L'ancien Ministre de la santé, Charles Etoundi, a ouvertement indexé le CODE, comme faisant partie des "apprentis sorciers" ayant provoqué les émeutes.
Par Rédaction Bonaberi.com (Yann Yange)
Brice Nitcheu, du C.O.D.E
Dans une interview accordée à Christophe Boisbouvier ce 12 Mars 2008 sur RFI (écoutez l'interview en fin d'article), l’ancien Ministre de la santé, Membre du comité central du RDPC, Charles Etoundi, s’est exprimé sur les récents évènements qui ont embrasé le Cameroun.
Revenant sur le bilan officiel des émeutes, Charles Etoundi a dit ne pas pouvoir donner d’autres chiffres que les 40 morts annoncés par le Ministre de l'administration territoriale, Marafa Hamidou Yaya, tout en rajoutant que le bilan des organisations de défense des droits de l’homme, qui font état de plus de 100 morts, devrait être étayé de sources et non de simples déclarations.
A la question du journaliste français relative à l’interdiction d’accès aux morgues des hôpitaux où seraient encore entassés les cadavres de nombreux manifestants, l’ancien Ministre a déclaré ne pas être au courant de ces informations : « C’est vous qui me l’apprenez. Ca me semble trop gros. Et aucun journal ne l’a écrit. », a-t-il affirmé.
Charles Etoundi a ensuite dressé le bilan qu’il tire personnellement de ces récentes émeutes en indexant ouvertement le C.O.D.E, Collectif des Organisations Démocratiques et Patriotiques des Camerounais de la Diaspora, organisation dirigée par Brice Nitcheu et le Pr Kapet de Bana, qui serait, selon lui, à l’origine des inssurections dans certaines villes du Cameroun.
Rappelons que le C.O.D.E s'était déjà fait remarquer pour plusieurs sorties spectaculaires, notamment lors d'une manifestation à Londres en Décembre 2006 où des militants de cette organisation avaient "pendu" une effigie à l'image du chef de l'Etat Camerounais. Tout récemment, lors des émeutes, cette même organisation a été à l'origine de nombreuses mobilisations et blocus d'ambassades Camerounaises eu Europe pour protester contre la modification de la constitution et les assassinats de jeunes manifestants par les forces de l'ordre.
Pour l’ancien Ministre donc, qui fait par ailleurs état d'un mail qu'il aurait reçu pour justifier son propos, le C.O.D.E ferait clairement partie de cette liste d' « apprentis sorciers » dont le chef de l'Etat Camerounais avait parlé lors de son adresse à la Nation au plus fort des troubles sociaux. En effet, il affirme en substance que, toujours au micro de Christophe Boisbouvier :
« ces manifestations, à mon sens, sont une grosse manipulation. [..] Il y a derrière ces manifestations toute une organisation détaillée, planifiée et politisée. Donc la situation de la vie chère a simplement été manipulée, instrumentalisée. Vous qui êtes en France, est ce que vous connaissez une organisation qu’on appelle le CODE ? [...] Voilà une structure qui dans un mail adressé aux Camerounais de la diaspora, je crois que c’était le 29 février, a expliqué ce qui s’est passé au Cameroun. Ce CODE là lui-même le dit, dans le mail qu’il a envoyé et dont j’ai un exemplaire ici, où il dit qu’au Cameroun le CODE a installé une branche insurrectionnelle. Alors on ne peut pas parler de mécontentement populaire dans cette affaire [...] »
Reconnaissant à demi mot que la vie chère pourrait avoir mis les Camerounais dans la rue, l’ancien Ministre a insisté sur le fait que ces émeutes n’étaient que le fruit « de groupes de gens infiltrés, transportés dans les localités » auxquelles on ne pouvait avoir accès que par de grands axes bitumés. Raison pour laquelle, selon lui, les casses n'auraient pas touché des régions comme le grand Nord mais uniquement des villes comme Yaoundé, Bafoussam ou Douala.
Au sujet de la modification de la constitution, Charles Etoundi a confirmé que le projet de réforme était toujours à l’ordre du jour maintenant que le Président Biya avait pris des mesures contre la vie chère. Il a par ailleurs invité, une façon certainement de montrer que le R.D.P.C avait les faveurs du public sur cette question, tous ceux qui étaient contre la modification de la constitution à manifester s’ils le souhaitaient contre ce projet.
L’ancien Ministre de la Santé a cependant « oublié » de préciser que les manifestations étaient interdites dans des villes comme Douala jusqu’à nouvel ordre et que les émeutes avait embrasé la ville suite à la tentative du député S.D.F, Jean Michel Nintcheu (le frère de Brice), d’organiser une marche pacifique non autorisée, le 23 février dernier, contre le projet du chef de l’Etat. Résultat des courses ce jour là : manifestation annulée à cause d’une forte présence des forces de l’ordre et deux morts sur le carreau.
Pour clôturer cette interview, Charles Etoundi a fait savoir au journaliste de RFI qu’il était plus confortable pour le R.D.P.C d’aller à l’Assemblée Nationale pour entériner la modification de la constitution puisque le parti au pouvoir y détenait la majorité, tout en réfutant vigoureusement les accusations selon lesquelles ils auraient peur de se soumettre à un scrutin référendaire. Puisque selon lui, « sur le terrain, le R.D.P.C est plus présent que quiconque. » Ce qu'il fallait démontrer.
Vous pouvez écouter l'interview de l'ancien Ministre ci-dessous :
