Il inaugurait ainsi du même coup une nouvelle forme de gestion des sociétés d’Etat engagées dans la voie de la privatisation. Il entendait ainsi créer les conditions, à court terme, pour rendre cette entreprise viable en vue d’une cession aux repreneurs privés. Initialement prévue pour six mois renouvelables une fois, l’administration provisoire, face à la réalité du terrain, a été prorogée. Histoire sans doute de mettre fin à l’incertitude qui planait, sur les relations d’affaires entre cette compagnie et ses différents partenaires comme l’ont soutenu à l’époque les spécialistes de la gestion d’entreprise ! Sans doute. Mais selon les observateurs avertis du processus de privatisation, cette prorogation était liée à la complexité de ce dossier qu’il fallait mieux apprêter pour ne pas avoir à se retrouver dans une situation similaire à celle de la mise en concession de la Sonel qui semble, d’évidence, avoir créé plus de problèmes qu’elle n’en a résolus. Le gouvernement ne confirme-t-il pas cette dernière thèse en engageant depuis quelque temps le processus qui devra déboucher sur la révision de la convention de concession Etat/Aes-Corp ? Voire.
Quelle que soit en tout cas la raison, la mise en place de l’Administration provisoire, malgré le véto des bailleurs sur la poursuite des investissements publics lourds, même de maintenance des infrastructures des sociétés à privatiser, a permis à la Snec de se remettre sur la voie d’une entreprise normale. Les finances de l’entreprise ont été remises en ordre; celle du personnel également, malgré la généralisation des Cdd (contrats à durée déterminée) chez les personnels intermédiaires ; les infrastructures de production à l’abandon sont progressivement réhabilitées ; l’offre en eau est de fait plus importante malgré le gap important entre les capacités de production et la demande ; etc. Les responsables en charge de l’Administration provisoire semblent ainsi engagés à préparer le terrain pour que de potentiels repreneurs n’esquivent plus la destination Snec. N’est-ce pas en fait là l’objectif premier de la mise en place de l’Administration provisoire ? Il reste que l’autre objectif, – poursuite du service public de l’eau –, malgré la remise en l’état des infrastructures de production (réhabilitation des forages et autres usines de traitement ainsi que les station de pompages, etc. ) reste insuffisant. Les responsables de la Snec ont l’excuse du gel des investissements publics lourds dans le domaine des adductions d’eau. Ces derniers 24 mois, le secteur de l’eau a survécu sur des investissements minimum. Ce qui ne permet pas de donner de l’eau potable à tout le monde.
Parce que la privatisation est censée ouvrir la voie à des opérateurs privés capables d’apporter les investissements que l’Etat ne se permet plus, on peut croiser les doigts afin que l’échéance indiquée en février dernier par le ministre de l’économie et des finances soit tenue. Mais une question demeure. Le gouvernement a-t-il tiré les leçons de l’échec du processus initial ? Car au-delà de la volte-face de Ondéo Services, l’ex-adjudicataire provisoire, lors des négociations en vue de la convention de concession, le problème de fond semble être celui de convaincre les investisseurs que ce secteur est rentable. En tout cas l’eau a généralement été subventionnée, qui plus est dans un pays dont l’écrasante majorité des populations vit en dessous du seuil de la pauvreté. Alors.
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