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Cameroun : Aux origines de la célèbre musique Ami oh, et d'Ebanda Manfred, son créateur
(21/10/2009)
Ami oh est sans doute la plus célèbre des musiques camerounaises pour avoir été reprises plusieurs fois à travers le monde. Mais son créateur Ebanda Manfred est moins connu.
Par Nkwayep Mbouguen
Ebanda Manfred
Ebanda Manfred

A travers le monde, le tube "Comme d'habitude" est très connu, particulièrement pour avoir été repris à toutes les sauces et cultures, en diverses langues pour un total dépassant les 1000 versions. On connaît notamment le "My way" de Franck Sinatra, et d'autres grands noms de la musique comme Michel Sardou, Florent Pagny, Faudel ou Il divo qui ont repris cette chanson incontournable.

Au Cameroun, il existe une chanson similaire à "Comme d'habitude", qui a depuis plusieurs dizaines d'années fait le tour de l'Afrique, dépassant parfois ses frontières : le célèbre "Ami oh". Reprise plusieurs fois depuis des décennies, dont par African Connection aux débuts du Coupé Décalé - avec notamment Jacob Devarieux -, Ami oh fait partie des incontournables de la musique africaine. Si les croyances populaires attribuent à Bebe Manga la parenté de cette célèbre chanson, la vérité est qu'il faut en fait remonter plus loin dans le temps pour trouver la naissance de cette musique.

En effet, Ami oh, ou Amiyo, ou Amié n'a pas été composée dans les années 80 par Bebe Manga, mais 20 ans plus tôt par un nom que seul les initiés de la musique camerounaise connaissent : Ebanda Manfred.

En effet, Ebanda Manfred qui fait partie qui fait partie des pionniers de la musique camerounaise, est né le 02 Décembre 1935. En 1962, il compose en 1962 le titre "Amié" alors qu'il fait partie avec Nelle Eyoum du groupe Ryhmic Band qu'il a intégré un an plus tôt. Si aujourd'hui cette chanson est connue sous le titre "amie oh", son titre original Amié est à la base le prénom d'une fille dont il est amoureux : Amié Essomba Brigitte, et la chanson est en fait une complainte d'un amoureux transi qui n'arrive pas à toucher le coeur de l'être aimé : "Amié, njika bunya so mo, oa mo o ma dubè no, na mba na tondi oa?" qui signifie en Français :"Amié, quand croiras-tu enfin en mon amour?".

En effet, selon certaines sources, alors qu'il avait déclaré sa flamme à l'élue de son coeur, celle-ci qui était enceinte l'avait alors repoussé, voulant attendre d'avoir sevré son enfant avant de le fréquenter. Si cette thèse était vraie, alors Amié Essomba a alors involontairement été la muse d'une des plus célèbres chansons africaines.




Ebanda Manfred et Villa Vienne, couple et duo musical
Ebanda Manfred et Villa Vienne, couple et duo musical

Quelques années plus tard, c'est au tour de Paul Ebeny d'enregistrer une reprise d'Amié. Quand il se rend à la Sacem. Heureusement, Ebanda Manfred a déjà déposé la chanson et Paul Ebeny est obligé d'inscrire son nom comme auteur / compositeur et de lui verser des royalties. Mais c'est en 1980 que cette chanson connaîtra un essor mondial : Bebe Manga sort une reprise dont le succès la fera remporter le "Maracas d'or" de la Sacem. C'est cette version de la musique qui reste la plus connue aujourd'hui.

Le succès aidant, de nombreux grands noms de la musique reprennent le titre qui est devenu Amio : Manu Dibango, Monique Seka, Papa Wemba, Henri Salvador, ou encore l'Antillais André Astasié qui l'appelle alors "pension alimentaire". Plus tard, les Bisso na Bisso,  Nayanka Bell et beaucoup d'autres encore reprennent un titre dont la portée est désormais mondiale. De ce succès, quel est le profit de l'auteur ? Assez faible : "Je sais que la chanson “Amié” a été reprise plus de 20 fois mais, de tous les chanteurs qui l’ont interprétée, je n’en connais qu’une dizaine. A l’exception d’un Américain dont je ne me rappelle plus le nom qui a contacté mon avocat en 1984 et a versé 5 millions de f cfa - moi je n’ai eu droit qu’à 2 millions de f cfa de cette somme - pour reprendre “Amié”, aucun des autres chanteurs n’est entré en contact avec moi. Mais leurs adaptations d’“Amié” ont généré des droits qui m’ont été versés. Amié m’a rapporté jusqu’ici, 15 millions f cfa au minimum, rien que pour les reprises, et j’attends toujours de l’argent qu’elle génère. En droits radio je n’ai presque rien eu de ce titre. Tout ce que j’ai gagné sur “Amié” vient donc des interprétations. J’aurais pu gagner le double de cette somme si mes avocats et autres mandataires ne m’avaient truandé pendant la répartition de l’argent".

Entre temps, Ebanda Manfred a rencontré une autre femme, qui aura elle aussi toute son importance dans sa carrière musicale : Villa Vienne qu'il a épousée. Et s'ils ont divorcé en 1978, elle est restée sa compagne musicale, et ils ont formé jusque dans les années 90 un duo novateur dans le monde du makossa avec plusieurs albums au top, reprenant d'ailleurs... Amio, la version originale d'Ebanda Manfred n'ayant été enregistrée que pour la radio.

A leur actif, on comptera une dizaine d'albums, à l'époque des 45 tours et des 33 tours, dont le dernier en 1989, "Lolo". 30 ans d'une carrière bien remplie des années 70 à la fin des années 80, le duo "divorçant" définitivement en 1989. De confession de Villa Vienne, la musique n'était pour eux qu'un passe-temps, qu'une façon d'exprimer l'amour, thème privilégié de leurs chansons : en effet, elle travaillait au Crédit Lyonnais tandis qu'Ebanda Manfred était agent comptable de l'OAPI (Organisme Africain de la Propriété Intellectuelle).

En 2003, le 03 Septembre, Ebanda Dooh Manfred s'éteindra à Bonabéri, à l'hopitâl Cebec après des douleurs gastriques. Il sera inhumé le 13 Septembre à son domicile de Bojongo. Villa Vienne, sa compagne de toujours confiera au Messager sa douleur et sa difficulté de vivre sans celui qu'elle a toujours considérée comme son âme soeur. Elle s'éteindra deux ans plus tard, en 2005, encore plus discrètement que son ancien mari.

Ebanda Manfred, avec Nelle Eyoum, Francis Bebey et beaucoup d'autres, fait partie de ceux qui ont contribué à façonner le paysage musical camerounais avec une contribution hors du commun. Au delà d'"Ami oh", qui a franchi les frontières camerounaises, Ebanda Manfred a aussi propulsé de nombreux musiciens, dont un certain Ekambi Brillant qui l'a toujours considéré comme son père.

Sources :
Afrikara : Ebanda Manfred, inventeur du classique africain universel, “Amio“, s’éteint dans l’anonymat
Le Messager : Villa Vienne, ma vie sans Ebanda Manfred, de Vincent Mboua
Le Messager : Ebanda Manfred, l'artiste aux chansons immortelles, de Danielle L. Nomba
Le Messager : Musique : le morceau de Makossa le plus popularisé
Le Messager : A Ebanda Manfred, l'adieu de ses pairs
Cameroon Tribune : Le créateur d’Amio a été conduit à sa dernière demeure samedi dernier à Bodjongo, de Benjamin Lissom Lissom




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