Certaines choses changent, et d’autres restent invariablement les mêmes. En rétention depuis de nombreuses années, Titus Edzoa et Thierry Michel Atangana, respectivement anciens secrétaire général à la présidence et homme d’affaires, ont été condamnés le 04 Octobre à vingt ans de prison par le Tribunal de Grande Instance de Yaoundé.
Emprisonnés depuis 1997, les deux hommes avaient purgé une peine de quinze ans de réclusion pour la seule cause qui envoie les hommes d’une certaine classe socio-politique en prison : détournements de fonds. Quasiment arrivés au bout de leur peine, ils ont reçu 5 ans supplémentaires et resteront en prison – au moins – jusqu’en 2017.
Âgé de 67 ans, Titus Edzoa aura passé quasiment un tiers de sa vie en prison tandis que Thierry Michel Atangana qui n’a que 48 ans, en aura passé près de la moitié. Dans la nouvelle affaire qui a scellé le sort des deux hommes, un juge d’instruction avait requis un non-lieu en 2008, décision suspendue car le procureur de la République avait fait appel.
Ils ont donc été reconnus coupables d’un détournement de 1.1 milliard de francs CFA et de tentative de détournement de 59.4 milliards de francs.
D’après le gouvernement qui s’est exprimé par la voix de son ministre de la communication Issa Tchiroma Bakary, la condamnation de Thierry Michel Atangana n’est liée ni de près ni de loin au gouvernement : « Cette affaire qui reste pendante devant les autorités judiciaires, relève de la compétence exclusive du pouvoir judiciaire, et se soustrait de ce fait à toute implication de l’exécutif. C’est pour cela qu’un certain nombre de précisions s’avère nécessaire pour un décryptage et non un commentaire de la décision de justice rendue par le Tribunal de grande Instance du Mfoundi, rendue le 04 octobre 2012 », a-t-il déclaré lors d’un point de presse cette semaine.
Il s’est refusé à voir une quelconque sanction liée à une affaire politique, à moins, selon lui que « sanctionner un détournement de deniers publics est une infraction à caractère politiques ».
Thierry Michel Atangana a apparu totalement abattu par la nouvelle décision, déclarant sa résignation : « Encore une fois, je subis cette terrifiante mise en scène. Je n'ai plus la force de lutter », a-t-il déclaré. Du côté de l’accusation, on a fustigé l’ingérence de la France dans cette affaire. En effet, Bruno Gain, l’ambassadeur de France au Cameroun s’est de nombreuses fois prononcé dans cette affaire, estimant que l’homme d’affaires avait payé sa dette au Cameroun et déclarant espérer qu’il soit libéré dans les plus brefs délais.
|