, nous constatons
qu’ici, ces produits génèrent des externalités qui ont de remarquables avantages
sociaux et sociétaux. Ils contribuent de manière mesurable au développement des
pays d’Asie et à l’émergence d’une classe moyenne identifiable.
Grâce aux outils d'intelligence économique et à leur networks
internationaux qui sont implantés en Afrique et en Asie, les acteurs qui
opèrent dans la chaîne du commerce international des matières premières de
l'OCDE collectent des informations sur les marchés et les réseaux, surveillent
la concurrence et la société civile, et influencent les décideurs et les
législateurs. Sont systématiquement passés au peigne fin : le commerce
international de l’ensemble des matières premières qui sont exportées de
l'Afrique vers le reste du monde, le commerce international des produits
semi-finis dérivés des matières premières d'Afrique qui font l'objet des
échanges entre l'OCDE et les pays d'Asie, et enfin, le commerce international
des produits de grande consommation dérivés des matières premières exportées
d'Afrique !
Des opportunités pour les fournisseurs de matières premières
Par discrétion, nous n’indiquons ici qu’une des tendances lourdes du
marché. La synthèse de nos investigations auprès des entreprises européennes et
nord-américaines montre clairement que les stakeholders (clients, fournisseurs, investisseurs,
actionnaires et salariés) veulent plus jamais connaître l’impact social et
sociétal des produits qu’ils consomment. Ainsi, pour les enseignes de la grande
distribution comme Aldi, Wal-Mart, Casino, Carrefour et bien d’autres, la
collecte des informations liées aux émissions de CO2 générées par la production,
la transformation et la mise sur le marché de certains produits n’est plus une
donnée aléatoire. En termes de stratégie pour l’entreprise dite socialement
responsable, la mesure de l’empreinte environnementale est devenue l’argument de
vente par excellence.
En France, pour ne citer qu’un cas, la nouvelle loi « Engagement national pour
l’environnement » dite Grenelle 2,
reconnait une nouvelle compétence aux commissaires aux comptes de pouvoir
étudier le contenu des rapports sur le développement durable des entreprises.
D’où l’importance pour les distributeurs des produits de grande consommation de
disposer de données exhaustives, cohérentes et auditables sur chaque société et
chaque produit mis sur le marché par cette dernière. Le cycle de vie des
produits de grande consommation et toutes les externalités émises sont désormais
calculés en termes d’émissions de CO2. Ces externalités négatives sont
aujourd’hui analysées de façon précise ; et la loi Grenelle 2 prévoit même la
mention du bilan CO2 sur les étiquettes des produits qui sont mis sur le marché
en vue de responsabiliser les consommateurs dans leurs achats.
C’est dire si l’intelligence économique est la solution aux asymétries
d’information et conflits d’intérêts qui minent le commerce des matières
premières africaines à l’international. Il n’est plus supportable que les
paysans africains, par exemple, qui contribuent au succès des produits du leader
mondial des cosmétiques (grâce à l’huile de palme que cette entreprise achète à
vil prix en Afrique via des intermédiaires véreux et utilise comme matière
première stratégique dans la fabrication de produits cosmétiques) ne captent
qu’à peine 0,75% de la valeur financière que crée L’Oréal. Pendant ce temps, les
créanciers résiduels, carrés dans leur canapé « Roche Bobois » à
Neuilly-sur-Seine et à Long Island, se partagent plus de 60% de la valeur
actionnariale par le fait simplement d’avoir injecté du cash flow dans le circuit.
Des failles dans la responsabilité sociale des grands groupes
La responsabilité sociale de l’entreprise, admet-on dans l’OCDE, passe
aussi par l’équité et la transparence avec lesquelles elle rémunère ses
fournisseurs. Pourtant, nos dispositifs de surveillance révèlent que les
sociétés de la municipalité de Grasse Sud (en France) qui fournissent des
plantes aromatiques à L’Oréal (un exemple parmi d’autres) sont payées à leur
juste valeur, tandis que les paysans bamilékés de l’ouest Cameroun qui
fournissent de l’huile de palme à cette société ne tirent guère le bénéfice
équitable dû à leur production.
Grâce à nos Trackers, nous avons suivi durant douze mois l’évolution de
deux fournisseurs du leader mondial des cosmétiques, un Français et un
Camerounais. Le premier fournissait des plantes aromatiques, le second
fournissait (via des intermédiaires) de l’huile de palme que L’Oréal utilise
dans la fabrication de parfums et autres produits capillaires et
dermatologiques. Au bout d’une année de relations d’affaires, le fournisseur
français évolue dans une relative opulence alors que le fournisseur camerounais
n’enregistre aucun impact décisif sur ses revenus. Par contre, la production de
son huile de palme dans des conditions écologiques déplorables détruit nettement
sa qualité de vie et son environnement. A ce jour, le fournisseur français est
protégé et rémunéré à sa juste valeur. Le Camerounais est littéralement broyé
par une machine perverse qui s’appuie sur les asymétries d’information.
Il est impérieux pour les états africains de se doter de dispositifs
d’intelligence économique afin de corriger ces écarts qui les privent des
bénéfices de la mondialisation commerciale.
©2009 AfriqueCommodities GwethMarshall Consulting
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