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Cameroun : Blanches mais fragiles
(12/03/2010)
Effet de mode ou désir de plaire, les femmes ont de plus en plus tendance à se blanchir la peau en dépit des conséquences auxquelles elles s’exposent.
Par Redaction Bonaberi.com (Paula Laswell)

Marie Eugénie est actuellement internée à l’hôpital de district du quartier Logbaba à Douala. En effet, elle a été blessée à la cuisse droite à l’issue d’un accident de moto survenu vendredi dernier au quartier Nyalla. Malgré les différents médicaments administrés par les médecins depuis près de dix jours, la plaie s’agrandit et se gangrène.

En pleurs sur son lit d’hôpital, elle caresse sa peau toute blanche. A l’aide de ses phalanges noires par endroit, elle fait des cercles autour de la lésion afin de calmer la douleur devenue insupportable. Il est environ 10 heures ce lundi matin lorsque son médecin fait son entrée. La jeune fille après s’être débarrassée de ses chaussettes qui couvrent ses orteils parsemés de traits blancs et noirs, essaie de s’asseoir. Les yeux grands ouverts, elle pousse des soupirs. Le médecin d’un air désolé annonce à la patiente qu’elle est condamnée avec cette plaie. A cause de la dépigmentation, sa peau ne peut plus supporter de traitement quelconque.

Aujourd’hui, en ville comme au village au Cameroun, les femmes noires de toutes classes sociales, obnubilées par leur apparence, s’éclaircissent la peau par l’application quotidienne de produits cosmétiques étrangers achetés dans les boutiques de luxe et ou sur le trottoir. Le but : obtenir une couleur dorée qu’elles considèrent comme la couleur universelle. Cette course effrénée à la beauté comporte pourtant des risques pour la santé. Les produits utilisés ont la propriété de stopper la fabrication de la mélanine ; responsable de la pigmentation foncée, celle-ci la protège contre les agressions externes surtout contre les rayons solaires.

Ces produits détruisent le derme et l’épiderme de la peau censés les la protéger contre toutes les infections et rendent leur peau la rendant fragile et délicate. «Dès que vous vous décapez, les pores s’ouvrent et la peau devient de fait beaucoup plus frêle. Elle ne peut plus supporter une quelconque intervention chirurgicale ou même une piqûre d’aiguille», explique le dermatologue Nicaise Noulamo. Certaines femmes ne sachant pas lire les modes d’emploi des cosmétiques se contentent de suivre les conseils de vendeurs qui n’en savent pas forcément beaucoup plus. Selon un expert qui tient à garder l’anonymat, certains produits actuellement sur le marché peuvent générer des allergies ou des cancers de la peau.


L’envie d’être belle et de plaire à son conjoint où plus généralement à la société explique cet engouement. «Généralement, les femmes souhaitent éliminer la marque d’un bouton ou unifier leur teint. Elles achètent des crèmes, gels, savons qui les introduisent dans le cycle infernal du blanchiment », confie une esthéticienne, non sans cacher son aversion pour le décapage.

Une fois décolorées, elles sont malheureusement condamnées à continuer l’application de ces produits pour conserver leur nouveau teint. «S’il arrive que l’on arrête le maquillage, la peau sera blanche et noire par endroits. Elle peut même devenir sèche et lâche en quelques jours», affirme le dermatologue. Celles qui ont peu de moyens fabriquent de dangereuses mixtures avec les moyens de bord. Eau de javel, glycérine, savon aux sels de mercures sont mélangés aux laits de toilettes. Les personnes aisées s’administrent des produits par injections. «C’est pour éviter d’avoir les tâches noires », disent- elles.

Ces crèmes de beauté pour le blanchiment contiennent entre autres des corticoïdes, mercuriels, phénoliques ou de l’hydroquinone. Tous ces produits, certifie le dermatologue, en plus de leur toxicité, provoquent d’autres dégâts. Ainsi, les personnes décapées s’exposent au diabète, à l’insuffisance rénale, à l’acné, aux troubles de la pigmentation, aux vergetures…

Autre produit très prisé par ces personnes, la cortisone. Très efficace en matière de blanchiment, elle empêche malheureusement la cicatrisation et favorise les infections. «Les personnes décapées ne doivent en aucun cas se blesser », prévient un médecin généraliste avant de confier qu’une patiente est actuellement contrainte de se laver à l’eau tiède pour éviter une infection son corps étant recouvert de petites plaies.

Par ailleurs, en cas d’intervention chirurgicale la peau ne se referme plus. Conscientes de cette situation désagréable, les femmes enceintes pratiquant la dépigmentation, évitent de décolorer leur ventre. Un accouchement par césarienne pourrait leur être fatal.

Voir aussi :

Encore plus de cosmétiques
La femme noire face à sa couleur



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