Sont concernés par la mesure, qui restreint désormais considérablement le champ d`autorisation du port d`arme dans la police, les inspecteurs et les gardiens de la paix, formés au Centre d`instruction et d`application (Ciap) de Mutengene dans la province du Sud-Ouest.
Toutefois, laissent entendre des sources dignes de foi, des dérogations sont prévues pour des opérations spécifiques jugées à haut risque. La mesure d`interdiction n`est donc pas absolue. Elle s`adaptera aux exigences dictées par les situations de terrain : "la mission ponctuelle", notamment, confie une source policière. Mission au terme de laquelle les armes seront restituées.
Le document est frappé du sceau de la confidentialité, pour des besoins de stratégie dans un environnement d`insécurité généralisée, affirme-t-on à la Dgsn. Pour cette raison, la date de signature ainsi que les termes exactes du document restent inconnus. Le secret qui entoure la décision est tel que des messages portés ont été adressés à la hiérarchie intermédiaire de la police dans le but d`élargir son champ de diffusion. "Le message a circulé pendant quelques jours dans nos services", affirme un policier.
La décision d`interdiction du port d`arme permanent à certains policiers n`est pas une nouveauté. Le prédécesseur de Edgar Alain Mebé Ngo, l`ex-Dgsn, Pierre Minlo`o Medjo, avait déjà pris une mesure allant dans le même sens et qui manifestement, était peu appliquée. Elle revêt une importance toute particulière. Dans un contexte où les bavures policières se multiplient et mettent en lumière "des fautes professionnelles graves". Une expression convenue pour désigner l`implication de fonctionnaires de police dans les opérations des malfaiteurs. Et au moment où des voix continuent de s`élever pour dénoncer la faillite du système de recrutement et de formation des forces de l`ordre, avec ce que d`aucuns ont appelés "le manque de professionnalisme de certains policiers" issus des dernières promotions.
Bavures
Le 9 avril 2005, quatre gardiens de la paix (Jean Atangana Mle 595767 V, Benoit Ossobo 597060 I, Serge Denis Ndongo 598887 S et Serge Héméry Nsili 598782 M) tous issus de la promotion 2000 (baptisée Espoir) du Ciap, en service au Groupement mobile d`intervention (Gmi) n°1 à Yaoundé, étaient impliqués dans le meurtre par balle d`un élève du lycée français Fustel de Coulanges. Une semaine plus tard, jour pour jour, le 16 avril 2005, Hervé Toudou Ndjomo, gardien de la paix de la promotion 2000 du Ciap en service au Gmi n°2 de Douala et en cours d`affectation à la division provinciale des renseignements généraux pour le Littoral, abattait froidement, d’une balle dans la tête, son collègue de service, le gardien de la paix Claude Obam, avant de tenter de déguiser le crime en suicide.
"La réputation des dernières cuvées de gardiens de la paix et d`inspecteurs de police est entachée de clichés peu favorables", reconnaît un cadre de la police. Ceux-ci n`ont en effet pas tiré avantage du prestige reconnu à une certaine époque, aux produits du Ciap. Depuis quelques années, on parle de concours d`entrée peu sélectifs et de formation accélérée pour des effectifs jugés pléthoriques. Plus grave, l`enquête de moralité effectuée à la sortie de l`école, en principe pour s`assurer des valeurs morales du policier, semble devenir une simple formalité.
En son temps, devant les accusations et les révélations des médias sur les scandales autour du recrutement dans la police, Pierre Minlo`o Medjo avait mis en place une commission chargée d`évaluer le Ciap de Mutengene. Des investigations de cette commission, il ressortait que l`entrée au Ciap n`obéissait pas toujours au critère de mérite et était quelquefois le fait de passe-droits, de recommandations... De sources policières, le retrait du port d`arme serait la première mesure d`une série qui se poursuivra avec le recyclage des policiers. Les mêmes sources laissent entendre que les enquêtes de moralité pourraient être refaites.
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