Black Birafe
Yves Saint Laurent a-t-il eu une influence sur vos créations ?
Au delà du soutien qu’il a apporté à certains créateurs, il en a aussi inspiré quelques uns.
Notamment le regretté Christ Seydou et moi. En effet, c’est grâce à Yves Saint Laurent que je me suis spécialisée dans la couture des tailleurs et des menteaux. Après ma formation à l’Ecole supérieure des arts et techniques de la mode de Paris, la première école de mode fondée en France, en 1841, par Alexis Lavigne. Ce n’était pas tant ses modèles que j’appréciais, mais ses finitions et l’idéologie que diffusaient ses créations. J’ai été choquée par l’annonce du décès d’Yves Saint Laurent. Il était pour moi un maître, une icône, un mythe. Après avoir fait ses adieux à la couture en 2002, après 40 ans de succès, il avait toujours son mot à dire sur les collections, sur la mode en général.
Quel rapport entreteniez-vous avec ce couturier français ?
J’ai connu Yves Saint Laurent comme créateur de mode. Je n’ai jamais eu l’occasion de le rencontrer personnellement. Par contre, je l’ai souvent vu dans des défilés de mode. Et je garde de lui l’image d’un homme ingénieux. Il était toujours en avant-garde. A ce sujet, il a popularisé la saharienne, le tailleur-pantalon, le caban, la robe de mousseline transparente et surtout sa pièce maîtresse, le smoking pour femmes. Ses créations ont contribué à émanciper la femme, qui, dans les années 1960, ne pouvait pas porter de pantalon pour aller travailler par exemple.
Qu’a-t-il apporté à l’Afrique où il est né ?
Le fait pour ce défunt couturier de s’inspirer de l’Afrique dans certaines de ses collections est un pont qu’il a jeté au continent. Yves Saint Laurent voulait montrer aux créateurs africains qu’avec nos matériaux on peut faire de bonnes choses. C’est également lui, qui, le premier a fait confiance aux mannequins noires. La défunte Katoucha a été pendant longtemps l’égérie de la maison Yves Saint-Laurent.
Comme vous, certains créateurs africains jouissent déjà d’une bonne notoriété dans le milieu de la mode.
Estimez-vous un jour avoir la notoriété d’Yves Saint Laurent ?
Ce n’est pas le talent qui nous manque. Nous n’avons seulement pas les moyens financiers pour produire à grande échelle. Nous n’avons également pas la grande machine de guerre qu’on les Occidentaux pour s’imposer dans les milieux de la mode. C’est pourquoi les Africains doivent d’abord nous faire confiance en portant nos tenues. Les mécènes peuvent également nous aider en investissant dans la mode en Afrique
Source: Le Jour Quotidien
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