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Jeanne Irène Biya dans l’oubli
(29/07/2008)
Cameroun: La mémoire de feue la Première dame n’est pas honorée comme certains Camerounais l’aurait souhaité. Pourtant, elle a fait le bonheur du chef de l’Etat et la fierté du peuple.
Par Souley Onohiolo
Feue Jeann Irène Biya que tant de camerounais ont encore dans leur coeur
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Meyomessala : mémoire en ruine d’une dame de cœur.

Complexe commercial de Mvomeka’a, à un jet de pierre du palais du chef de l’Etat, Paul Biya. Il est 14 heures ce samedi 26 juillet 2008. Le joyau architectural construit par Emmanuel Gérard Ondo Ndong (alors directeur général du Fonds spécial d’équipement et d’intervention intercommunal) et offert aux populations de Meyomessala comme « don » du couple présidentiel, est le carrefour des rendez-vous de samedi soir. La bière coule ici à flots dans une ambiance très enlevée.

Il est difficile ici de rencontrer un jeune de moins de vingt ans qui se souvient de Jeanne Irène Biya. « Elle pourrait être la sœur ou une cousine au président Paul Biya », lance un jeune entre deux gorgées de bière. Les plus âgés peuvent quand même en parler. « C’était la première femme du chef d’Etat. Elle a même été la marraine du Pavillon Baudelocque. Son œuvre a été immense même si après, on l’a vite oubliée », réplique un quinquagénaire. Dans la foule qui éclate de rires, il y a toute une génération qui semble ne rien savoir de l’ex-première dame dont la dépouille repose pourtant dans le palais de Mvomeka.

Très peu de personnes se rappellent en effet que le 29 juillet est le 16ème anniversaire de son décès. « C’était une femme de cœur, discrète et généreuse. Toute sa vie, elle s’est sacrifiée pour la cause des enfants. Effacée, elle répondait favorablement aux multiples demandes d’aide qui lui parvenaient. Elle a aidé beaucoup d’enfants déshérités, des personnes affligées et en détresse à travers tout le pays », témoigne un septuagénaire au milieu de la foule, ébahie. Et d’ajouter : « [i Dans sa discrétion naturelle, elle est parvenue à dissimuler le drame intime d’une femme qui n’a pas connu les délices de la procréation. Mais Jeanne Irène Biya n’a jamais voulu que sa douleur [ait un impact] sur ses semblables. Elle prenait du plaisir à partager tout le bonheur matériel que le destin lui a donné ]». Jouant le rôle de conteur dans des soirées au village, le vieillard trouve des mots justes pour édifier ceux qui l’entourent. Il raconte comment Jeanne Irène, de son vivant, s’est battue corps et âme pour la construction du palais de Mvomeka. Il parle de plusieurs autres réalisations définitivement confinées à l’oubli à cause du déficit de conscience historique d’un peuple sans repères. « Quand j’entends ce que les gens disent de la 1ère dame maman Irène Biya, je ne peux pas imaginer que le président Paul Biya a eu une autre femme », lance inconsciemment un jeune adolescent.

D’Akonolinga à Endom, le délit d’avoir existé

Le désenchantement est profond et l’écœurement affligeant dans l’arrondissement d’Endom et, plus particulièrement à Monengombo, le village natal de Jeanne Irène Biya. A l’évocation de son nom, un doigt accusateur est porté sur les « beaux » de Mvomeka’a. « Les dirigeants africains ont une vénération pour leur première dame. Pour avoir soutenu le président Paul Biya à l’épreuve du coup d’Etat du 6 avril 1984, pour l’avoir entouré de ses conseils dans les années 90 marquant l’arrivée en force de l’opposition, Jeanne ne devrait pas être aussi rapidement oubliée », se plaint un membre de la famille. Le souvenir de la toute Première dame du Renouveau s’observe à travers quelques unes de ses photographies placardées sur les murs.

« On croyait que son frère, le ministre Robert Nkili, allait entretenir sa mémoire à travers l’organisation d’un championnat ou d’une coupe. Depuis la mort de l’illustre disparue, on n’a pas vu d’action solennelle, ni une messe d’action de grâce… Même pas un chrysanthème », se plaint Marie-Rose.

La soixantaine dépassée, Jean Antoine Mbita, instituteur à la retraite, tance les vanités et les calculs mondains des « damnés de la terre » ayant sacrifié sur l’autel de leurs égoïsmes, l’expérience à la fois pathétique et luxuriante d’une femme qui fait partie de ces êtres ayant pourtant bien utilisé leur destin. « Je garde en mémoire le souvenir d’une Première dame sobre et modeste. Celle qui avait vendu ses bijoux à un joaillier suisse pour une valeur de 49 millions de Fcfa, pour l’acquisition d’une cargaison de médicaments. Elles se comptent au bout des doigts d’une main, des dames qui auraient mené l’existence de Jeanne Irène Biya. La patrie non reconnaissante l’a oubliée. Il est même absolument impossible pour les membres de la famille qui le désirent, d’affronter le palais de Mvomeka’a, pour déposer une gerbe de fleurs sur sa tombe », confie-t-il.

Les plus affectés se rendent continuellement au domicile de l’illustre disparue, pour se recueillir et cicatriser leurs douleurs. « Même si le destin a voulu que les choses changent si vite, on ne peut pas dire que c’est l’oubli total. Quand on passe devant son domicile, on s’arrête, on se souvient d’elle. Il ne nous revient pas non plus d’engager des manifestations de grande solennité. Elle était notre fille certes, mais nous l’avions déjà envoyée en mariage ailleurs. Ce n’est plus à nous de prendre les devants », explique un haut cadre de l’administration, natif du village de feue Jeanne Irène Biya.

Soa : la Fondation petit Dan et Sarah s’en souvient

Dans la banlieue universitaire de Soa, le couple Marie Louise et Joseph Zingui, visiblement amorti par le poids de l’âge, ne veut pas tuer le rêve de leur jeunesse. Il y a une vingtaine d’années, alors jeunes mariés, ils avaient tout abandonné pour la cause des enfants en difficulté. Ils avaient alors créé la Fondation petit Dan et Sarah. A la suite d’une rencontre avec la Première dame du Renouveau, le couple trouve le salut. Ils se souviennent qu’après avoir constaté l’étroitesse de leur site, c’est Jeanne Irène Biya qui avait aidé la fondation à aménager dans un espace beaucoup plus grand à Soa. « Nous sommes fiers de poursuivre l’œuvre qu’elle avait affectueusement soutenue. Dans sa discrétion habituelle, elle venait ici sans tambour ni trompette, juste avec sa garde rapprochée. Elle avait toujours un mot gentil pour chacun des enfants », avoue Joseph Zingui.

Seize ans après sa mort, la mémoire de la première épouse du chef de l’Etat, Paul Biya, plane toujours sur le site. La mémoire de la marraine des enfants de la Fondation petit Dan et Sarah et son héritage sont bien conservés. Le couple déplore le manque de soutien à la dimension de celui reçu à l’époque de Jeanne Irène Biya. Les promoteurs avouent peiner pour arrondir les angles dans l’encadrement de leurs pensionnaires. Mais le couple proclame son désir de perpétuer la générosité en faveur des enfants afin de garder en éveil les sacrifices et les actions humanitaires consentis par Jeanne Irène Biya.


Source: Le Messager


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