Le lieutenant Luc Emane
Hier à 11h, la prison centrale de Yaoundé, située au quartier Kondengui, a
accueilli un nouveau prisonnier célèbre. Il s'agit du désormais ancien
lieutenant Luc Emane, alors en poste à la Direction de la sécurité
présidentielle (Dsp), et présenté comme l'auteur du vol de la mallette de
souveraineté du président de la République, au cours d'un voyage en Suisse au
mois de septembre 2008. Selon divers recoupements effectués hier soir, Mutations
a appris de très bonnes sources que cet ancien officier de la Dsp, qui a
finalement été révoqué des armées par décret présidentiel du 1er décembre 2008,
a été aussitôt interné à l'infirmerie de la prison centrale de Kondengui, à
cause de son mauvais état de santé.
Selon certaines sources dans l'armée, le principal accusé dans l'affaire du vol
de la mallette du chef de l'Etat, qui est parti hier matin de sa cellule du
secrétariat d'Etat à la défense (Sed) où il a été transféré en décembre dernier
après une tentative de suicide dans sa cellule de la prison militaire de Yaoundé
; a d'ailleurs procédé hier matin au retrait de certains examens médicaux au
Centre Pasteur de la capitale. Avant d'être transféré à la prison de Kondengui.
Révoqué pour "faute grave et faute contre l'honneur dans l'exercice de ses
fonctions" le 1er décembre 2008, Luc Emane avait été reconduit à Yaoundé manu
militari le 19 septembre 2008 bien escorté par ses collègues de la Dsp avec
lesquels il faisait partie, quelques jours auparavant, du voyage du président de
la République pour l'assemblée général des Nations Unies à New-York. Sommet
après lequel le président Biya avait décidé de prendre une pause à
l'Intercontinental de Genève, un hôtel suisse dans lequel il a ses habitudes.
C'est dans cet hôtel que sera constatée le 18 septembre la disparition de la
mallette de souveraineté du chef de l'Etat. Les premiers indices observés
surplace par les membres de la sécurité du président de la République, aidés en
cela par le service de sécurité de l'hôtel, vont conduire à une fouille de la
chambre du lieutenant Emane chez qui la mallette sera finalement retrouvée.
Après son renvoie précipité au Cameroun, Luc Emane sera gardé dans une cellule
au palais, où il sera abondamment interrogé sur les motivations de son acte.
Puis finalement écroué à la prison militaire de Yaoundé. Le 06 novembre 2008,
une note d'affectation signé du ministre délégué à la présidence de la
République chargé de la Défense (Mindef), Rémy Ze Meka, mettait le lieutenant
Luc Emane à la disposition du commandant du troisième secteur militaire de l'Est
à Bertoua.
Sans indiquer dans quelle unité spécifique est affecté cet officier parmi les
anciens de la garde rapprochée du président de la République, le texte du Mindef
correspondait, à en croire des sources, à l'élargissement de M. Emane. Contre
toute attente cependant, le 14 novembre 2008, soit huit jours après son
affectation à l'Est, Luc Emane passait devant le Conseil de discipline dont les
conclusions ont abouti à la décision signée par le chef de l'Etat le 1er
décembre 2008. Après une tentative de suicide révélée par la presse quelques
jours plus tard, Luc Emaner sera transféré au Sed. D'où il est parti hier pour
la prison centrale de Kondengui. Avant le début de ses déboires le 18 septembre
dernier, Luc Emane était plutôt présenté comme un collaborateur très proche du
chef de l'Etat.
Source :
Mutations
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