Paul Biya et Inoni Ephraim
Le Premier ministre a déféré à une convocation jeudi dernier
au tribunal de grande instance du Mfoundi.
Vendredi dernier, 25 juillet 2008, en présidant à Yaoundé la cérémonie d’au
revoir à l’équipe devant représenter le Cameroun aux jeux Olympiques de Beijing,
Ephraïm Inoni, le Premier ministre (Pm) camerounais, qui n’a laissé
transparaître aucune émotion de la longue soirée passée la veille, a mis fin à
une rumeur qui a commencé à circuler jeudi soir. Et qui faisait état de son
interpellation dans le cadre de l’opération Epervier, cette campagne
d’assainissement des mœurs publiques lancée en janvier 2006 par le président de
la République, Paul Biya, avec l’interpellation puis la condamnation de certains
directeurs généraux de sociétés d’Etat, coupables de détournements de deniers
publics.Selon les différents recoupements effectués tout au long du
week-end, Mutations a pu confirmer que cette rumeur n’était pas dénuée de
fondement, dans la mesure où la soirée du jeudi, 24 juillet 2008, n’a pas été
des plus sereines pour le Premier ministre camerounais.
Des sources crédibles au
tribunal de grande instance (Tgi) du Mfoundi soutiennent, en effet, que le Pm a
dû déférer, peu après 17h, à une convocation du procureur de la République près
ledit tribunal. Ladite convocation lui aurait été remise par le vice ¨Premier
ministre, garde des Sceaux, Amadou Ali, agissant sur instructions du chef de
l’Etat qui aurait conseillé au Pm de se rendre disponible pour la manifestation
de la vérité dans le cadre des enquêtes initiées depuis quelques mois.
Pour des besoins de discrétion, Ephraïm Inoni serait arrivé au palais de justice
à bord d’un véhicule banalisé de type Prado aux vitres fumées, sans garde du
corps, mais en compagnie de son chauffeur et d’un autre personnage que nos
sources présentent comme étant son directeur de cabinet, l’ancien député Paul
Njié Meoto.
Lequel collaborateur a, ensuite, quitté le palais de justice,
laissant le Pm en tête à tête avec le procureur de la République près le Tgi du
Mfoundi.
A en croire les mêmes sources, l’audition du Pm a duré plusieurs heures et s’est
achevée tard dans la nuit. Mais de quoi ont discuté les deux hommes ? En
l’absence de toute information précise sur le motif de la convocation du Pm par
le procureur près le Tgi du Mfoundi, l’on peut subodorer que l’audition de
Ephraïm Inoni jeudi soir, est en rapport avec l’affaire Albatros, du nom de
l’avion acheté au président de la République en 2004 et qui s’est avéré un
investissement foireux.
Dans cette affaire pour laquelle certains proches collaborateurs du chef de
l’Etat sont soupçonnés d’avoir bénéficié de commissions souvent importantes au
détriment de la sécurité du président de la République, le nom de l’actuel Pm a
été souvent cité, puisqu’à l’époque des faits, il occupait non seulement les
fonctions de secrétaire général adjoint n°2 à la présidence de la République,
mais était aussi le président du conseil d’administration de Asset Portfolio
Management, une sorte de société écran créée dans l’optique, entre autres
ambitions, de ravir à la défunte Cameroon airlines (Camair) l’opération d’achat
d’un avion au chef de l’Etat. Peu avant l’audition, le 25 avril dernier par la
police judiciaire de Jean Marie Atangana Mebara, ancien secrétaire général de la
présidence de la République, et de Yves Michel Fotso, ancien administrateur
directeur général de la Camair; la probabilité d’une audition de Ephraïm Inoni
avait été évoquée. Interrogée sur le sujet par des journalistes de la Bbc, le Pm
avait dit sa disponibilité à contribuer à éclairer la lanterne de la justice en
apportant son témoignage sur cette affaire, au cas ou il serait sollicité.
Des sources proches du Premier ministre, que nous avons joint
au téléphone hier, ont confirmé cette disponibilité du chef du gouvernement,
rappelant que les propos tenus par Inoni Ephraim l’avaient été "longtemps
avant le tumulte médiatico-judiciaire qui s’en est suivi". Cependant, précisent nos
sources proches du cabinet du Pm, "nous nous étonnons de la manière dont la
presse traite ce dossier, puisque c’est au moins la 7e fois qu’elle annonce
cette audition dont l’éventualité avait déjà été envisagée par le principal
concerné. On espère que cette fois, les lecteurs croiront".
En plus de présider la cérémonie de vendredi dernier au siège
du Comité national olympique et sportif à Yaoundé, le Premier ministre a été
bien visible samedi où il accompagnait le délégué du gouvernement auprès de la
communauté urbaine de Yaoundé, Gilbert Tsimi Evouna, à une espèce de tour du
propriétaire à travers les chantiers de la capitale. Volonté de banaliser les
actes posés jeudi?
Source : Mutations
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