Désolation. Une grande partie du marché central de Douala ressemble à un champ de tir au lendemain d’une guerre. Ce mercredi matin, de grosses fumées montaient encore de quelques foyers résistants aux assauts des sapeurs pompiers. Plus de cris, plus de mouvement. Le marché a été quadrillé par des centaines de policiers, gendarmes, militaires, venus prêter main forte aux sapeurs pompiers qui luttent contre les flammes depuis une dizaine d’heure. L’accès est interdit, seuls les écoliers ont le droit de le traverser pour se rendre a l’école. Une mesure pour éviter selon les autorités déployées, « le pillage des autres boutiques ». Le nettoyage a commencé. Des débris de tissus, bois, vivres, jouets, et autres sont balayés des restes des boutiques par des employés de la société Hysacam, chargée de la salubrité.
C’est vers 15h ce mardi que des flammes géantes ont commencé à s’élever dans le ciel de ce vaste marché, l’un des plus grands d'Afrique Centrale. Personne ne peut dire avec certitude d’où le feu est parti. Très vite, on a assisté a un bal de va et de vient des véhicules de sapeurs pompiers. La psychose, l’émoi, la tristesse, se sont installés: les pleurs des centaines de commerçants, assistant à la destruction de toute leur vie, des boutiques contenant de la marchandise évalués à plusieurs millions de francs Cfa, qu’ils espéraient écouler pour les fêtes de fin d’année. Quelques uns plus courageux ont tenté de sauver leurs marchandises, peine perdue. Ils sont actuellement internés dans un hôpital de la place, sous soins intensifs.
Passé émoi, on s’interroge sérieusement sur l’origine de ces flammes. Certains vendeurs penchent pour un court circuit. Ils soutiennent que « les coupures d’énergie électrique sont récurrentes dans ce marché depuis plus de deux semaines. Or il y a essentiellement des branchements pas faits par des professionnels, peu avant les flammes, l’énergie électrique venait juste d’être rétablie».
Les branchements anarchiques sont observés depuis plusieurs années dans ce marché, pomme de discorde entre la communauté urbaine de Douala et la préfecture du Littoral. L’année dernière, Fritz Ntoné Ntoné et Bernard Okalia Bilai s’étaient opposé au sujet de la gestion de ce marché, notamment au niveau du concessionnaire. De plus, le courant électrique y avait été interrompu pendant plusieurs jours a cause des factures impayés. Des sources indiquaient alors qu’El Hadj Relouanou, concessionnaire collectait de l’argent pour cela sans le reverser à AES SONEL. Récemment, on a abouti a la dissolution des comités de gestions ordonnée par le préfet, et a l’incarcération de Yaouba SIdiki, Régisseur du marché pour des malversations financières. Ce qui fait dire a Denise Fampou, maire de Douala 2, l’arrondissement dont dépend le marché central de Douala, que le problème de fond c’est que «le marché central est un tabou, c’est une organisation de mafia, les commerçants ont marre de la gestion de ce marché, du manque de confort, la saleté, la promiscuité, l’insécurité ». En début de semaine, le délégué du gouvernement est descendu dans ce marché pour déguerpir les commerçants installés sur l’emprise de la route, il s’est heurté a une vague de protestation, la police a du tirer des coups de feu pour disperser la foule en furie...
Le marché Central de Douala a été inauguré par Paul Biya alors 1er ministre, le 28 novembre 1981, avec une infirmerie, des douches sanitaires, des bureaux pour les responsables, des chambres froides. Tout cela n’existe plus aujourd’hui. Il fait face régulièrement aux incendies, même si celui de ce mardi est l’un des plus géants qu’il ait connu.
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