Le couple présidentiel
Le créancier Armand Amougou ne décolère pas contre Christophe Foe Ndi, l'intendant du palais de l'Unité. " Je ne lui réclame rien d'autre que mon argent : huit millions et demi de francs qu'il doit me payer et cette affaire sera réglée une fois pour toutes. Il ne m'entendra plus parler et tout le monde sera content ", explique le jeune trentenaire. D'ailleurs, pour cet homme qui se présente comme un agent de recouvrement à Yaoundé, explique le différend qui l'oppose à l'intendant du palais présidentiel M. Foe Ndi revient à charger sans ménagement l'homme avec qui, visiblement, il a connu des jours meilleurs avant de déterrer sa hache de guerre.
" [i Nous nous étions entendus pour régler une dette relative aux travaux préparatifs du mariage du couple présidentiel. René Reve, un entrepreneur qui avait été mandaté par René Owona [le défunt Secrétaire général adjoint à la présidence de la République, Ndlr], est la personne à qui cet argent était dû. Il avait en effet effectué des travaux en 1994 pour le mariage de Paul et Chantal Biya à Mvomeka'a, mais il n'avait pas été entièrement désintéressé] ", explique M. Amougou.
A en croire les documents qu'il présente, jusqu'en 2007, la dette n'était pas encore entièrement épongée. Dans une lettre adressée à l'intendant Christophe Foe Ndi le 23 mai 2007, René Reve indique que : " [i Le devis desdits travaux [s'élevaient à la] somme de 81,9 millions de Fcfa.] " Jusqu'alors, le prestataire de services prétendait qu'il n'avait reçu que 72 millions Fcfa. Aussi, le créancier indiquait-il que " [i les frais de recouvrement [soit] 33% de cette somme revenaient à Monsieur Amougou Armand Venceslas…] "
Pour appuyer cette déclaration, une procuration établie devant la police judiciaire et une reconnaissance de charge faite à M. Amougou sont mises en exergue par René Reve qui aurait, selon les dires de M. Amougou, choisi ce canal pour se faire payer faute de quérir un huissier ou de demander un paiement en justice. " Là-bas, il faut toujours faire pression par le canal de quelqu'un ", explique M. Amougou qui prétend que plusieurs personnalités (qui n'ont cependant pas pu confirmer ses déclarations) ont assuré que l'argent a déjà été versé à M. Foe Ndi, qui devrait à son tour désintéresser le créancier.
Pourtant, Christophe Foe Ndi, sollicité n’a pu répondre à la demande d’informations de Mutations bien qu’informé par ses collaborateurs qui ont affirmé au téléphone lui en avoir parlé. Les messages adressés à " l'intendant de la première dame " sont donc restés sans réponses.
Pour un habitué des couloirs de la présidence de la République, d’ordinaire, cela peut paraître normal. Des questions de ce type ne seraient jamais traitées de manière à laisser des traces : “Il n’y a pas d’appels d’offres, pas de reçus. Cela peut être embêtant d’en parler.” Pourtant, les services de René Reve auraient permis de constituer un beau décor et de construire quelques infrastructures à Mvomeka’a, pour célébrer le bonheur des Biya.
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