Les trois jeunes vendeurs au repos après une matinée difficile
Adamou, 12 ans, Samifou Idrissou, 11 ans, et Gilbert, 15 ans, ont tous les trois le même dénominateur commun durant les grandes vacances scolaires : celui de la vente des arachides bouillies. En fait, ces trois adolescents, en dépit des pluies diluviennes qui s’abattent fréquemment durant cette période dans cette région de l’Afrique centrale, ont une seule chose qui les préoccupe chaque jour : vider chacun son plateau d’arachides avant le crépuscule. Cet objectif est, heureusement pour eux, atteint la plupart de temps en temps. Adamaoua affirme ainsi : « je vide généralement mon plateau d’arachides à 4 reprises. Les autres fois, les ¾ sont vendus ». Ce sont presque les mêmes résultats pour ses deux autres compagnons de route, Gilbert et Salifou.
Les trois jeunes vendeurs d'arachides qui repartent à la chasse aux clients
La vente de ces graines très riches en substances nutritives demande énormément de dynamisme et de courage. Et ce n’est pas forcément une surprise de constater que la majorité de ces jeunes ne sont que des adolescents. Leurs âges oscillent entre 10 et 18 ans. Que ce soit à Douala, Yaoundé, Bafoussam, Bangangté, Garoua, Bamenda ou Yokadouma, difficile de faire un pas sans entendre autour de vous une voix juvénile demandant « arachides ? ». Ces jeunes enfants foncent de partout. On les croise dans les bars, les ventes à emporter, dans les gares routières, dans les carrefours à feux de signalisation, dans les zones de péage routier et même dans les bureaux. Preuve, s’il en était, que ces petits graines présentant une couleur rougeâtre et pour la plupart en paire dans leur coquille trouvent un écho favorable auprès de la majorité des 16 millions d’habitants de ce pays, considéré comme le « grainier » de la sous région de l’Afrique centrale.
Comme Amadou qui va en classe de 4e, Salifou en classe de CMI, et Gilbert allant en classe de 3e, la quasi-totalité de ces petits battants sont des élèves. Ils affirment tous faciliter la tâches à leur parents durant la rentrée scolaire en contribuant aussi pour leur scolarité. Salifou affirme à ce sujet : « j’achète les arachides de 2000 frs cfa. Ça remplit mon plateau. A la fin de la journée, lorsque je vends tout, j’ai 4000 frs cfa. Je mets une partie dans la caisse, une autre me permet de déjeuner durant la journée… » Gilbert quant à lui affirme verser son bénéfice chaque soir à son papa qui l’aide à épargner. Adamou pour sa part dit que durant les dernières vacances (ndlr : 2007), il a réussi à épargner une somme de 50 000 francs cfa, ce qui l’a aidé à acheter ses cahiers, des vêtements et trois paires de chaussures.
D'autres jeunes s'adonnent à la vente de fruits
Pour des jeunes possédant un capital un peu plus important, c’est dans des brouettes ou dans des pousse-pousse que les arachides sont transportées et proposées à la clientèle. Avec 50 frs ou 100 frs cfa, vous êtes certain d’être servi en quantité plus ou moins abondante. Il faut noter que les graines d’arachides abondent dans les marchés et plus généralement les rues Camerounaises durant les grandes vacances parce que c’est sa grande période de récolte. On la cultive dans trois régions principales : Le grand centre (Centre - Sud- Est), l’ouest et le grand nord (Nord – Adamaoua – Extrême nord).
Si les activités auxquelles se livrent nos trois jeunes soulèvent de nombreuses questions relatives au travail des enfants (notamment des mineurs au Cameroun) ainsi que sur leur intégrité physique (il existe des cas d’agressions), certains observateurs pensent qu’il est malgré tout judicieux et intéressant de continuer à faire pousser les arachides en abondance pour que durant les vacances, les jeunes continuent à s’occuper d’une façon utile. Car, arguent-ils en paraphrasant Voltaire, « le travail éloigne de nous trois grands maux : l’ennui, le vice et le besoin… ». Surtout que, pour la ville de Douala par exemple, les cours de vacances qui servaient de moyens de remise à niveau des élèves en difficulté scolaire ont tout simplement été interdits par le délégué provincial de l’éducation pour le littoral qui trouvait qu’il y avait trop d’abus dans l’organisation de ces soutiens scolaires et que ces cours ne finissaient plus que par pervertir plus qu’autre chose les jeunes élèves. Aujourd’hui, il devient particulièrement donc ardu pour les parents qui n’ont les moyens de faire partir leurs enfants en vacances de leur trouver des activités constructives. Soit on les laisse traîner à rien faire dans les rues, soit on essaye de les occuper.
Finalement, on a envie de se dire que c’est un moindre mal. Au lieu de flâner dans les rues à boire de la bière ou à fumer des drogues infectes comme on en voit quelques uns dans les artères de Douala, les jeunes et même les moins jeunes, à l’instar de Salifou, Adamou et Gilbert, s’occupent et semblent prendre du plaisir à vendre ces grains d’arachide qui leur permettront de préparer sereinement et dans la quiétude leur rentrée des classes.
Vous pouvez lire un article sur le même sujet sur : Cameroon-Info.net
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