L'ancien ministre des sports, Augustin Edjoa, est dans les filets de l'épervier pour la gestion des fonds alloués aux compétitions internationales.
Depuis le 12 octobre dernier, ou peu avant, il est difficile de joindre au téléphone certains agents du Contrôle supérieur de l’Etat ou de les retrouver dans leurs bureaux, sis près l’hôtel les Boukarous, au centre-ville de Yaoundé. « Ils sont en mission », laisse-t-on dire dans ces bâtiments en chantier. Certains agents de ce département effectuent en effet des audits, depuis quelque temps, dans certains ministères. Pour le cas du ministère des Sports et de l’Education physique (Minsep), ils ont juste eu à traverser la route pour s’installer dans les bureaux Vip du Palais polyvalent des sports. Là, les cinq membres de la commission d’audit, dont deux hommes, auditionnent les différents responsables concernés par la gestion des fonds.
Selon un responsable du Minsep qui a déjà été entendu par les commissionnaires et qui a requis l’anonymat, « la procédure a été très stressante ». En effet, il s’agit d’identifier le responsable concerné, de lui signifier le motif de sa convocation, notamment l’opération dans laquelle il a été impliqué, tout en apportant les justificatifs. « Les entretiens avaient pour but de s’informer, mais aussi de nous expliquer comment gérer la fortune publique », a confié ce responsable qui semble avoir perdu le sommeil depuis son audition.
Au Minsep, c’est depuis lors le branle-bas. Chaque responsable rassemble factures et autres justificatifs, en prélude à son passage devant la commission, qui, de sources bien informées, auditionne pour le compte des exercices budgétaires 2008 et 2009. Les services visés étant ceux ayant un lien avec l’organisation des compétitions internationales.
Financement
Il s’agit, entre autres, de la direction du développement des sports de haut niveau, à la tête de laquelle se trouve Cécile Betala Ngambi ; de la cellule de communication animée par Linus Pascal Fouda ; de la direction administrative dirigée par André Nguidjol Nlend ainsi que des régisseurs, qui jusqu’ici étaient des cadres du Minsep. Il s’agit, selon des sources dignes de foi, d’Eric Binfon et M. Mvogo Eloundou.
Quant aux activités pour lesquelles les fonds de l’Etat ont été mobilisés et dont les commissionnaires du Contrôle supérieur de l’Etat aimeraient retrouver la traçabilité, il s’agit du Tour cycliste du Cameroun, du Grand prix Chantal Biya (cyclisme), de l’ascension du Mont Cameroun, des Jeux olympiques, d’un combat de boxe d’Issa Hamza, des Coupes d’Afrique des nations, toutes catégories et disciplines confondues, des championnats d’Afrique auxquels prennent régulièrement part les clubs camerounais, de la production de plaquettes (magazines d’information trimestriels du ministère), de l’arrivée solennelle de l’entraîneur national des Lions indomptables de football, Paul Le Guen, bref, « toutes les activités où l’Etat a mis son argent », a-t-on expliqué au Palais polyvalent des sports.
« C’est une routine », a laissé entendre un responsable du Minsep. Pour un autre gestionnaire, par contre, ces auditions seraient motivées par deux raisons. La première émane du fait que les régisseurs ont disparu et que le Minsep gère directement les problèmes des fédérations, à l’instar des championnats d’Afrique de handball qui s’achèvent aujourd’hui à Yaoundé.
Or, auparavant, les régisseurs (cadres du Minsep) tenaient les cordons de la bourse, et donc géraient les budgets que le ministère avait attribués à une fédération ou à un club et qui se retrouvaient dans les différentes délégations. Ils se plaindraient alors du fait qu’on leur ait retiré ces avantages. La deuxième raison est la pratique, devenue récurrente, dans le contrôle de la fortune publique. Le Contrôle supérieur de l’Etat procède à l’audit des structures publiques et parapubliques et rend son rapport. Les dernières conséquences de ces rapports étant la découverte des prévaricateurs de la fortune publique, dont les procès ont commencé pour certains.
Source: Quotidien Mutations
|