L’ouvrage de 336 pages, dont on annonce un deuxième volume, publié par la Société de presse et d’édition du Cameroun (SOPECAM), entreprise d’Etat également éditrice du journal gouvernemental « Cameroon Tribune », est un recueil de 169 motions de soutien, de félicitations, de remerciements et de déférence adressées au chef de l’Etat entre avril et juillet 2009.
Ces mootions viennent des associations et des personnalités s’identifiant généralement comme relevant de la mouvance présidentielle.
Dans un virulent contrepoint, le Rassemblement de la jeunesse camerounaise (RJC), qui compte 376 associations à travers le Cameroun, dénonce « ces gens en mal de positionnement qui prennent des initiatives individuelles et au nom du peuple ».
« Tout en acceptant le droit de chacun à de s’exprimer dans un contexte démocratique, et sans aucune morgue particulière vis-à-vis du président Paul Biya, la jeunesse, dans sa large majorité, désapprouve ce procédé traditionnel dans lequel des particuliers repus, embarquent un peuple sans son avis. »
Pour la RJC, la jeunesse du pays ne se sent aucunement concernée par cette initiative qui relève davantage « de l’imposture ».
Président de l’ONG Nouveaux droits de l’homme (NDH-Cameroun), Hilaire Kamga s’étrangle littéralement face au « cynisme des ces responsables du Rassemblement démocratique du peuple camerounais (RDPC, au pouvoir) et d’autres groupes affiliés, qui veulent absolument empêcher M. Biya de jouir paisiblement d’une retraite plus ou moins méritée ».
Pour le président régional pour le Littoral du comité exécutif du Front social démocratique (SDF, premier parti de l’opposition parlementaire), Jean Michel Nintcheu, ce qui choque dès le départ, c’est le fait que les concepteurs de cet ouvrage utilisent des moyens d’Etat pour une opération purement partisane.
M. Nintcheu ne comprend pas pour quelle raison la SOPECAM, imprimerie d’Etat, se croit obligée de concevoir « des poèmes suscités à la gloire d’un candidat, fut-il celui du parti politique au pouvoir ».
Tous ces arguments sont pourtant battus en brèche par le Premier ministre, Philémon Yang, qui dans son prologue affirme que « Paul Biya : l’appel du peuple » est « la preuve que nos lois garantissent la liberté d’expression, les choix démocratiques, le débat politique, les attentes populaires et le droit de choisir un candidat à l’élection présidentielle de 2011 ».
|