Jean-Yves Morio, fondateur de Morio Consulting
Bonjour M. Morio, vous êtes le fondateur de MORIO CONSULTING, société de droit camerounais spécialisée dans le conseil et la formation et dont l’objectif principal affiché est de « former des professionnels capables de répondre aux exigences et aux contraintes de leur secteur ». Pouvez-vous nous expliquer la genèse de votre entreprise et les motivations qui ont justifié, selon vous, sa mise en place dans le contexte camerounais ?
Morio consulting nait de deux constats : le premier est que le succès des institutions quelle que soit leur taille dépend dans le monde actuel de la qualité de leurs ressources humaines car l’intelligence est la ressource première du post-modernisme économique. Le second réside en ce truisme néanmoins persistant qui est de déclarer le continent africain déficitaire du point de vue de la qualité de ces mêmes ressources humaines, ressources qui pour certains suffisent à expliquer le peu de rentabilité des politiques de développement et des investissements publics comme privés.
Pensez-vous que l’offre de formation des professionnels au Cameroun est inefficiente et que les cadres et non cadres camerounais doivent mettre à jour leurs connaissances plus souvent que leurs homologues d’autres pays, notamment des autres pays africains et des occidentaux ?
Le principal problème que l’on peut relever au Cameroun du point de vue de la formation professionnelle semble être celui de l’inadéquation entre les besoins réels immédiats des entreprises et l’offre en ressources humaines disponible dans ses composantes qualitatives et quantitatives. Ce n’est pas qu’il n’y ait pas de cadres et non cadres compétents au Cameroun, le problème se pose quant à leur nombre par rapport à une économie qui se veut en pleine expansion.
C’est pourquoi Morio consulting propose, dans un espace temps relativement court, des formations axées en priorité sur la pratique afin de fournir aux institutions et entreprises camerounaises des produits performants, faciles à intégrer dans leurs organigrammes, et par conséquent rapidement rentables ceci avec le souci de combler le gap entre la formation et l’emploi.
Quant à ce qui est de savoir si le Cameroun est plus mal loti que ses homologues africains et européens, je dois dire que même si c’est à des échelles différentes, le problème de disposer d’une ressource humaine performante et rapidement rentable est le casse-tête de tous les managers du monde. Ce qui du point de l’extension nous ouvre de belles perspectives.
Vous êtes ce qu’on peut considérer comme un « jeune de la diaspora » et vous avez décidé de vous lancer dans une aventure entrepreneuriale qui a aussi une dimension importante dans la contribution au développement de notre pays. N’avez-vous pas peur des difficultés habituelles que l’on rencontre souvent au Cameroun lorsqu’on entame ce genre de projets, notamment en ce qui concerne la volonté du statu-quo au niveau administratif et le dédain parfois observé par certains compatriotes qui ne comprennent pas toujours les enjeux du projet ? Comment surmontez-vous ces contraintes ?
Votre constat a du sens mais ce n’est pas une raison suffisante pour stopper un projet comme Morio consulting. Nous croyons aux potentialités de notre pays et estimons qu’il y a des choses intéressantes qu’on peut y réaliser.
Qu’est ce qui vous rend légitime d’un point de vue professionnel, en tant que Directeur Général de MORIO CONSULTING, pour proposer des formations aux camerounais, surtout ceux qui ont déjà une certaine expérience dans leur secteur d’activité ?
En tant que natif de ce pays, j’estime avoir une responsabilité dans le grand combat pour le développement que mènent le peuple et les autorités camerounaises. Tous les jeunes camerounais devraient se sentir solidaires de cette cause nationale, ils devraient en outre œuvrer chacun du mieux qu’ils peuvent dans cet effort. C’est cette responsabilité qui donne à tout jeune camerounais la légitimité d’entreprendre.
Du point de vue professionnel, j’ai été cadre Financier pendant dix ans en France dans des multinationales telles que le Crédit Agricole, la Société générale, Honeywell (ex bull), Grant-Thornton (5ème cabinet d’Audit Mondial). Durant ces expériences, j’ai occupé divers postes d’encadrement, formé des collaborateurs, participé à des projets d’envergure, connu des cultures d’entreprise différentes. Et aujourd’hui je souhaite mettre mes compétences et ces diverses expériences au service des Camerounais.
En ce qui concerne la qualité des formations que vous dispensez, qu’est ce qui vous différencie l’offre de MORIO CONSULTING de celle que l’on peut trouver sur place ou à l’étranger ? En gros, pour quelle raison le cadre ou la société lambda enverrait ses collaborateurs se former chez vous plutôt qu’ailleurs ?
Ce qui nous distingue de nos concurrents est la qualité de la pédagogie, car le schéma habituel consiste à voir le formateur comme celui qui sait et qui va expliquer, apprendre, transmettre du savoir à celui qui ne sait pas. À Morio Consulting, on partira au contraire de l’idée que c’est le stagiaire qui apprend, qui sait, qui se forme. L’apprentissage vient donc de lui et c’est par la modification de ses schémas - mentaux, comportementaux, opérationnels… - qu’il réussira sa formation. Chez Morio Consulting une session de formation englobe :
- Mise en situation tout au long de la formation
- Etudes de cas
- Jeux de rôle
- Echanges d’expérience entre les stagiaires.
- Guide d'animation
- Déroulé pédagogique
Vous allez retourner définitivement au Cameroun pour superviser l’évolution de votre société et vous abandonnez donc d’une certaine manière votre activité professionnelle en France. Que se passera-t-il pour vous d’un point de vue personnel si votre projet ne rencontre pas l’assentiment des sociétés et des cadres locaux ?
J’ai d’autres projets en réserve pour mon pays, Morio Consulting n’est que le pied de l’Iceberg.
Pour le lancement des premières formations, prévu en Janvier 2011, MORIO CONSULTING propose pour le moment des formations sur 6 métiers bien identifiés : chef de publicité, développeur logiciel, concepteur et développeur informatique, technicien en comptabilité et gestion automatisée, chef de projet en marketing et conception de site, assistante de direction. Pourquoi avoir choisi spécifiquement ces métiers et ont-ils été identifiés comme des métiers dont les besoins en formation sont probants dans l’environnement économique camerounais ?
Ces métiers sont le résultat d’un enquête effectuée auprès d’une centaine d’entreprises camerounaises.
Comment les entreprises locales et les pouvoirs publics ont-ils accueilli l’idée de votre projet ?
Très favorablement je dois dire, j’ai été plébiscité par plusieurs chefs d’entreprise et des représentants du gouvernement.
Comptez-vous développer l’offre de formation de MORIO CONSULTING vers d’autres métiers ? Si oui, lesquels particulièrement et pourquoi ?
Tous les métiers liés aux grands projets d’infrastructures du Cameroun (Port autonome de Kribi, les barrages de Lom Panga, Memve’ele, le chantiel Naval de Limbé etc…) car il existe une pénurie de main d’œuvre assez importante dans ces domaines.
Pour finir, un dernier mot pour nos internautes et les Camerounais en général…
Je tiens à remercier l’équipe de Bonabéri pour m’avoir offert cette tribune. Je lance un appel aux jeunes de la diaspora à investir et à faire bénéficier leurs connaissances, leurs savoirs faire au pays. Créons des synergies et des réseaux afin de contribuer au développement de notre chère patrie !
Pour plus d'informations sur Morio Consulting : www.morio-consulting.net
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